LA. B. C. du libertaire | Page 6

Jules Lermina
beaucoup entendu parler, mon Camarade, de la prise au tas et de bon bourgeois se seront esclaff��s devant cette expression quelque peu vulgaire.
Il faut que le tas--collectif--des richesses produites soit assez consid��rable pour que tous y trouvent leur part l��gitime. Or que se passe-t-il aujourd'hui? Des gens, s'appuyant sur ce droit de propri��t�� et sur la constitution ill��gitime d'un capital, amassent pour eux--des tas--dans lesquels ils puisent au gr�� de leurs caprices, tandis que des millions d'hommes sont d��nu��s de tout.
Ils sont entour��s d'une horde de parasites qui repoussent, �� coups de lois et �� coups de fusil, ceux qui, mourant de faim, font mine de toucher �� ces provendes monstrueuses.
Ces capitalistes s'arrogent le droit de laisser pourrir des denr��es--c'est leur pouvoir absolu--alors que des centaines d'hommes en vivraient; ils sont les rois, ils sont les ma?tres, leur caprice est souverain, ils peuvent, quand ils le veulent, �� l'heure choisie par eux, d��cha?ner la mis��re et la famine sur la collectivit��.
Ce sont des propri��taires qui, de par des coutumes admises appuy��es sur la force, d��cident de la vie ou de la mort des masses prol��tariennes.
On a voulu nier que ce fussent les capitalistes et eux seuls qui d��cha?nent la guerre: quel int��r��t e?t le peuple allemand �� la guerre de 1870? La victoire a augment�� ce qu'on appelle les forces industrielles du pays, c'est-��-dire que se sont constitu��s un plus grand nombre de groupes capitalistes, fondant d'immenses ateliers, des docks, des usines o�� les mati��res n��cessaires �� la vie, pour ne parler que de celles-l��, sont l'objet de tripotages commerciaux qui en d��cuplent le prix et en rendent l'usage impossible aux prol��taires, parce que l'usinier, le grand industriel, loin de travailler pour la collectivit��, ne songe qu'�� s'enrichir lui-m��me--lui et ses actionnaires--au d��triment des consommateurs, c'est-��-dire de la grande masse.
Ces entreprises, nous dit-on, fournissent du travail �� des millions d'ouvriers: c'est r��el, seulement ce travail m��me auquel on est forc�� d'avoir recours donne lieu �� une r��mun��ration calcul��e si avarement que l'ouvrier y trouve �� peine de quoi ne pas mourir. Que lui importe la prosp��rit�� d'un pays qui ne se traduit que par des budgets imp��riaux ou des bilans de fortunes particuli��res, alors que lui-m��me est toujours pauvre, mis��rable et sacrifi��?
* * *
Qu'il se r��volte, qu'il s'empare des mati��res premi��res, des usines, qu'il les emploie au b��n��fice de la collectivit��, c'est la justice.
Mais la propri��t��, mais le capital ont de longue date pris leurs pr��cautions.
Donnant au groupement des propri��t��s le nom de patrie, ils ont su inspirer �� la foule une sorte de religieuse passion pour une entit�� invisible qu'ils abritent sous un symbole ridicule, le drapeau.
Le troupeau humain, b��te et sentimental, abruti depuis des si��cles par l'id��e de providence et de droits acquis, s'est laiss�� prendre �� cette fantasmagorie de mensonges, et il admire les arm��es, brillantes, bruyantes, violentes, qui ont pour mission de d��fendre les propri��t��s et les capitaux des accapareurs contre d'autres accapareurs non moins d��shonn��tes qu'eux-m��mes.
On invoque pour justifier l'id��e de patrie et l'existence des arm��es la n��cessit�� de la d��fense l��gitime: le raisonnement serait juste si les masses prol��tariennes ��taient appel��es au service militaire pour d��fendre un bien-��tre acquis et satisfaisant. Mais en est-il ainsi? Que telle nation en ��crase une autre, le r��gime propri��taire et capitaliste en sera-t-il modifi��, et la collectivit�� recouvrera-t-elle ses droits confisqu��s par les individus?
Point. Victorieuse ou vaincue, toute nation reste soumise au joug de l'exploitation capitaliste, et les arcs de triomphe qu'��l��vent les satisfaits ne sont pour la masse que les portes de l'enfer capitaliste.
Seule, la guerre sociale est juste.
Comprends bien, Camarade, je dis sociale--et non civile--parce que la lutte de la justice contre l'iniquit�� ne se renferme pas dans les limites d'un territoire d��fini: les exploit��s du capital--�� quelque nation qu'ils appartiennent--sont les adversaires des capitalistes de toutes les nations, sans exception.
La guerre qui a pour but la propri��t�� d'une ville, d'une province, d'un royaume est inique: est juste la guerre qui a pour but l'abolition des privil��ges, des exploitations et des sp��culations, la reprise de la terre et de ses produits pour la collectivit��.
Des alliances peuvent et doivent ��tre conclues entre les exploit��s de tous les pays--sans souci du nom g��ographique dont on les affuble--pour jeter bas l'immense et formidable Bastille qui, sous des milliers de formes diverses, symbolise la puissance propri��taire; la patrie du travailleur est partout o�� le droit r��gne, elle n'est pas l�� o�� l'iniquit�� est toute-puissante.
Il ne s'agit plus ici d'un territoire quelconque; la patrie a une signification plus haute et profond��ment humaine. Car la patrie de l'homme, c'est la terre toute enti��re et elle sera digne de ce titre, c'est-��-dire paternelle �� tous, quand, �� la suite d'efforts dont le succ��s ne rentre pas, quoi qu'on en ait dit, dans le domaine des utopies, la terre toute enti��re sera r��gie par
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