La Bastille | Page 3

Auguste Coeuret
avait battu ses ma?tres.
Aussi facilement qu'ils avaient obtenu la lettre de cachet, les bons p��res obtinrent du roi l'ordre de mise en libert��. Seldon, n'ayant plus de fortune lui appartenant, ne put se marier; mais, en revanche, il fit attendre longtemps le capital de son bien �� ses d��licats lib��rateurs.
Les ��trangers n'��taient pas, on le voit, �� l'abri de la Bastille. Tr��s souvent m��me les rois de France rendirent aux souverains voisins le service d'embastiller leurs sujets qui avaient esp��r�� trouver aide et protection sur le sol fran?ais. C'est ainsi que Claude-Louis Caffe fut enferm�� �� la Bastille et remis ensuite aux autorit��s sardes pour ��tre intern�� au fort de Miollans, prison d'��tat du duc de Savoie.
Citons encore les noms de Mah�� de la Bourdonnais, du mar��chal Bassompierre, de Voltaire qui y vint deux fois en 1717 et en 1726, de l'avocat Linguet qui fit une si curieuse description de ce lugubre ��difice; enfin du pr��v?t de Beaumont qui, soit �� Vincennes, �� Charenton ou �� la Bastille, resta vingt-deux ans au secret et dont la famille ignora le sort pendant dix ann��es.
Il faudrait bien des pages pour citer seulement le nom de tous ceux qui furent enferm��s et moururent dans cette ge?le. Que serait-ce, s'il ��tait possible d'y ajouter celui de tous ceux qu'on y fit dispara?tre sans qu'il restat la moindre trace de leur passage.
Il ��tait, en effet, peu facile d'en sortir, moins encore de s'en ��vader.--Les plus c��l��bres ��vasions furent celles d'Antoine de Chabanne, comte de Dammartin, sous Louis XI, pendant la Ligue du bien public (1465); celle de l'abb�� de Bucquoy (1709), qui s'��tait ��galement ��vad�� du For-l'Ev��que et qui ��crivit en Hanovre l'histoire de ses ��vasions (1719); enfin celles de Latude et de son camarade d'Al��gre, dans la nuit du 25 f��vrier 1756.
Il existe au Mus��e Carnavalet une estampe de la fin de 1791 ou du commencement de 1792, ��dit��e �� Paris, chez Bance, rue Saint-Severin, no 25, repr��sentant Latude et d'Al��gre dans leur prison et au-dessous on lit cette l��gende:
SECONDE ��VASION DE LA BASTILLE DE M. DELATUDE, ING��NIEUR
Effectu��e la nuit du 25 au 26 f��vrier 1756.
?M. Delatude[5], d��tenu �� la Bastille dans une m��me chambre avec M. d'Al��gre, ��toit r��solu de tout tenter pour pouvoir s'en ��vader. Dix pi��s d'��paisseur des murs de cette prison, des grilles de fer aux fen��tres et �� la chemin��e, une multitude de gardes, des foss��s souvent pleins d'eau, entour��s de murs fort ��lev��s; ces terribles obstacles ne furent point capables de le d��tourner de cet ��tonnant dessein. Mais �� peine son g��nie actif et p��n��trant, aid�� des connaissances profondes qu'il avoit dans les math��matiques lui eut-il fait d��couvrir qu'il y avoit entre son plancher et celui de la chambre d'au-dessous de lui un intervalle ou tambour de 4 pi��s et demi de hauteur, lieu qu'il jugea propre �� resserrer tout ce qu'il falloit furtivement cr��er et ��tablir pour rendre sa fuite possible et celle de son compagnon, qu'il ne doute plus du succ��s. Ce fut alors que tout hors de lui il montra �� M. d'Al��gre sa male qui contenoit en chemises et autres effets en toile, de quoi leur produire 1.400 pi��s de cordes indispensables pour former les ��chelles sans lesquelles leur fuite ne pouvoit avoir lieu: et c'est l�� le moment o�� l'artiste a plac�� le sujet de son estampe. D'apr��s cela, l'industrie la plus surprenante, ainsi que la plus constamment et la plus habilement dirig��e, met M. Delatude en ��tat, en dix-huit mois de tems, de se voir possesseur des ��chelle de corde et de bois dont il ne pouvoit se passer: il a de m��me, avec une peine et des souffrances qu'on se repr��senteroit difficilement, enlev�� les quatre grilles de fer du haut de la chemin��e, desquelles il s'en r��serve deux pour percer les murs des foss��s de sortie, etc., etc., etc.
[Note 5: Dans ce texte, qui se trouve au bas de l'estampe conserv��e au Mus��e Carnavalet, l'orthographe des noms et des mots a ��t�� respect��e.]
[Illustration: Fig. 9.--Seconde ��vasion du chevalier de Latude et de son ami d'Al��gre, dans la nuit du 25 au 26 f��vrier 1756.]
[Illustration: Fig. 10.--Portrait du chevalier de Latude, par Vestier.]
?Nos deux prisonniers arriv��s enfin au moment p��rilleux de leur d��part, avec le secours de leurs ��chelles de corde et de bois, favoris�� par une corde de r��serve particuli��re, r��ussissent bient?t �� transporter par la chemin��e de leur chambre sur la tour appel��e du Tr��sor leurs propres effets et les choses destin��es �� leur ��vasion. Enfin, apr��s les dangers les plus alarmans, M. Delatude, ��loign�� tout au plus de 6 toises d'une sentinelle, est d��j�� descendu sain et sauf dans le foss��. M. d'Al��gre et leurs bagages ne tardent point �� y ��tre aussi. Tous deux se pressent d'aller droit �� la muraille qui s��pare le foss�� de la Bastille
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