penchent.
Il faut mener les hommes sans leur faire sentir le joug, asservir les
volontés sans les contraindre.
Le mépris doit être le plus mystérieux des sentiments.
Toutes les fois que le pouvoir parle au peuple, on peut être sûr qu'il
demande de l'argent ou des soldats.
Un État chancelle quand on ménage les mécontents; il touche à sa ruine
quand la crainte les élève aux premières dignités.
On ne respecte plus rien en France.
Faire garder les pauvres en bourgeron par les pauvres en uniforme,
voilà le secret de la tyrannie et le problème des gouvernements.
En vain autour des trônes les genoux fléchissent, les fronts s'inclinent,
les yeux veillent, les mains obéissent, nos coeurs sont à nous seuls.
Il faut avoir été berger pour apprécier le bonheur des moutons.
En voyant les petits à l'oeuvre, on se réconcilie avec les grands.
Il y a beaucoup de mauvaises chances et il y en a aussi quelques bonnes;
c'est le cheveu de l'Occasion. La Fortune frappe au moins une fois; si
on n'est pas prêt à la recevoir, elle entre par la porte et sort par la
fenêtre.
Le bon Dieu nous a mis des yeux dans le front pour que nous
regardions toujours devant nous et jamais en arrière.
Dans l'incertitude d'un danger, il vaut mieux réserver son énergie pour
le combattre quand il arrive, que de l'user à le voir venir de loin; il est
toujours assez tôt de serrer la main du diable quand on le rencontre.
Si les choses ne vont pas comme on le comprend, le mieux est
d'attendre et d'y peu penser.
Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.
Quand les cartes sont brouillées et que les affaires paraissent
désespérées, il n'y a qu'à laisser aller les choses, comme l'eau coule à sa
pente; elles finissent par se débrouiller toutes seules et s'arranger
d'elles-mêmes. Rien faire et laisser dire.
Dans les choses d'importance, il ne faut pas demander de conseils; il
faut peser, oser et agir.
On doit suivre ses inspirations, et ne jamais se repentir ni du bien, ni du
mal, ni des sottises.
Quand tout est perdu, c'est l'heure des grandes âmes.
Les principes reposent sur leur certitude et leur utilité; la morale est
fondée sur l'intérêt qui la sert.
Les hommes sont capricieux, ondoyants et divers, les événements
mobiles, les idées changeantes; tout meurt, se transforme, se renouvelle,
rien ferme ne demeure. Le cours naturel des choses offre de meilleures
occasions que l'intelligence, l'imagination, l'ingéniosité, l'esprit, la
volonté n'en peuvent faire naître, créer, trouver, inventer.
Tout arrive et doit arriver par la combinaison et le jeu des événements.
Tout s'en va et tout revient. On revient de tout et on revient à tout. Ceux
qui disent qu'ils sont revenus de tout ne sont jamais allés nulle part.
Rien de grand n'a de grands commencements, ni les chênes, ni les
fleuves, ni les royaumes, ni les hommes de génie.
Il faut se garder des premiers mouvements, parce qu'ils sont presque
toujours honnêtes.
À force de converser avec un sphinx, on se tire de ses énigmes.
Le pouvoir de tout faire n'en donne pas le droit.
Sois doux avec le faible et terrible au superbe.
C'est prodigieux tout ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout.
Si c'est possible, c'est fait; si c'est impossible, cela se fera.
Celui qui ne comprend pas un regard ne comprendra pas davantage une
longue explication.
La parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée.
Il faut imposer et en imposer.
Celui qui ne tient compte que des intérêts fait un calcul aussi faux que
celui qui ne tient compte que des sentiments; il faut trouver le secret
des affaires et posséder l'art de s'insinuer dans les coeurs.
Oui et Non sont les mots les plus courts et les plus faciles à prononcer,
et ceux qui demandent le plus d'examen.
Un long discours n'avance pas plus les affaires qu'une robe traînante
n'aide à la marche.
Une parfaite droiture est la plus grande des habiletés; la vérité devient
un calcul et la franchise un moyen.
Il y a une arme plus terrible que la calomnie, c'est la vérité.
Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
Le vrai moyen d'être trompé, c'est de se croire plus fin que les autres.
La plus grande des illusions est de croire qu'on n'en a pas, ou qu'on n'en
a plus.
Quand on part, on arrive toujours, mais il faut partir.
On ne va jamais si loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va.
Si on savait où l'on va, on ne marcherait pas.
Quand on a dix pas à faire et qu'on en a fait neuf, on n'est qu'à moitié
chemin.
C'est toujours un rôle ingrat, pour ne pas dire inutile et dangereux, de
jouer au
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