de leur ?le.
Le saint homme r��solut de visiter sans retard ses enfants infid��les afin de les ramener �� la foi et d'emp��cher qu'ils ne se livrassent �� des violences sacril��ges. Comme il se rendait �� la baie sauvage o�� son auge de pierre ��tait mouill��e, il tourna ses regards sur les chantiers qu'il avait ��tablis trente ans auparavant, au fond de cette baie, pour la construction des navires, et qui retentissaient, �� cette heure, du bruit des scies et des marteaux.
�� ce moment, le Diable qui ne se lasse jamais, sortit des chantiers, s'approcha du saint homme, sous la figure d'un religieux nomm�� Samson et le tenta en ces termes:
--Mon p��re, les habitants de l'?le d'Hoedic commettent incessamment des p��ch��s. Chaque instant qui s'��coule les ��loigne de Dieu. Ils vont bient?t porter le fer et le feu dans la chapelle que vous avez ��lev��e de vos mains v��n��rables sur le rivage de l'?le. Le temps presse. Ne pensez- vous point que votre auge de pierre vous conduirait plus vite vers eux, si elle ��tait gr����e comme une barque, et munie d'un gouvernail, d'un mat et d'une voile; car alors vous seriez pouss�� par le vent. Vos bras sont robustes encore et propres �� gouverner une embarcation. On ferait bien aussi de mettre une ��trave tranchante �� l'avant de votre auge apostolique. Vous ��tes trop sage pour n'en avoir pas eu d��j�� l'id��e.
--Certes, le temps presse, r��pondit le saint homme. Mais agir comme vous dites, mon fils Samson, ne serait-ce pas me rendre semblable �� ces hommes de peu de foi, qui ne se fient point au Seigneur? Ne serait-ce point m��priser les dons de Celui qui m'a envoy�� la cuve de pierre sans agr��s ni voilure?
�� cette question, le Diable, qui est grand th��ologien, r��pondit par cette autre question:
--Mon p��re, est-il louable d'attendre, les bras crois��s, que vienne le secours d'en haut, et de tout demander �� Celui qui peut tout, au lieu d'agir par prudence humaine et de s'aider soi-m��me?
--Non certes, r��pondit le saint vieillard Ma?l, et c'est tenter Dieu que de n��gliger d'agir par prudence humaine.
--Or, poussa le Diable, la prudence n'est-elle point, en ce cas-ci, de gr��er la cuve?
--Ce serait prudence si l'on ne pouvait d'autre mani��re arriver �� point.
--Eh! eh! votre cuve est-elle donc bien rapide?
--Elle l'est autant qu'il pla?t �� Dieu.
--Qu'en savez-vous? Elle va comme la mule de l'abb�� Budoc. C'est un vrai sabot. Vous est-il d��fendu de la rendre plus vite?
--Mon fils, la clart�� orne vos discours, mais ils sont tranchants �� l'exc��s. Consid��rez que cette cuve est miraculeuse.
--Elle l'est, mon p��re. Une auge de granit qui flotte sur l'eau comme un bouchon de li��ge est une auge miraculeuse. Il n'y a point de doute. Qu'en concluez-vous?
--Mon embarras est grand. Convient-il de perfectionner par des moyens humains et naturels une si miraculeuse machine?
--Mon p��re, si vous perdiez le pied droit et que Dieu vous le rend?t, ce pied serait-il miraculeux?
--Sans doute, mon fils.
--Le chausseriez-vous?
--Assur��ment.
--Eh bien! si vous croyez qu'on peut chausser d'un soulier naturel un pied miraculeux, vous devez croire aussi qu'on peut mettre des agr��s naturels �� une embarcation miraculeuse. Cela est limpide. H��las! pourquoi faut-il que les plus saints personnages aient leurs heures de langueur et de t��n��bres? On est le plus illustre des ap?tres de la Bretagne, on pourrait accomplir des oeuvres dignes d'une louange ��ternelle.... Mais l'esprit est lent et la main paresseuse! Adieu donc, mon p��re! Voyagez �� petites journ��es, et quand enfin vous approcherez des c?tes d'Hoedic, vous regarderez fumer les ruines de la chapelle ��lev��e et consacr��e par vos mains. Les pa?ens l'auront br?l��e avec le petit diacre que vous y avez mis et qui sera grill�� comme un boudin.
--Mon trouble est extr��me, dit le serviteur de Dieu, en essuyant de sa manche son front mouill�� de sueur. Mais, dis-moi, mon fils Samson, ce n'est point une petite tache que de gr��er cette auge de pierre. Et ne nous arrivera-t-il pas, si nous entreprenons une telle oeuvre, de perdre du temps loin d'en gagner.
--Ah! mon p��re, s'��cria le Diable, en un tour de sablier la chose sera faite. Nous trouverons les agr��s n��cessaires dans ce chantier que vous avez jadis ��tabli sur cette c?te et dans ces magasins abondamment garnis par vos soins. J'ajusterai moi m��me toutes les pi��ces navales. Avant d'��tre moine, j'ai ��t�� matelot et charpentier; et j'ai fait bien d'autres m��tiers encore. �� l'ouvrage!
Aussit?t il entra?ne le saint homme dans un hangar tout rempli des choses n��cessaires �� la navigation.
--�� vous cela, mon p��re!
Et il lui jette sur les ��paules la toile, le mat, la corne et le gui.
Puis, se chargeant lui-m��me d'une ��trave et d'un gouvernail avec la m��che et la barre et saisissant un sac de charpentier plein d'outils, il court au rivage, tirant apr��s lui par sa robe le saint homme
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