jamais dans une histoire que les sottises qu'il sait d��j��. Si vous essayez de l'instruire, vous ne ferez que l'humilier et le facher. Ne tentez pas de l'��clairer, il criera que vous insultez �� ses croyances.
?Les historiens se copient les uns les autres. Ils s'��pargnent ainsi de la fatigue et ��vitent de para?tre outrecuidants. Imitez-les et ne soyez pas original. Un historien original est l'objet de la d��fiance, du m��pris et du d��go?t universels.
?Croyez-vous, monsieur, ajouta-t-il, que je serais consid��r��, honor�� comme je suis, si j'avais mis dans mes livres d'histoire des nouveaut��s? Et qu'est-ce que les nouveaut��s? Des impertinences.
Il se leva. Je le remerciai de son obligeance et gagnai la porte, il me rappela:
--Un mot encore. Si vous voulez que votre livre soit bien accueilli, ne n��gligez aucune occasion d'y exalter les vertus sur lesquelles reposent les soci��t��s: le d��vouement �� la richesse, les sentiments pieux, et sp��cialement la r��signation du pauvre, qui est le fondement de l'ordre. Affirmez, monsieur, que les origines de la propri��t��, de la noblesse, de la gendarmerie seront trait��es dans votre histoire avec tout le respect que m��ritent ces institutions. Faites savoir que vous admettez le surnaturel quand il se pr��sente. �� cette condition, vous r��ussirez dans la bonne compagnie.
J'ai m��dit�� ces judicieuses observations et j'en ai tenu le plus grand compte.
Je n'ai pas �� consid��rer ici les pingouins avant leur m��tamorphose. Ils ne commencent �� m'appartenir qu'au moment o�� ils sortent de la zoologie pour entrer dans l'histoire et dans la th��ologie. Ce sont bien des pingouins que le grand saint Ma?l changea en hommes, encore faut-il s'en expliquer, car aujourd'hui le terme pourrait pr��ter �� la confusion.
Nous appelons pingouin, en fran?ais, un oiseau des r��gions arctiques appartenant �� la famille des alcid��s; nous appelons manchot le type des sph��niscid��s, habitant les mers antarctiques. Ainsi fait, par exemple, M. G. Lecointe, dans sa relation du voyage de la Belgica [Note: G. Lecointe, Au pays des manchots. Bruxelles, 1904, in-8��.]: ?De tous les oiseaux qui peuplent le d��troit de Gerlache, dit-il, les manchots sont certes les plus int��ressants. Ils sont parfois d��sign��s, mais improprement, sous le nom de pingouins du sud.? Le docteur J.-B. Charcot affirme au contraire que les vrais et les seuls pingouins sont ces oiseaux de l'antarctique, que nous appelons manchots, et il donne pour raison qu'ils re?urent des Hollandais, parvenus, en 1598, au cap Magellan, le nom de pinguinos, �� cause sans doute de leur graisse. Mais si les manchots s'appellent pingouins, comment s'appelleront d��sormais les pingouins? Le docteur J.-B. Charcot ne nous le dit pas et il n'a pas l'air de s'en inqui��ter le moins du monde [Note: J.-B. Charcot, _Journal de l'exp��dition antarctique fran?aise_ 1903, 1905. Paris, in-8��.].
Eh bien! que ses manchots deviennent ou redeviennent pingouins, c'est �� quoi il faut consentir.
En les faisant conna?tre il s'est acquis le droit de les nommer. Du moins qu'il permette aux pingouins septentrionaux de rester pingouins. Il y aura les pingouins du Sud et ceux du Nord, les antarctiques et les arctiques, les alcid��s ou vieux pingouins et les sph��niscid��s ou anciens manchots. Cela embarrassera peut-��tre les ornithologistes soucieux de d��crire et de classer les palmip��des; ils se demanderont, sans doute, si vraiment un m��me nom convient �� deux familles qui sont aux deux p?les l'une de l'autre et diff��rent par plusieurs endroits, notamment le bec, les ailerons et les pattes. Pour ce qui est de moi, je m'accommode fort bien de cette confusion. Entre mes pingouins et ceux de M. J.-B. Charcot, quelles que soient les dissemblances, les ressemblances apparaissent plus nombreuses et plus profondes. Ceux-ci comme ceux-l�� se font remarquer par un air grave et placide, une dignit�� comique, une familiarit�� confiante, une bonhomie narquoise, des fa?ons �� la fois gauches et solennelles. Les uns et les autres sont pacifiques, abondants en discours, avides de spectacles, occup��s des affaires publiques et, peut-��tre, un peu jaloux des sup��riorit��s.
Mes hyperbor��ens ont, �� vrai dire, les ailerons, non point squameux, mais couverts de petites pennes; bien que leurs jambes soient plant��es un peu moins en arri��re que celles des m��ridionaux ils marchent de m��me, le buste lev�� la t��te haute, en balan?ant le corps d'une aussi digne fa?on et leur bec sublime (_os sublime_) n'est pas la moindre cause de l'erreur o�� tomba l'ap?tre, quand il les prit pour des hommes.
* * * * *
Le pr��sent ouvrage appartient, je dois le reconna?tre, au genre de la vieille histoire, de celle qui pr��sente la suite des ��v��nements dont le souvenir s'est conserv��, et qui indique, autant que possible, les causes et les effets; ce qui est un art plut?t qu'une science. On pr��tend que cette mani��re de faire ne contente plus les esprits exacts et que l'antique Clio passe aujourd'hui pour une diseuse de sornettes. Et il pourra bien y avoir, �� l'avenir,
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