La Dame aux Camelias | Page 7

Alexandre Dumas, fils
��tait trop tard. La jeune femme ��tait devenue un besoin de son c?ur et son seul pr��texte, sa seule excuse de vivre encore.
Il ne lui fit aucun reproche, il n'avait pas le droit de lui en faire, mais il lui demanda si elle se sentait capable de changer sa vie, lui offrant en ��change de ce sacrifice toutes les compensations qu'elle pourrait d��sirer. Elle promit.
Il faut dire qu'�� cette ��poque, Marguerite, nature enthousiaste, ��tait malade. Le pass�� lui apparaissait comme une des causes principales de sa maladie, et une sorte de superstition lui fit esp��rer que Dieu lui laisserait la beaut�� et la sant��, en ��change de son repentir et de sa conversion.
En effet, les eaux, les promenades, la fatigue naturelle et le sommeil l'avaient �� peu pr��s r��tablie quand vint la fin de l'��t��.
Le duc accompagna Marguerite �� Paris, o�� il continua de venir la voir comme �� Bagn��res.
Cette liaison, dont on ne connaissait ni la v��ritable origine, ni le v��ritable motif, causa une grande sensation ici, car le duc, connu par sa grande fortune, se faisait conna?tre maintenant par sa prodigalit��.
On attribua au libertinage, fr��quent chez les vieillards riches, ce rapprochement du vieux duc et de la jeune femme. On supposa tout, except�� ce qui ��tait.
Cependant le sentiment de ce p��re pour Marguerite avait une cause si chaste, que tout autre rapport que des rapports de c?ur avec elle lui e?t sembl�� un inceste, et jamais il ne lui avait dit un mot que sa fille n'e?t pu entendre.
Loin de nous la pens��e de faire de notre h��ro?ne autre chose que ce qu'elle ��tait. Nous dirons donc que tant qu'elle ��tait rest��e �� Bagn��res, la promesse faite au duc n'avait pas ��t�� difficile �� tenir, et qu'elle avait ��t�� tenue; mais une fois de retour �� Paris, il avait sembl�� �� cette fille habitu��e �� la vie dissip��e, aux bals, aux orgies m��me, que sa solitude, troubl��es seulement par les visites p��riodiques du duc, la ferait mourir d'ennui, et les souffles br?lants de sa vie d'autrefois passaient �� la fois sur sa t��te et sur son c?ur.
Ajoutez que Marguerite ��tait revenue de ce voyage plus belle qu'elle n'avait jamais ��t��, qu'elle avait vingt ans, et que la maladie endormie, mais non vaincue, continuait �� lui donner ces d��sirs fi��vreux qui sont presque toujours le r��sultat des affections de poitrine.
Le duc eut donc une grande douleur le jour o�� ses amis, sans cesse aux aguets pour surprendre un scandale de la part de la jeune femme avec laquelle il se compromettait, disaient-ils, vinrent lui dire et lui prouver qu'�� l'heure o�� elle ��tait s?re de ne pas le voir venir, elle recevait des visites, et que ces visites se prolongeaient souvent jusqu'��u lendemain.
Interrog��e, Marguerite avoua tout au duc, lui conseillant, sans arri��re-pens��e, de cesser de s'occuper d'elle, car elle ne se sentait pas la force de tenir les engagements pris, et ne voulait pas recevoir plus longtemps les bienfaits d'un homme qu'elle trompait.
Le duc resta huit jours sans para?tre, ce fut tout ce qu'il put faire, et, le huiti��me jour, il vint supplier Marguerite de l'admettre encore, lui promettant de l'accepter telle qu'elle serait, pourvu qu'il la v?t, et lui jurant que, d?t-il mourir, il ne lui ferait jamais un reproche.
Voil�� o�� en ��taient les chose trois mois apr��s le retour de Marguerite, c'est-��-dire en novembre ou d��cembre 1842.

3
Le 16, �� une heure, je me rendis rue d'Antin.
De la porte coch��re on entendait crier les commissaires-priseurs.
L'appartement ��tait plein de curieux.
Il y avait l�� toutes les c��l��brit��s du vice ��l��gant, sournoisement examin��es par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le pr��texte de la vente, pour avoir le droit de voir de pr��s des femmes avec qui elles n'auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut-��tre en secret les faciles plaisirs.
Madame la duchesse de F... coudoyait mademoiselle A..., une des plus tristes ��preuves de nos courtisanes modernes; madame la marquise de T... h��sitait pour acheter un meuble sur lequel ench��rissait madame D..., la femme adult��re la plus ��l��gant et la plus connue de notre ��poque; le duc d'Y... qui passe �� Madrid pour se ruiner �� Paris, �� Paris pour se ruiner �� Madrid, et qui, somme toute, ne d��pense m��me pas son revenu, tout en causant avec madame M..., une de nos plus spirituelles conteuses qui veut bien de temps en temps ��crire ce qu'elle dit et signer ce qu'elle ��crit, ��changeait des regards confidentiels avec madame de N..., cette belle promeneuse des Champs-Elys��es, presque toujours v��tue de rose ou de bleu et qui fait tra?ner sa voiture par deux grands chevaux noirs, que Tony lui a vendus dix mille francs et...qu'elle lui a pay��s; enfin mademoiselle R..., qui se fait avec son seul talent le double de ce que les femmes du
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