Atli sauta sur le vaisseau de Hrut,
et il faisait le vide tout autour de lui. Össur vint à sa rencontre, l'épée en
avant, mais il tomba à la renverse, frappé par un autre. Alors Hrut
accourut au devant d'Atli, Atli leva son épée, et fendit d'un coup le
bouclier de Hrut. En même temps, une pierre l'atteignit à la main, et
l'épée tomba. Hrut la prit, et abattit le pied d'Atli. Après quoi, il lui
donna le coup de la mort.
Hrut et ses gens firent beaucoup de butin. Ils prirent avec eux les deux
meilleurs vaisseaux, et ils restèrent là un peu de temps. Soti avec les
siens leur avait échappé. Il avait fait voile pour retourner en Norvège. Il
débarqua sur la côte de Limgard. Il y trouva Ögmund, l'homme de
Gunhild. Ögmund reconnut tout d'abord Soti, et lui demanda:
«Combien de temps penses-tu rester ici?»--«Trois nuits.» dit Soti.--«Où
iras-tu ensuite?» dit Ögmund. «À l'ouest, en Angleterre, dit Soti, et je
ne reviendrai jamais en Norvège, tant que durera la puissance de
Gunhild.» Ögmund s'en alla, et vint trouver Gunhild; elle était près de
là, chez des hôtes, avec son fils Gudröd. Ögmund dit à Gunhild ce que
Soti comptait faire; et elle donna ordre à son fils Gudröd d'aller tuer
Soti. Gudröd partit sur l'heure. Il tomba sur Soti à l'improviste, et le fit
amener à terre où on le pendit. Puis il prit tous ses trésors pour sa mère.
Elle envoya des hommes débarquer le butin, et le porter à
Konungahella, après quoi elle y alla elle même.
Hrut revint à l'automne. Il avait fait beaucoup de butin. Il alla tout
d'abord trouver le roi, qui lui fit bon accueil. Il lui offrit, et à sa mère,
de prendre ce qu'ils voudraient de ses richesses; et le roi en prit le tiers.
Gunhild dit à Hrut qu'elle avait mis la main sur l'héritage et fait tuer
Soti. Hrut la remercia, et partagea par moitié avec elle.
VI
Hrut passa l'hiver chez le roi, et il était de joyeuse humeur; mais aux
approches du printemps, il devint silencieux. Gunhild s'en aperçut, et
elle lui parla un jour qu'ils étaient seuls ensemble. «As-tu du souci,
Hrut?» lui demanda-t-elle. Hrut répondit: «On a dit vrai: Malheur à
ceux qui sont nés sur une mauvaise terre.»--«Veux-tu retourner en
Islande?» dit-elle.--«Je le veux» répondit-il.»--«As-tu quelque femme
là-bas?»--«Non.»--«Et pourtant j'en suis bien sûre.» Et ils n'en dirent
pas plus long.
Hrut alla devant le roi, et le salua. Le roi demanda: «Que veux-tu
Hrut?»--«Je veux vous prier, Seigneur, de me donner congé pour
retourner en Islande.»--« Auras-tu là-bas plus d'honneurs qu'ici?» dit le
roi.--«Non, dit Hrut, mais il faut que chacun suive sa destinée.»--«C'est
peine perdue de lutter contre un plus fort, dit Gunhild. Donne-lui congé;
qu'il parte quand il lui plaira.» L'année était mauvaise dans le pays, et
pourtant le roi lui donna de la farine, autant qu'il en voulut. Il mit donc
son vaisseau en état pour aller en Islande, et Össur avec lui.
Quand ils furent prêts, Hrut vint trouver le roi et Gunhild. Gunhild le
prit à part et lui dit: «Voici un anneau d'or que je veux te donner» et
elle le lui passa au bras. «J'ai reçu de toi beaucoup de beaux cadeaux»
dit Hrut. Elle lui mit les bras autour du cou, le baisa et dit: «Si j'ai
autant de puissance sur toi que je me l'imagine, voici que je te jette un
sort, et je veux que tu n'aies pas de bonheur avec cette femme que tu
vas prendre en Islande, mais tu pourras trouver ton plaisir avec d'autres
femmes. Et maintenant nous ne serons heureux ni l'un ni l'autre: car tu
n'as pas eu confiance en moi.» Hrut se mit à rire et s'en alla. Il vint
trouver le roi, et le remercia de l'avoir toujours bien traité, et comme un
chef. Le roi lui souhaita bon voyage. Il dit que Hrut était un homme
très-brave, et qui pouvait aller de pair avec les plus grands. Hrut monta
sur son vaisseau, et mit à la voile. Il eut bon vent, et ils arrivèrent, lui et
les siens, dans le Borgarfjord.
Sitôt que le vaisseau fut à terre, Hrut s'en alla chez lui, dans l'Ouest, et
Össur resta pour décharger. Hrut vint à Höskuldstad. Son frère le reçut
avec joie, et Hrut lui conta ses aventures. Après cela, il envoya un
homme dans le pays de la Ranga, dire à Mörd Gigja de se préparer pour
la noce. Les deux frères allèrent au vaisseau, et Höskuld dit à Hrut l'état
de ses biens. Ils s'étaient beaucoup accrus depuis que Hrut était parti.
Hrut dit: «Je ne te le revaudrai jamais comme je le devrais, frère; mais
je vais te donner de la farine, autant
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