respirer l'air enferm�� entre ces murs o�� s'��tait exhal��e sa premi��re haleine, o�� il avait b��gay�� les premiers mots de l'enfant. Oui! voil�� pourquoi il venait de remonter les rudes sentiers de cette falaise, pourquoi il se trouvait, �� cette heure, devant la barri��re du petit enclos.
L��, il eut comme un mouvement d'h��sitation. Il n'est de coeur si endurci, qui ne se serre en pr��sence de certains retours du pass��. On n'est pas n�� quelque part pour ne rien sentir devant la place o�� vous a berc�� la main d'une m��re. Les fibres de l'��tre ne peuvent s'user �� ce point que pas une seule ne vibre encore, lorsqu'un de ces souvenirs la touche.
Il en fut ainsi de Nicolas Starkos, arr��t�� sur le seuil de la maison abandonn��e, aussi sombre, aussi silencieuse, aussi morte �� l'int��rieur qu'�� l'ext��rieur.
?Entrons!... Oui!... entrons!?
Ce furent les premiers mots que pronon?a Nicolas Starkos. Encore ne fit-il que les murmurer, comme s'il e?t eu la crainte d'��tre entendu et d'��voquer quelque apparition du pass��.
Entrer dans cet enclos, quoi de plus facile! La barri��re ��tait disjointe, les montants gisaient sur le sol. Il n'y avait m��me pas une porte �� ouvrir, un barreau �� repousser.
Nicolas Starkos entra. Il s'arr��ta devant l'habitation, dont les auvents, �� demi pourris par la pluie, ne tenaient plus qu'�� des bouts de ferrures rouill��es et rong��es.
�� ce moment, une hulotte fit entendre un cri et s'envola d'une touffe de lentisques, qui obstruait le seuil de la porte.
L��, Nicolas Starkos h��sita encore. Il ��tait bien r��solu, cependant, �� revoir jusqu'�� la derni��re chambre de l'habitation. Mais il fut sourdement fach�� de ce qui se passait en lui, d'��prouver comme une sorte de remords. S'il se sentait ��mu, il se sentait irrit�� aussi. Il semblait que de ce toit paternel, allait s'��chapper comme une protestation contre lui, comme une mal��diction derni��re!
Aussi, avant de p��n��trer dans cette maison, il voulut en faire le tour. La nuit ��tait sombre. Personne ne le voyait, et ?il ne se voyait pas lui-m��me!? En plein jour, peut-��tre ne f?t-il pas venu! En pleine nuit, il se sentait plus d'audace �� braver ses souvenirs.
Le voil�� donc, marchant d'un pas furtif, pareil �� un malfaiteur qui chercherait �� reconna?tre les abords d'une habitation dans laquelle il va porter la ruine, longeant les murs l��zard��s aux angles, tournant les coins dont l'ar��te effrit��e disparaissait sous les mousses, tatant de la main ces pierres ��branl��es, comme pour voir s'il restait encore un peu de vie dans ce cadavre de maison, ��coutant, enfin, si le coeur lui battait encore! Par derri��re, l'enclos ��tait plus obscur. Les obliques lueurs du croissant lunaire, qui disparaissait alors, n'auraient pu y arriver.
Nicolas Starkos avait lentement fait le tour. La sombre demeure gardait une sorte de silence inqui��tant. On l'e?t dite hant��e ou visionn��e. Il revint vers la fa?ade orient��e �� l'ouest. Puis, il s'approcha de la porte, pour la repousser si elle ne tenait que par un loquet, pour la forcer si le p��ne s'engageait encore dans la gache de la serrure.
Mais alors le sang lui monta aux yeux. Il vit ?rouge? comme on dit, mais rouge de feu. Cette maison, qu'il voulait visiter encore une fois, il n'osait plus y entrer. Il lui semblait que son p��re, sa m��re, allaient appara?tre sur le seuil, les bras ��tendus, le maudissant, lui, le mauvais fils, le mauvais citoyen, tra?tre �� la famille, tra?tre �� la patrie!
�� ce moment, la porte s'ouvrit avec lenteur. Une femme parut sur le seuil. Elle ��tait v��tue du costume maniote -- un jupon de cotonnade noire �� petite bordure rouge, une camisole de couleur sombre, serr��e �� la taille, sur sa t��te un large bonnet brunatre, enroul�� d'un foulard aux couleurs du drapeau grec.
Cette femme avait une figure ��nergique, avec de grands yeux noirs d'une vivacit�� un peu sauvage, un teint hal�� comme celui des p��cheuses du littoral. Sa taille ��tait haute, droite, bien qu'elle f?t ag��e de plus de soixante ans.
C'��tait Andronika Starkos. La m��re et le fils, s��par��s depuis si longtemps de corps et d'ame, se trouvaient alors face �� face.
Nicolas Starkos ne s'attendait pas �� se voir en pr��sence de sa m��re... Il fut ��pouvant�� par cette apparition.
Andronika, le bras tendu vers son fils, lui interdisant l'acc��s de sa maison, ne dit que ces mots d'une voix qui les rendait terribles, venant d'elle:
?Jamais Nicolas Starkos ne remettra le pied dans la maison du p��re!... Jamais!?
Et le fils, courb�� sous cette injonction, recula peu �� peu. Celle qui l'avait port�� dans ses entrailles le chassait maintenant comme on chasse un tra?tre. Alors il voulut faire un pas en avant... Un geste plus ��nergique encore, un geste de mal��diction, l'arr��ta.
Nicolas Starkos se rejeta en arri��re. Puis, il s'��chappa de l'enclos, il reprit le sentier de la falaise, il descendit �� grands pas, sans
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