LAffaire Lerouge | Page 5

Emile Gaboriau
bu la valeur de cinq �� six petits verres.
�� droite, le long du mur, ��taient appuy��es deux belles armoires de noyer �� serrures ouvrag��es, une de chaque c?t�� de la fen��tre. L'une et l'autre ��taient vides, et de tous c?t��s, sur le carreau, le contenu ��tait ��parpill��. C'��taient des hardes, du linge, des effets d��pli��s, secou��s, froiss��s.
Au fond, pr��s de la chemin��e, un grand placard renfermant de la vaisselle ��tait rest�� ouvert. De l'autre c?t�� de la chemin��e, un vieux secr��taire �� dessus de marbre avait ��t�� d��fonc��, bris��, mis en morceaux et fouill�� sans doute jusque dans ses moindres rainures. La tablette arrach��e pendait, retenue par une seule charni��re; les tiroirs avaient ��t�� retir��s et jet��s �� terre.
Enfin, �� gauche, le lit avait ��t�� compl��tement d��fait et boulevers��. La paille m��me de la paillasse avait ��t�� retir��e.
-- Pas la plus l��g��re empreinte, murmura G��vrol contrari��; il est arriv�� avant neuf heures et demie. Nous pouvons entrer sans inconv��nient maintenant.
Il entra et marcha droit au cadavre de la veuve Lerouge, pr��s duquel il s'agenouilla.
-- Il n'y a pas �� dire, grogna-t-il, c'est proprement fait. L'assassin n'est pas un apprenti.
Puis, regardant de droite et de gauche:
-- Oh! oh! continua-t-il, la pauvre diablesse ��tait en train de faire la cuisine quand on l'a frapp��e. Voil�� sa po��le par terre, du jambon et des oeufs. Le brutal n'a pas eu la patience d'attendre le d?ner. Monsieur ��tait press��, il a fait le coup le ventre vide. De la sorte il ne pourra pas invoquer pour sa d��fense la gaiet�� du dessert.
-- Il est ��vident, disait le commissaire de police au juge d'instruction, que le vol a ��t�� le mobile du crime.
-- C'est probable, r��pondit G��vrol d'un ton narquois, c'est m��me pour cela que vous n'apercevez pas sur la table le plus l��ger couvert d'argent.
-- Tiens! des pi��ces d'or dans ce tiroir! s'exclama Lecoq, qui furetait de son c?t��; il y en a pour trois cent vingt francs.
-- Par exemple! fit G��vrol un peu d��concert��.
Mais il revint vite de son ��tonnement et continua:
-- Il les aura oubli��es. On cite plus fort que cela. J'ai vu, moi, un assassin qui, le meurtre accompli, perdit si bien la t��te qu'il ne se souvint plus de ce qu'il ��tait venu faire et s'enfuit sans rien prendre. Notre gaillard aura ��t�� ��mu. Qui sait s'il n'a pas ��t�� d��rang��? On peut avoir frapp�� �� la porte. Ce qui me le ferait croire volontiers, c'est que le gredin n'a pas laiss�� br?ler la bougie, il s'est donn�� la peine de la souffler.
-- Bast! fit Lecoq, cela ne prouve rien. C'��tait peut-��tre un homme ��conome et soigneux.
Les investigations des deux agents continu��rent par toute la maison, mais les plus minutieuses recherches ne leur firent rien d��couvrir absolument, pas une pi��ce �� conviction, pas le plus faible indice pouvant servir de point de rep��re ou de d��part. M��me, tous les papiers de la veuve Lerouge, si elle en poss��dait, avaient disparu. On ne rencontra ni une lettre, ni un chiffon de papier, rien.
De temps �� autre, G��vrol s'interrompait pour jurer ou pour grommeler:
-- Oh! c'est cranement fait! voil�� de la besogne num��ro un. Le gredin a de la main!
-- Eh bien! messieurs? demanda enfin le juge d'instruction.
-- Refaits, monsieur le juge, r��pondit G��vrol, nous sommes refaits! Le sc��l��rat avait bien pris toutes ses pr��cautions. Mais je le pincerai... Avant ce soir j'aurai une douzaine d'hommes en campagne. D'ailleurs, il nous reviendra toujours. Il a emport�� de l'argenterie et des bijoux, il est perdu.
-- Avec tout cela, fit M. Daburon, nous ne sommes pas plus avanc��s que ce matin!
-- Dame! on fait ce qu'on peut, gronda G��vrol.
-- Saperlotte! dit Lecoq entre haut et bas, pourquoi le p��re Tirauclair n'est-il pas ici?
-- Que ferait-il de plus que nous? riposta G��vrol en lan?ant un regard furieux �� son subordonn��.
Lecoq baissa la t��te et ne souffla mot, enchant�� int��rieurement d'avoir bless�� son chef.
-- Qu'est-ce que ce p��re Tirauclair? demanda le juge d'instruction; il me semble avoir entendu ce nom-l�� je ne sais o��.
-- C'est un rude homme! s'exclama Lecoq.
-- C'est un ancien employ�� du Mont-de-Pi��t��, ajouta G��vrol; un vieux richard dont le vrai nom est Tabaret. Il fait de la police, comme Ancelin ��tait devenu garde du commerce, pour son plaisir.
-- Et augmenter ses revenus, remarqua le commissaire.
-- Lui! r��pondit Lecoq, il n'y a pas de danger. C'est si bien pour la gloire qu'il travaille que souvent il en est de sa poche. C'est un amusement, quoi! Nous l'avons, l��-bas, surnomm�� Tirauclair, �� cause d'une phrase qu'il r��p��te toujours. Ah! il est fort, le vieux matin! C'est lui qui, dans l'affaire de la femme de ce banquier, vous savez? a devin�� que la dame s'est vol��e elle-m��me, et qui l'a prouv��.
-- C'est vrai, riposta G��vrol. C'est aussi lui qui a failli faire couper le cou
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