Jusqua lextrême regard, poésie | Page 6

Huguette Bertrand
de sable fin arrachée aux plages
Entre des pieds acrobates?un vertige se répand sur le droit fil funambule

Les yeux assoupis dans une vague d'espoir?retournent au rivage?cette écume de l'émoi
Dérive des jours insensés vers l'ab?me des tendresses?où le galbe rocheux s'étale sur la surface des eaux?dans l'ébène du soir?d'un enfant infini projeté dans le regard de l'aube

Ce corps inou? emprisonne le soleil dans un doute?que supporte mal le ciel blafard
Ciel de tous les regards portés sur la chose?ciel enculé par des évidences?semences du ciel dans le ventre du passé?enfants éventrés dans les décharges du ciel?ciel baisé en silence par des nuits épousées?ciel de vie détrempée dans la sueur des jours
De feu de sang?le ciel me désire

Après maints combats?le coeur essoufflé s'endort ensoleillé?porte en moi ce plaisir de br?ler dans l'ombre
Ces seules lignes décochées sur la cible?ressemblent à une co?ncidence?quand la raison perd la tête
Posez un timbre de voix sur le mot?envoyez cette bizarrerie au hasard?comme un mot d'amour à la mer

Assoupis?des fragments d'été br?lent sous la peau?comme une promesse aux herbes folles?dans un corps à corps avec les étoiles
Lents mouvements inclinés sur l'ame affamée?suspendue sur un mur de glace?dans lequel résonne un cri d'enfant?assassiné par de trop longues années

Où veux-tu que je dépose mes caresses?lorsque la lune est rouge?lorsque mon cri échevelé vient te dire que l'amour fermente sous le lichen lorsque tu danses près d'un gouffre de lumière?lorsque tu marches sur des plages garnies d'apothéoses et de galets hors saison lorsque la mer me confie son silence me propose ses regrets comme la terre ses alarmes lorsque tu ruisselles sous l'écorce de tes nuits inventées?lorsque je traverse le pont de tes rires téméraires?lorsque enfin nos mains fleurissent sous un grand pin argenté

Dans les chairs roses du ciel?une lune magique pose sous le regard des jours irrités par la rage des heures folles
Heures de plomb à l'épaule?heures des portes battantes?heures tranchées dans le sens du cadavre?heures lacérées par les visages fuyants?heures déshabillées dans un respir?heures qui se bousculent à la porte des foules?heures bleues heures grises comme des pierres étranglées?vive douleur des heures incendiées?heures fragiles et nues dans les chairs roses du ciel

Votre folie m'habille comme un gant?si près de la lumière?si près des heures libérées par la foudre de vos rires en relief sur mes mots éventrés par les silences?les oubliances que je suis?à même ce jour?imprégnée d'alliances?d'enfances étalées sur mes crépuscules?ce foutu mensonge

J'ai les écluses fragiles dans le regard de l'aube?quand mes mains s'abandonnent au vertige des mots?devant ce phare absent?devant l'image rebelle d'une nuit furieuse?pluvieuse

Au passage?les baisers creusent des habitudes au hasard des fatigues?lèchent le destin étroit d'un visage oublié dans le givre des heures visage abandonné sous le doux regard d'une étoile lointaine quand la fête déjoue les ruses d'un soir exténué

Une promesse de chairs odorantes provoque des printemps délurés des échanges de rêves effrontés?derrière une foule triste?essuie gestes et marées sur les visages à portée de l'esclave

Sur ma page?des mots ondulés me respirent jusqu'au sein du rêve?me ramènent au coeur des choses?à travers le cristallin de l'ame?ses ébats?dans la chaleur des sexes poétiques?évanouis comme des mystères déraisonnables

Un cheptel de mots avance lentement?vers l'écrin fertile de mes pensées?en meuglant des souvenirs désespérés?sous le dernier quartier d'une lune d'hiver

Ce brasier du coeur br?le les ailes d'un horizon étonné?invente des poursuites?dans la brousse des prunelles?des déesses éplorées
Femmes de bois?fibres de terre?de sang trop m?r?assises sur l'humus des ages sacrés?fian?ailles englouties dans un bleu éternel

Frémissante?elle reconna?t les cris?comme une exaltation secrète de la source?ses passions qu'elle boit à même la bouche des échos rythmés des instants convertis à l'être?autrefois bafoués?sans mémoire?rejette par ses paumes entrouvertes?la raison trébuchante?qu'aucune foi ne peut atteindre?dans l'aube assassinée

Il fait jaune feu dehors?à travers les arbres déchus et mauves?devant ce jour poudré d'indifférence?égaré dans le vin de l'aube?ennivrée
Comme un rendez-vous avec la mémoire?ce feu à c?té de moi?me projette dans le plein des choses à écrire
Tranquillement demain me lira?apaisera le fer à 23 heures pile?mais comment en être s?re ?

Une mémoire constellée glane les langues assoiffées?mystère des mots sanctifiés par le poète?sous l'emprise d'un verre offert?pour évaporer les désirs inconscients de l'être?dévorantes failles engorgées de désirs?décapsulés?bus jusqu'à la lie

Au coeur de l'essentiel?le silence mijote des réponses?condamnées à éblouir les peurs?à hauteur du vrai?en ce jour dessiné?inévitable
Le coeur aux aguets

Rage folle des amours punitives?doux labeur de questions pour nos ames affamées
Rage folle des amours démembrées?par les jours indomptés d'un coeur fauve insondable
Rage folle des amours déchiquetées?ensevelies sous les bruits de nos pas inévitables
Rage folle des amours libertaires?abandonnées dans un cri

Cette femme désertique apprend en silence?mais le silence ne lui répond pas
Elle se chuchote les mots amoureux du temps?répand ses cris en rafales?sur des tissus brodés d'étoiles?retenant la pluie d'un visage abruti
Elle rêve?elle rêve aux doux gémissements amarrés au quai d'un grand lit sème sur des pierres?les fines herbes de son coeur éclaté
Abandonnée devant un soleil trop pur?la joie
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