Jusqua lextrême regard, poésie | Page 4

Huguette Bertrand
démesure

sur les rives chaudes et parfumées du sommeil
quand mes pores se
tordent
dans la nuit peuplée de sueurs
de doux désirs entr'ouverts

entre le souffle et les ongles
Les bouches lasses se cueillent
devant la lune éclose

Demain est toujours un autre jour
qui nous suit pas à pas
dans les
décombres de la nuit
ses rêves immobiles sous l'oreiller
poursuivis
dans le plein des silences
qui charrient à distance les feux de l'âme

cette distance que l'oeil inonde
pour nettoyer les passions refoulées

dans les abîmes d'un poème qui ne veut pas se taire
un poème à la
mesure du coeur
aiguisé par la lenteur des heures à bout de cris

À l'approche de ton corps nu
ma chair goûte tes fièvres
de la courbe
de tes rêves à la pointe du vertige
et l'ivresse de mes lèvres déclenche
le délire
cette sauvage volupté
quand mon souffle te parcourt satiné
Se cambre ta raison
sous mes doigts agités
sans rancune
de laisser
échapper ce mouvement ondulé
cette vague
comme un spasme
au
bout du cri

L'amour veille dans le silence advenu
ce silence ému par le vertige
des jours
jours de peurs
jours des alentours défaits
jours qui
parlent tout bas
jours évidés des sens
jour dans la descente du jour

long cortège des jours abandonnés à leurs songes

Ce jour n'en peut plus de dormir si tard dans son lit
cette âme qui dort

tout bonnement dans sa nuit
un pan de nuit accrochée à la vie
quand
la vie se mesure à nos pas piétinés
quand la vie nous rassure dans le
délire des ombres
De toutes ses coutures elle craque
dans la charpie des heures

s'effiloche en petites rivières nocturnes
se rabat dans la dorure d'un
soleil emprisonné
dans un espace trop étroit
un espace de temps
trop vieux
que la main pose sur la détresse du jour

Le soleil me joue des tours
projette dans mon regard
les jours
étourdis par de trop grandes extases
accrochées au clou de mon âme

en attente du prochain soir violacé
Par une fenêtre du coeur
gémissent des musiques
des gestes
interrompus
dans ce piège adossé au réveil

Tu peux toujours croquer quelques mots pour déjeuner
pour
accrocher les soucis
dans l'oeil figé du temps qu'il fait dehors
les
branches tendues aux quatre vents

Quand un grand vent souffla sur la peau de l'automne
elle prit la fuite

et une chemise au hasard
en parlant de rentrer dans un portrait de
famille
sans parlure
sans ambiance
puis revint ranger cette
randonnée
là où elle l'avait laissée
juste sous le ciel étoilé de son lit
Elle rêvait tout simplement

Suite de nuits
que l'amour embrase de toute éternité
pourchassée
par le crime de n'être pas assouvie
quand le souffle brusquement
s'arrête
dans le regard plongé au coeur d'un arbre d'automne
comme

une bête blessée
fouettée par le vent
et toutes ses feuilles qui gisent
sur le sol défait
Vive mémoire emportée par les rafales du temps

Il pleut des joies dans mes yeux
des arcs-en-ciel sur mes épaules

des délires crachés par la mer
ramassés par une vague silencieuse
à
la lumière d'un vieux rêve taillé sur mesure
Il pleut des odeurs de cheminées
à l'image des hautes forêts
des
murmures échappés du rire
qui bousculent mon espace intime
pour
tuer la peur
ses durs reflets

Connectés à l'amour
aux cordes des guitares
celles trempées dans
l'acier de l'aujourd'hui
les lendemains paralysent le retour de quelques
larmes
appuyées sur les murs
des maisons de novembre
Que viennent les musiques à pleines mains
sur la portée du coeur

dans les sillons du jour accordés au plaisir d'être
enfin

Dans la blancheur de l'être
le coeur cultive un rêve abandonné dans
les couloirs de la nuit parmi les angles
et les assauts du regard

venus explorer les fractures de l'âme
ces traces fragiles qu'un silence
inonde

Froid comme un hiver
le bonheur se cherche un abri dans le bleuté
des nuits
porte le vague souvenir d'une main affolée
comme une
caresse sur l'éveil du jour
en attendant une brassée de coeurs flottants
L'amour et ses trouvailles
ont rendu la brise à l'hiver

Côté coeur
y a rien d'neuf
à part le feu qui ronge ma langue
quand
les jours se cachent dans l'ombre
Y a rien d'neuf au bout du jour
quand les images s'ensablent dans ma
mémoire
que les nuits brûlent sous ma peau
Y a rien d'neuf au bout d'la semaine
à part les bruits
les graffiti

mes pieds en tête au bout d'la rue
Y a rien d'neuf au bout du coeur
à part tes yeux
à part tes rêves

pour caresser le bout d'ma vie

Quand tes musiques folles m'écoutent trop longtemps
j'ai envie de
faire trembler le jour
qui se promène dans ma nuit
d'envoyer mon
âme en voyage
pour la faire durer
de chatouiller le soleil
en
faisant ma valise
d'écrire des mots d'avance
en cas de panne
te
parler au creux de mes phrases
te chuchoter mes souvenirs ramassés
en petits paquets d'émotions
À travers la buée de mes espérances
et la poussière des routes
je
m'abandonne dans un respir

Derrière les montagnes
on aperçoit des regards vagabonder çà et là

entre les arbres
comme des sourires prolongés
jusqu'au faîte de
l'âme
On aperçoit dans le tard des nuits
quelques espaces de tendresse

pour étouffer l'ennui
quand le coeur fauve vient s'échouer
aux
abords des yeux ensablés
par de trop longues heures d'attente
Les jours nous regardent dormir entre
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