facilement repérables, étaient devenus incapables de tirer utilement _à ciel ouvert_ et qu'il fallait les cuirasser ou les établir dans des coupoles tournantes, si l'on voulait pouvoir conserver leurs feux.
D'accord avec l'ancienne école fran?aise, le général avait voulu garder aux forts détachés un r?le prépondérant depuis le début de l'attaque jusqu'à la fin du siège, alors que les Allemands prétendent encore ne faire entrer les forts en jeu qu'au moment de l'attaque rapprochée. A sa manière de procéder, il trouvait notamment l'avantage primordial de garantir la place contre les surprises ou les attaques brusquées de l'adversaire. ?La principale garantie contre les attaques de vive force réside, écrivait-il, dans l'impossibilité où se trouve l'assiégeant de réduire au silence les bouches à feu cuirassées des forts.?
Les événements qui viennent de se passer en Belgique démontrent jusqu'à l'évidence la parfaite justesse des conclusions du général Brialmont. Grace à lui les Allemands se sont trouvés, la semaine dernière, en présence de forts qu'il est à peu près impossible de réduire en quelques heures par une attaque brusquée, quelle qu'en soit la puissance. Peut-être contre une attaque régulière, menée à loisir et longuement prolongée, présenteraient-ils une résistance moins grande que les petits forts plats, à faible relief et servant de mère nourrice à de nombreuses batteries annexes qui sont aujourd'hui à la mode; mais la preuve est faite qu'ils ne risquent pas de succomber le premier jour dans une lutte engagée à l'improviste contre des effectifs écrasants.
Les forts construits par le général Brialmont à Liége et aussi, il ne faut pas l'oublier, à Namur, sont donc des ouvrages très puissants. Ils comprennent onze canons, courts ou longs, tous cuirassés, capables d'entretenir la lutte contre l'artillerie de l'adversaire aux distances les plus considérables comme aux distances les plus rapprochées. Leur calibre varie de 120 à 210 m/m. Ils comprennent en outre quatre canons à tir rapide de 57 m/m placés dans des tourelles solides et qui assurent, avec le feu de l'infanterie et les mitrailleuses, la défense rapprochée et le flanquement des abords. Enfin, ils possèdent des observatoires cuirassés et un projecteur électrique également cuirassé. Ils ont donc tout ce qu'il faut pour se défendre et pour voir, même la nuit.
Un fort de ce genre présente évidemment une puissance considérable en même temps qu'une résistance passive extrêmement remarquable: les Allemands viennent d'en faire la facheuse expérience. Il a, par contre, l'inconvénient de co?ter fort cher, et l'on ne saurait trop admirer la petite nation belge d'avoir su consacrer tant de millions à la défense de son territoire. Elle a donné là l'exemple d'une admirable prévoyance, prévoyance qui jure quelque peu avec l'inconscience des marchands de terrain qui prétendaient, il y a quelques jours encore, démolir les fortifications de Paris.
Oui, la bonne fortification co?te cher; mais, seule, la bonne fortification est capable de résister longtemps et, comme le dit le Règlement de 1891 sur le service des places, il ne faut pas oublier que ?DE LA REDDITION D'UNE PLACE RETARDéE OU AVANCéE D'UN SEUL JOUR PEUT DéPENDRE LE SALUT DU PAYS?.
Les fortifications du général Brialmont viennent de sauver la Belgique.
L'ATTAQUE ?A LA SAUER? ET LES DéFAUTS DE CETTE MéTHODE ALLEMANDE
Le mode d'attaque que les Allemands ont employé contre la place de Liége est d? à un général allemand, le général von Sauer.
L'attaque à la Sauer n'est autre chose qu'une attaque brusquée. L'assaillant étudie d'abord la place de son mieux au moyen de reconnaissances qui viennent compléter les renseignements obtenus en temps de paix, puis il refoule résolument le défenseur en arrière de la ligne des forts. Pour cela, il commence par bombarder énergiquement, avec son artillerie de campagne et les pièces du parc léger de siège, les positions avancées installées en avant des forts; il opère autant que possible partout à la fois de manière à laisser la défense dans l'indécision, et, quand l'adversaire est ébranlé, il donne l'assaut avec une extrême vigueur. Les troupes de la défense refoulées derrière les forts, il installe la nuit ses pièces de siège à environ deux kilomètres des ouvrages qu'il veut attaquer et il ouvre le feu le lendemain matin avec ces pièces aidées par l'artillerie de campagne. Toute cette artillerie inonde les forts et les batteries attenantes de shrapnels et d'obus de fa?on à annihiler l'artillerie de la défense en tuant les servants et décimant la garnison.
Dès que le feu de l'assiégé est éteint, on achève de refouler ses troupes en arrière de la ligne des forts attaqués, on cherche à traverser cette ligne et l'on s'efforce de prendre d'assaut un ou deux de ces forts. On y parviendra, non pas en faisant brèche, ce qui serait trop long, mais en profitant de ce que ces ouvrages sont réduits au silence, pour les envahir au moyen d'échelles d'assaut ou de passerelles de franchissement jetées en travers des fossés. On

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