LAvare | Page 4

Molière
filou, vrai gibier de potence !
- La Fl��che -
(�� part.)
Je n'ai jamais rien vu de si m��chant que ce maudit vieillard, et je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps.
- Harpagon -
Tu murmures entre tes dents ?
- La Fl��che -
Pourquoi me chassez-vous ?
- Harpagon -
C'est bien �� toi, pendard, �� me demander des raisons ! Sors vite, que je ne t'assomme.
- La Fl��che -
Qu'est-ce que je vous ai fait ?
- Harpagon -
Tu m'as fait que je veux que tu sortes.
- La Fl��che -
Mon ma?tre, votre fils, m'a donn�� ordre de l'attendre.
- Harpagon -
Va-t'en l'attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison, plant�� tout droit comme un piquet �� observer ce qui se passe, et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un tra?tre dont les yeux maudits assi��gent toutes mes actions, d��vorent ce que je poss��de, et furettent de tous c?t��s pour voir s'il n'y a rien �� voler.
- La Fl��che -
Comment diantre voulez-vous qu'on fasse pour vous voler ? ��tes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses, et faites sentinelle jour et nuit ?
- Harpagon -
Je veux renfermer ce que bon me semble, et faire sentinelle comme il me pla?t. Ne voil�� pas de mes mouchards (2), qui prennent garde �� ce qu'on fait ?
(Bas, �� part.)
Je tremble qu'il n'ait soup?onn�� quelque chose de mon argent.
(Haut.)
Ne serais-tu point homme �� aller faire courir le bruit que j'ai chez moi de l'argent cach�� ?
- La Fl��che -
Vous avez de l'argent cach�� ?
- Harpagon -
Non, coquin, je ne dis pas cela.
(Bas.)
J'enrage !
(Haut.)
Je demande si, malicieusement, tu n'irais point faire courir le bruit que j'en ai.
- La Fl��che -
H�� ! que nous importe que vous en ayez, ou que vous n'en ayez pas, si c'est pour nous la m��me chose ?
- Harpagon -
(levant la main pour donner un soufflet �� la Fl��che.)
Tu fais le raisonneur ! Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles. Sors d'ici, encore une fois.
- La Fl��che -
Eh bien, je sors.
- Harpagon -
Attends : ne m'emportes-tu rien ?
- La Fl��che -
Que vous emporterais-je ?
- Harpagon -
Tiens, viens ?��, que je voie. Montre-moi tes mains.
- La Fl��che -
Les voil��.
- Harpagon -
Les autres.
- La Fl��che -
Les autres ?
- Harpagon -
Oui.
- La Fl��che -
Les voil��.
- Harpagon -
(montrant les hauts-de-chausses de la Fl��che.)
N'as-tu rien mis ici dedans ?
- La Fl��che -
Voyez vous-m��me.
- Harpagon -
(tatant le bas des hauts-de-chausses de la Fl��che.)
Ces grands hauts-de-chausses sont propres �� devenir les rec��leurs des choses qu'on d��robe ; et je voudrais qu'on en e?t fait pendre quelqu'un.
- La Fl��che -
(�� part.)
Ah ! qu'un homme comme cela m��riterait bien ce qu'il craint ! Et que j'aurais de joie �� la voler !
- Harpagon -
Euh ?
- La Fl��che -
Quoi ?
- Harpagon -
Qu'est-ce que tu parles de voler ?
- La Fl��che -
Je vous dis que vous fouillez bien partout, pour voir si je vous ai vol��.
- Harpagon -
C'est ce que je veux faire.
(Harpagon fouille dans les poches de La Fl��che.)
- La Fl��che -
(�� part.)
La peste soit de l'avarice et des avaricieux !
- Harpagon -
Comment ? que dis-tu ?
- La Fl��che -
Ce que je dis ?
- Harpagon -
Oui. Qu'est-ce que tu dis d'avarice et d'avaricieux ?
- La Fl��che -
Je dis que la peste soit de l'avarice et des avaricieux !
- Harpagon -
De qui veux-tu parler ?
- La Fl��che -
Des avaricieux.
- Harpagon -
Et qui sont-ils, ces avaricieux ?
- La Fl��che -
Des vilains et des ladres.
- Harpagon -
Mais qui est-ce que tu entends par l�� ?
- La Fl��che -
De quoi vous mettez-vous en peine ?
- Harpagon -
Je me mets en peine de ce qu'il faut.
- La Fl��che -
Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous ?
- Harpagon -
Je crois ce que je crois ; mais je veux que tu me dises �� qui tu parles quand tu dis cela.
- La Fl��che -
Je parle... je parle �� mon bonnet.
- Harpagon -
Et moi, je pourrais bien parler �� ta barrette (3).
- La Fl��che -
M'emp��cherez-vous de maudire les avaricieux ?
- Harpagon -
Non ; mais je t'emp��cherai de jaser et d'��tre insolent. Tais-toi.
- La Fl��che -
Je ne nomme personne.
- Harpagon -
Je te rosserai si tu parles.
- La Fl��che -
Qui se sent morveux, qu'il se mouche.
- Harpagon -
Te tairas-tu ?
- La Fl��che -
Oui, malgr�� moi.
- Harpagon -
Ah ! Ah !
- La Fl��che -
(montrant �� Harpagon une poches de son justaucorps.)
Tenez, voil�� encore une poche : ��tes-vous satisfait ?
- Harpagon -
Allons, rends-le-moi sans te fouiller.
- La Fl��che -
Quoi ?
- Harpagon -
Ce que tu m'as pris.
- La Fl��che -
Je ne vous ai rien pris du tout.
- Harpagon -
Assur��ment ?
- La Fl��che -
Assur��ment.
- Harpagon -
Adieu. Va-t-en �� tous les diables !
- La Fl��che -
Me voil�� fort bien cong��di��.
- Harpagon -
Je te le mets sur ta conscience, au moins.
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Sc��ne IV. - Harpagon.

- Harpagon -
Voil�� un pendard de valet qui m'incommode
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