leur monotonie
je ne les revois plus
je ne suis là qu'en passant
sur une surface ensoleillée
et ce qui est en
noir n'est qu'illusion
ce jour parmi les loups se dégrade
je m'absous à l'avance
en
réfléchissant aux effets d'une digestion trop rapide de la vie de ses
accoutumances
c'est peut-être une autre histoire à dormir debout derrière un paravent
un sujet à la mode qui se promène en ascenseur
comme si les hauts et
les bas ne faisaient plus partie de la famille
sans douleur sans cris
je tente de me frayer un passage à travers les
silences
et les mots qui ne se prononcent jamais
heureusement il y a
les sourires de l'imaginaire
ils savent si bien transmettre la sève d'un
froid à l'autre surtout l'hiver
lorsque mes images s'en vont expirer dans une phrase
je bascule dans
une rêverie
ça rafraîchit le quotidien qui s'annonce brutal
je pose ensuite des regards indécents sur le monde
par un miroir sans
tain
cela me permet d'entrouvrir des portes
et d'en refermer d'autres
je peux ainsi énumérer par leurs petits noms
toutes les portes ouvertes
et celles qui sont fermées
cette fonction renouvelle le silence
lorsque je marche pieds nus sur la
sellette
investie d'une mort amoureuse
figée entre deux jours trop gris
je me fais du cinéma
en attendant
que le discours réapparaisse
en attendant que les formes prennent
corps
en attendant la promesse des chuchotements
des sueurs des
légitimes défenses
des suffocations des abandons
et parfois des
entorses
en attendant le lever du rideau
je peux prendre le risque de parler de
Dieu
pour éviter l'engourdissement
mais je pense que le temps n'est
pas encore venu
je pourrais aussi parler de l'amour
toutefois je
pense que ça peut attendre encore quelques jours il y a bien quelques
passages rouge feu passionné pour les urgences ça peut faire périr d'un
coup sec
ce n'est pas ce que j'envisage pour l'avenir
nous sommes jeudi
et la mort peut bien attendre
ce jour unique fait
le tour sur lui-même
taquine les fantômes que j'emprisonne dans ma
mémoire
ma douleur à l'os les agace
je fais semblant de trépasser un
peu
cela me repose en paix
j'ai alors tout ce qu'il faut pour prendre
parole
pour prendre pied quelque part au monde
je sais que tout n'est que projection de ce qui n'évolue pas ça s'agglutine
aux neurones
comme un vieux microbe désenchanté
de plus
ça
salit les rideaux
je lorgne parfois du côté de la porte sans rien dire
sculptée à même
mon ennui
il n'y a plus de tragédie
ce matin est en état de grâce
le temps
fiévreux me parcourt en silence
je n'avais pas remarqué que je m'étais
endormie
et maintenant je rêve
je songe à mes rêves inquiets
je
m'inquiète
© Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / 2e trimestre
1993
Bibliothèque nationale du Québec, Montréal
Bibliothèque
nationale du Canada, Ottawa
ISBN 2-9802204-3-4
Tous droits
réservés - All rights reserved
Ce recueil de poésie est aussi édité sur le site web de la
Bibliothèque
nationale du Canada dans sa collection électronique à l'adresse
suivante :
[ http://collection.nlc-bnc.ca/100/200/300/huguette_bertrand/mort/lamo
rt.html ]
This poetry book is also edited on the National Library of Canada's
website in it's electronic collection at the following URL :
[ http://collection.nlc-bnc.ca/100/200/300/huguette_bertrand/mort/lamo
rt.html ]
Ce document fut présenté en lecture gratuite sur le site du "Project
Gutenberg" en janvier 2002 par l'auteure Huguette Bertrand, (Québec)
Canada
This document has been released for free reading on "Project
Gutenberg" on January 2002 by the author Huguette Bertrand, (Quebec)
Canada
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Huguette Bertrand
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