retour?... demanda Bruno.
--Il faut de toute n��cessit�� que je m'adresse �� mon ami K��raban!? r��pondit Van Mitten.
Voil�� qui n'��tait pas pour rassurer Bruno. Si son ma?tre revoyait le seigneur K��raban, s'il lui faisait part de son projet, il y aurait discussion, et Van Mitten ne serait pas le plus fort. Mais comment faire? S'adresser directement au jeune Ahmet? Non! ce serait inutile! Ahmet ne prendrait jamais sur lui de fournir �� Van Mitten les moyens d'abandonner son oncle! Donc il n y fallait point songer.
Enfin, voici ce qui fut d��cid�� entre le ma?tre et le serviteur, apr��s un long d��bat. On quitterait Poti en compagnie d'Ahmet, on irait rejoindre le seigneur K��raban �� la fronti��re turco-russe. L��, Van Mitten, sous pr��texte de sant��, en pr��vision des fatigues �� venir, d��clarerait qu'il lui serait impossible de continuer un pareil voyage. Dans ces conditions, son ami K��raban ne pourrait pas insister, et ne se refuserait pas �� lui donner l'argent n��cessaire pour qu'il p?t revenir par mer �� Constantinople.
?N'importe! pensa Bruno, une conversation �� ce sujet entre mon ma?tre et le seigneur K��raban, cela ne laisse pas d'��tre grave.?
Tous deux revinrent �� l'h?tel, o�� les attendait Ahmet. Ils ne lui dirent rien de leurs projets que celui-ci e?t sans doute combattus. On soupa, on dormit. Van Mitten r��va que K��raban le hachait menu comme chair �� pat��. On se r��veilla de grand matin, et l'on trouva �� la porte quatre chevaux pr��ts �� ?d��vorer l'espace?.
Une chose curieuse �� voir, ce fut la mine de Bruno, lorsqu'il fut mis en demeure d'enfourcher sa monture. Nouveaux griefs �� porter au compte du seigneur K��raban. Mais il n'y avait pas d'autre moyen de voyager. Bruno dut donc ob��ir. Heureusement, son cheval ��tait un vieux bidet, incapable de s'emballer, et dont il serait facile d'avoir raison. Les deux chevaux de Van Mitten et de Nizib n'��taient pas non plus pour les inqui��ter. Seul, Ahmet avait un assez fringant animal; mais, bon cavalier, il ne devait avoir d'autre souci que de mod��rer sa vitesse, afin de ne point distancer ses compagnons de route.
On quitta Poti �� cinq heures du matin. A huit heures, un premier d��jeuner ��tait pris dans le bourg de Nikolaja, apr��s une traite de vingt verstes, un second d��jeuner �� Kintryachi, quinze verstes plus loin, vers onze heures,--et, vers deux heures apr��s midi, Ahmet, apr��s une nouvelle ��tape de vingt autres verstes, faisait halte �� Batoum, dans cette partie du Lazistan septentrional qui appartient �� l'empire moscovite.
Ce port ��tait autrefois un port turc, tr��s heureusement situ�� �� l'embouchure du Tchorock, qui est le Bathys des anciens. Il est facheux que la Turquie l'ait perdu, car ce port, vaste, pourvu d'un bon ancrage, peut recevoir un grand nombre de batiments, m��me des navires d'un fort tirant d'eau. Quant �� la ville, c'est simplement un important bazar, construit en bois, que traverse une rue principale. Mais la main de la Russie s'allonge d��mesur��ment sur les r��gions transcaucasiennes, et elle a saisi Batoum comme elle saisira plus tard les derni��res limites du Lazistan.
L��, Ahmet n'��tait donc pas encore chez lui, comme il y e?t ��t�� quelques ann��es auparavant. Il lui fallut d��passer G��ni��h, �� l'embouchure du Tchorock, et, �� vingt verstes de Batoum, la bourgade de Makrialos, pour atteindre la fronti��re, dix verstes plus loin.
En cet endroit, au bord de la route, un homme attendait sous l'oeil peu paternel d'un d��tachement de Cosaques, les deux pieds pos��s sur la limite du sol ottoman, dans un ��tat de fureur plus facile �� comprendre qu'�� d��crire.
C'��tait le seigneur K��raban. Il ��tait six heures du soir, et depuis le minuit de la veille,--instant pr��cis o�� il avait ��t�� rendu �� la libert�� en dehors du territoire russe,--le seigneur K��raban ne d��col��rait pas.
Une assez pauvre cabane, batie au flanc de la route, mis��rablement habit��e, mal couverte, mal close, encore plus mal fournie de vivres, lui avait servi d'abri ou plut?t de refuge.
Une demi-verste avant d'y arriver, Ahmet et Van Mitten, ayant aper?u, l'un son oncle, l'autre son ami, avaient press�� leurs chevaux, et ils mirent pied �� terre �� quelques pas de lui.
Le seigneur K��raban, allant, venant, gesticulant, se parlant �� lui-m��me ou plut?t se disputant avec lui-m��me, puisque personne n'��tait l�� pour lui tenir t��te, ne semblait pas avoir aper?u ses compagnons.
?Mon oncle! s'��cria Ahmet en lui tendant les bras, pendant que Nizib et Bruno gardaient son cheval et celui du Hollandais, mon oncle!
--Mon ami!? ajouta Van Mitten. K��raban leur saisit la main �� tous deux, et montrant les Cosaques, qui se promenaient sur la lisi��re de la route:
?En chemin de fer! s'��cria-t-il. Ces mis��rables m'ont forc�� �� monter en chemin de fer! ... Moi! ... moi!?
Bien ��videmment, d'avoir ��t�� r��duit �� ce mode de locomotion, indigne d'un vrai Turc, c'��tait ce qui excitait chez le seigneur K��raban la plus
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