à tous les traités internationaux.
[Illustration: Le théâtre des opérations sur le territoire belge.]
LA DÉFENSE DE LIÉGE
_M. Gérard Harry, notre correspondant à Bruxelles, nous envoie sur la
défense de Liége des notes précises, complétant les détails publiés par
les quotidiens. Nul, sans doute, n'était aussi bien qualifié que cet ardent
patriote pour nous conter les péripéties de la lutte engagée presque sous
ses yeux, et nous donner une impression rapide de l'âme belge en ces
jours héroïques._
LES TROIS JOURS DE BATAILLE
Bruxelles, 9 août.
Je vais m'efforcer de relater aussi sobrement que possible l'épopée de
Liége, «la Cité ardente», comme l'a surnommée le romancier et
ministre de la Justice, Carton de Wiart.
[Illustration: A Bruxelles: le 9e de ligne, dans la cour de sa caserne,
avant son départ pour Liége.--Phot. Hennebert.]
L'ultimatum du kaiser réclamant le libre passage de la route vers la
France, moyennant un marché honteux, fondit sur la Belgique le
dimanche 2 août, à 7 heures du soir, soit quatre heures exactement
après cette déclaration publique du ministre d'Allemagne à Bruxelles:
«Ne redoutez rien. Nous n'avons jamais songé à enfreindre votre
neutralité. Vous verrez peut-être brûler le toit du voisin, mais pas le
vôtre.» Et c'est dans la soirée du 3, quelques heures après la fière
réponse du gouvernement belge, que l'avant-garde teutonne, ayant
envahi le Grand-Duché de Luxembourg, pénétrait sur notre territoire
dans la direction de Liége.
La Belgique avait le droit de réclamer immédiatement l'assistance de la
France et de l'Angleterre, garantes (comme le roi de Prusse lui-même)
de sa neutralité. Son roi et ses ministres estimèrent que la nation
manquerait à sa dignité si elle ne commençait par faire front toute seule
à l'insolent envahisseur; et la France, loyale jusqu'au bout, préféra
retarder sa marche en avant et courir ainsi un risque des plus graves,
plutôt que de franchir la frontière du peuple belge, sans y être invitée
par lui-même. Il s'écoula quarante heures entre le défi du kaiser aux
Belges et l'appel de ces derniers à la coopération française.
Mais, dès le début, ceux qui méritèrent jadis d'être appelés les
«valeureux Liégeois» avaient opposé à cette invasion brutale la plus
imprévue des résistances.
En dehors des petites et immobiles garnisons des forts de Liége, ils
n'étaient que 25.000 contre les trois corps d'armée ennemis, le 9e, le 7e
et le 10e, formant un total d'environ 125.000 hommes (Prussiens,
Hanovriens et Mecklembourgeois surtout) qui allaient marcher
successivement à l'assaut de leur position, le premier par la route
d'Eupen, le second par la route d'Aix-la-Chapelle, le troisième par celle
de Malmédy-Stavelot que menaçait depuis si longtemps le vaste camp
d'Elsenborn.
Pour forcer le passage de la Meuse et gagner, le long du fleuve, la
partie la plus vulnérable de la frontière française, l'envahisseur comptait
se frayer un chemin entre les intervalles des douze forts construits, il y
a vingt ans, par le fameux général Brialmont, véritable Vauban
moderne, et que le génie militaire de tous les pays a toujours considérés
comme des barrières extraordinairement solides.
Tenter la prise d'assaut de ces «rocs» eût exposé les assaillants à des
pertes d'hommes immenses. Il fallait donc essayer de passer entre eux,
tout en forçant le passage de la Meuse un peu au nord de Liége, vers
Visé, dans l'étroit espace de terrain qui sépare la frontière belge du
Luxembourg hollandais.
Les dépêches quotidiennes vous auront appris comment le 10e corps
allemand après avoir occupé Visé et fusillé une partie de sa population,
se trouva devant des tunnels et des ponts détruits. A trois reprises, il
essaya de franchir la Meuse par des ponts de bateaux; l'énorme portée
des canons des forts fit échouer ces tentatives.
Alors le 9e corps allemand, opérant aux bords de la Vesdre, et le 10e,
entré en ligne le dernier, entre deux autres affluents de la Meuse
(Amblève et Ourthe), cherchèrent à effectuer des trouées entre le fort
de Fléron et les forts d'Embourg et de Roncelles. Ce fut, dans les
couloirs étroits de rase campagne, garnis par les Belges d'obstacles en
fil de fer barbelé et de mines souterraines, trois jours et une nuit de
mêlée épique. La 3e division de l'armée belge chargée de la défense
comprenait des troupes de ligne (1er, 2e, 9e, 11e, 13e et 14e), des
chasseurs à pied, le 3e carabiniers, le 3e grenadiers et le 5e d'artillerie.
Des engagés volontaires de vingt et même de dix-huit et dix-sept ans
conduisaient les automobiles munies de projecteurs. La cavalerie fit des
prodiges; l'infanterie des 9e et 14e de ligne et des 1er et 3e chasseurs
chargea plus d'une fois l'ennemi à la baïonnette, l'arme la plus redoutée
des Allemands, avec une furie justifiant, à vingt siècles de distance, le
Sunt Belgiæ fortissimæ Gallorum (les Belges sont les plus courageux
des Gaulois) des «Commentaires» de César,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.