la chambre d'en haut. Gunhild avait dit aux hommes qui
étaient là: «Il y va de votre vie, si vous dites à personne ce qu'il y a
entre Hrut et moi.»
Hrut lui donna cent aunes d'étoffes de laine et douze capes de peaux, et
elle le remercia de ses présents. Hrut partit, après l'avoir baisée et
remerciée. Elle lui souhaita bonne chance. Le jour suivant, Hrut vint
devant le roi, avec trente hommes. Il salua le roi, et le roi lui dit: «Tu
veux, Hrut, que je fasse pour toi ce que j'ai promis.» Il le fit donc son
homme. Hrut demanda: «Quelle place me donnerez-vous?»--«C'est ma
mère qui en décidera» dit le roi. Et elle le fit mettre à la place
d'honneur.
Hrut passa l'hiver chez le roi, et il y était très considéré.
IV
Au printemps, Hrut entendit parler de Soti. On disait qu'il était allé au
Sud, en Danemark, avec l'héritage. Hrut vint trouver Gunhild et lui dit
le départ de Soti. Gunhild dit: «Je te donnerai deux vaisseaux longs,
avec leur équipage, et de plus, un homme très brave, Ulf Uthvegin, le
chef de nos hôtes. Mais toi, va trouver le roi, avant de partir.» Hrut y
alla; et quand il fut devant le roi, il lui dit que Soti était parti, et qu'il
voulait se mettre à sa poursuite. Le roi demanda: «Qu'a fait ma mère
pour t'aider?» Hrut répondit: «Elle m'a donné deux vaisseaux longs, et,
pour commander aux hommes, Ulf Uthvegin.»--«C'est bien fait, dit le
roi. Et moi, je te donnerai deux autres vaisseaux longs. Il te faudra bien
autant de monde que cela.» Il conduisit Hrut à ses vaisseaux et lui
souhaita bon voyage. Hrut avec ses gens fit voile vers le Sud.
V
Il y avait un homme nommé Atli. Il était fils d'Arnvid, jarl de
l'Ostgothie. C'était un grand homme de guerre. Il se tenait dans le lac de
l'Est avec huit vaisseaux. Son père avait refusé le tribut à Hakon, fils
adoptif d'Adalstein; et le père et le fils avaient fui du Jamtaland en
Gothie.
Atli sortit du lac avec ses vaisseaux par le Stoksund. Il s'en alla au Sud,
en Danemark, et il était à l'ancre dans l'Eyrasund. Il avait été mis hors
la loi par le roi de Danemark et par le roi de Suède, pour les
brigandages et les meurtres qu'il avait faits dans les deux royaumes.
Hrut vint au Sud, dans l'Eyrasund; comme il entrait dans le détroit, il
vit qu'il était plein de vaisseaux. Ulf lui dit: «Que faut-il faire, homme
d'Islande?»--«Aller en avant; dit Hrut, qui ne risque rien n'a rien. Notre
vaisseau, à Össur et à moi, passera le premier, et toi, tu mettras le tien
où tu voudras.»--«Je n'ai pas coutume que d'autres me servent de
bouclier» répond Ulf. Il met son vaisseau sur la même ligne que celui
de Hrut, et ils s'avancent ensemble dans le détroit.
Et voici que ceux du détroit voient des vaisseaux qui viennent à eux, et
ils le disent à Atli. «Il y aura du butin à prendre, répond Atli. Qu'on ôte
les tentes des vaisseaux, et qu'on s'apprête au plus vite. Mon vaisseau
sera au milieu de la flotte.»
Les vaisseaux de Hrut avançaient à force de rames. Quand on fut assez
près pour s'entendre, Atli se leva et dit: «Vous allez comme des
imprudents. N'avez-vous pas vu qu'il y avait des vaisseaux de guerre
dans le détroit? Quel est le nom de votre chef?»--«Je m'appelle Hrut»
répondit-il.--«Qui es-tu? dit Atli.--«L'homme du roi Harald Grafeld» dit
Hrut.--«Il y a longtemps, dit Atli, que mon père et moi nous avons
cessé d'être bons amis avec votre roi de Norvège.»--«Ce sera pour votre
malheur» dit Hrut. «Notre rencontre sera telle, dit Atli, que tu n'auras
point de nouvelles à en dire.» Il prit un javelot, et le lança sur le
vaisseau de Hrut; et l'homme qui conduisait le vaisseau fut tué. Alors la
bataille commença, et ils eurent grand'peine à aborder le vaisseau de
Hrut. Ulf se battait bien: il donnait de grands coups, frappant d'estoc et
de taille. Le pilote d'Atli s'appelait Asolf. Il sauta sur le vaisseau de
Hrut, et tua quatre hommes avant que Hrut ne s'en fût aperçu. Hrut se
retourne, et vient à sa rencontre. Ils se joignent, et Asolf, d'un coup de
pointe, perce le bouclier de Hrut. Mais Hrut lève son épée sur Asolf, et
lui donne le coup de la mort.
Ulf Uthvegin l'avait vu. «En vérité, Hrut, dit-il, tu donnes de beaux
coups. Mais aussi tu as de grands remerciements à faire à
Gunhild.»--«J'ai peur, répondit Hrut, que ce ne soient tes dernières
paroles.» À ce moment, Atli vit qu'Ulf se découvrait. Il lui lança un
javelot au travers du corps.
Après cela la bataille devint furieuse.
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