s'assura ainsi que c'��tait une ?le ronde, au milieu de laquelle s'��levait une montagne couronn��e de nuages. Il respirait avec joie la fra?che haleine de l'air humide. La pluie tombait, et cette pluie ��tait si douce que le saint homme dit au Seigneur:
--Seigneur, voici l'?le des larmes, l'?le de la contrition.
La plage ��tait d��serte. Ext��nu�� de fatigue et de faim, il s'assit sur une pierre, dans les creux de laquelle reposaient des oeufs jaunes, marqu��s de taches noires et gros comme des oeufs de cygne. Mais il n'y toucha point, disant:
--Les oiseaux sont les louanges vivantes de Dieu. Je ne veux pas que par moi manque une seule de ces louanges.
Et il macha des lichens arrach��s au creux des pierres.
Le saint homme avait accompli presque enti��rement le tour de l'?le sans rencontrer d'habitants, quand il parvint �� un vaste cirque form�� par des rochers fauves et rouges, pleins de cascades sonores, et dont les pointes bleuissaient dans les nu��es.
La r��verb��ration des glaces polaires avait br?l�� les yeux du vieillard. Pourtant, une faible lumi��re se glissait encore entre ses paupi��res gonfl��es. Il distingua des formes anim��es qui se pressaient en ��tages sur ces rochers, comme une foule d'hommes sur les gradins d'un amphith��atre. Et en m��me temps ses oreilles, assourdies par les longs bruits de la mer, entendirent faiblement des voix. Pensant que c'��tait l�� des hommes vivant selon la loi naturelle, et que le Seigneur l'avait envoy�� �� eux pour leur enseigner la loi divine, il les ��vang��lisa.
Mont�� sur une haute pierre au milieu du cirque sauvage:
--Habitants de cette ?le, leur dit-il, quoique vous soyez de petite taille, vous semblez moins une troupe de p��cheurs et de mariniers que le s��nat d'une sage r��publique. Par votre gravit��, votre silence, votre tranquille maintien, vous composez sur ce rocher sauvage une assembl��e comparable aux P��res-Conscrits de Rome d��lib��rant dans le temple de la Victoire, ou plut?t aux philosophes d'Ath��nes disputant sur les bancs de l'Ar��opage. Sans doute, vous ne poss��dez ni leur science ni leur g��nie; mais peut-��tre, au regard de Dieu, l'emportez vous sur eux. Je devine que vous ��tes simples et bons. En parcourant les bords de votre ?le, je n'y ai d��couvert aucune image de meurtre, aucun signe de carnage, ni t��tes ni chevelures d'ennemis suspendues �� une haute perche ou clou��es aux portes des villages. Il me semble que vous n'avez point d'arts, et que vous ne travaillez point les m��taux. Mais vos coeurs sont purs et vos mains innocentes. Et la v��rit�� entrera facilement dans vos ames.
Or, ce qu'il avait pris pour des hommes de petite taille, mais d'une allure grave, c'��taient des pingouins que r��unissait le printemps, et qui se tenaient rang��s par couples sur les degr��s naturels de la roche, debout dans la majest�� de leurs gros ventres blancs. Par moments ils agitaient comme des bras leurs ailerons et poussaient des cris pacifiques. Ils ne craignaient point les hommes, parce qu'ils ne les connaissaient pas et n'en avaient jamais re?u d'offense; et il y avait en ce religieux une douceur qui rassurait les animaux les plus craintifs, et qui plaisait extr��mement �� ces pingouins. Ils tournaient vers lui, avec une curiosit�� amie, leur petit oeil rond prolong�� en avant par une tache blanche ovale, qui donnait �� leur regard quelque chose de bizarre et d'humain.
Touch�� de leur recueillement, le saint homme leur enseignait l'��vangile.
--Habitants de cette ?le, le jour terrestre qui vient de se lever sur vos rochers est l'image du jour spirituel qui se l��ve dans vos ames. Car je vous apporte la lumi��re int��rieure; je vous apporte la lumi��re et la chaleur de l'ame. De m��me que le soleil fait fondre les glaces de vos montagnes, J��sus-Christ fera fondre les glaces de vos coeurs.
Ainsi parla le vieillard. Comme partout dans la nature la voix appelle la voix, comme tout ce qui respire �� la lumi��re du jour aime les chants altern��s, les pingouins r��pondirent au vieillard par les sons de leur gosier. Et leur voix se faisait douce, car ils ��taient dans la saison de l'amour.
Et le saint homme, persuad�� qu'ils appartenaient �� quelque peuplade idolatre et faisaient en leur langage adh��sion �� la foi chr��tienne, les invita �� recevoir le bapt��me.
--Je pense, leur dit-il, que vous vous baignez souvent. Car tous les creux de ces roches sont pleins d'une eau pure, et j'ai vu tant?t, en me rendant �� votre assembl��e, plusieurs d'entre vous plong��s dans ces baignoires naturelles. Or, la puret�� du corps est l'image de la puret�� spirituelle.
Et il leur enseigna l'origine, la nature et les effets du bapt��me.
--Le bapt��me, leur dit-il, est Adoption, Renaissance, R��g��n��ration, Illumination.
Et il leur expliqua successivement chacun de ces points.
Puis, ayant b��ni pr��alablement l'eau qui tombait des cascades et r��cit�� les exorcismes, il baptisa ceux qu'il venait d'enseigner, en versant sur la t��te de chacun
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