La Saga de Njal | Page 5

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(fin du chapitre 99). Or la fin du chapitre 99 et le commencement du chapitre 106 se rattachent immédiatement l'un à l'autre, comme le prouve d'ailleurs tout l'ensemble du récit. On doit donc admettre ou bien que ce morceau sur l'introduction du christianisme n'est pas à sa place, ou bien qu'il a été ajouté par un écrivain plus récent. Le récit reprend ensuite sa marche jusqu'à la mort de Njal, en l'an 1011 (chapitre 129). Le combat à l'Alting tombe dans l'année suivante 1012 (chapitre 145). Flosi et Kari partirent pour l'étranger en 1013 (chapitres 153-154); la bataille de Brjan eut lieu en 1014 (chapitre 157) et Flosi et Kari se rencontrèrent en Islande en 1017 (chapitre dernier). Telle est la chronologie que les interprètes ont adoptée et que je reproduis ici, parce qu'elle fera suivre en quelque sorte aux lecteurs le cours des événements, quoique sans doute on puisse y faire quelques objections de détail. Elle est d'ailleurs confirmée par cette circonstance que d'autres documents historiques donnent pour la bataille de Brjan ou la grande bataille de Clontarf la même date, de l'an 1014.
* * * * *

I
Il y avait un homme qui s'appelait M?rd: on l'avait surnommé Gigja. Il était fils de Sighvat le rouge. Il habitait à V?ll, dans la plaine de la Ranga. C'était un chef puissant, et un grand homme de loi. Il savait si bien la loi que personne n'e?t tenu pour bon un jugement rendu sans lui. Il avait une fille nommée Unn. Elle était belle, accorte et sage; elle passait pour le meilleur parti de la Ranga.
Et maintenant la saga nous mène à l'ouest, dans les vallées du Breidafjord. Il y avait là un homme nommé H?skuld, fils de Dalakol. Sa mère s'appelait Thorgerd, et était fille de Thorstein le rouge, fils d'Olaf le blanc, fils d'Ingjald, fils d'Helgi. La mère d'Ingjald était Thora, fille de Sigurd aux yeux de serpent, fils de Ragnar Lodbrok. La mère de Thorstein le rouge était Udr la riche, fille de Ketil Flatnef, fils de Bj?rn Buna, fils de Grim, seigneur de Sogn.
H?skuld demeurait à H?skuldstad, dans la vallée de la Saxa. Son frère s'appelait Hrut. Il demeurait à Hrutstad. Il était de la même mère que H?skuld. Son père était Herjolf. Hrut était beau, grand et fort, brave, et d'humeur douce. C'était le plus sage des hommes, secourable à ses amis et bon conseiller dans les affaires d'importance.
Il arriva une fois qu'H?skuld donna un festin. Son frère Hrut était là, assis à c?té de lui. H?skuld avait une fille qui s'appelait Halgerd. Elle jouait à terre avec d'autres petites filles. Elle était jolie et bien faite. Ses cheveux étaient doux comme de la soie, et si longs qu'ils lui venaient à la ceinture. H?skuld l'appela: ?Viens près de moi?, dit-il. Elle vint à lui. Il la prit par le menton et la baisa. Puis elle s'en alla. Alors H?skuld dit à Hrut: ?Que penses-tu de cette petite fille? Ne te semble-t-elle pas jolie?? Hrut se taisait. H?skuld lui demanda une seconde fois la même chose. Et Hrut finit par répondre: ?Certes l'enfant est jolie, et bien des gens le sauront pour leur malheur; mais je ne sais comment le mauvais oeil est venu dans notre famille.? Alors H?skuld se facha, et les deux frères furent en froid pendant quelque temps.
Les frères d'Halgerd étaient Thorleik, qui fut père de Bolli, Olaf, père de Kjartan, et Bard.

II
Un jour, les deux frères, H?skuld et Hrut, chevauchaient, allant à l'Alting. Il était venu beaucoup de monde cette année-là. H?skuld dit à Hrut: ?Je trouve, frère, que tu devrais songer à ta maison, et prendre femme.?--?Il y a longtemps que j'ai cela en tête, répondit Hrut, mais j'y vois du pour et du contre. Je ferai pourtant comme tu voudras. De quel c?té nous tournerons-nous?? H?skuld répondit: ?Il y a ici beaucoup de chefs au ting, et le choix est grand; mais je sais déjà qui je veux demander pour toi. Elle s'appelle Unn; c'est la fille de M?rd Gigja, un homme très sage. Il est ici au ting, et sa fille avec lui; tu peux la voir, si tu veux.?
Le jour suivant, comme les hommes allaient au tribunal, ils virent devant les huttes de ceux de la Ranga des femmes vêtues de beaux habits. H?skuld dit à Hrut: ?La voilà, c'est Unn, dont je t'ai parlé. Comment la trouves-tu??--?Elle me pla?t, dit Hrut, mais je ne sais pas si nous aurons du bonheur ensemble.? Et ils allèrent au tribunal. M?rd Gigja expliquait la loi, comme c'était sa coutume. Quant il eut fini, il retourna dans sa hutte. H?skuld se leva, puis Hrut; ils allèrent à la hutte de M?rd et y entrèrent. M?rd était assis au fond. Ils le saluèrent. Il se leva, prit la main d'H?skuld, et le
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