Journaux intimes | Page 8

Charles Baudelaire
compris par les gens de mon temps.
12.
Sentiment de solitude, d��s mon enfance. Malgr�� la famille, - et au milieu des camarades, surtout, - sentiment de destin��e ��ternellement solitaire.
Cependant, go?t tr��s vif de la vie et du plaisir.
VIII 13.
Presque toute notre vie est employ��e �� des curiosit��s niaises. En revanche il y a des choses qui devraient exciter la curiosit�� des hommes au plus haut degr��, et qui, �� en juger par leur train de vie ordinaire, ne leur en inspirent aucune.
O�� sont nos amis morts?
Pourquoi sommes-nous ici?
Venons-nous de quelque part?
Qu'est-ce que la libert��?
Peut-elle s'accorder avec la loi providentielle?
Le nombre des ames est-il fini ou infini?
Et le nombre des terres habitables?
Etc., etc.
14.
Les nations n'ont de grands hommes que malgr�� elles. Donc le grand homme est vainqueur de toute sa nation.
Les religions modernes ridicules
Moli��re.
B��ranger.
Garibaldi.
IX 15.
La croyance au progr��s est une doctrine de paresseux, une doctrine de Belges. C'est l'individu qui compte sur ses voisins pour faire sa besogne.
Il ne peut y avoir de progr��s (vrai, c'est-��-dire moral) que dans l'individu et par l'individu lui-m��me.
Mais le monde est fait de gens qui ne peuvent penser qu'en commun, en bandes. Ainsi les Soci��t��s belges.
Il y a aussi des gens qui ne peuvent s'amuser qu'en troupe. Le vrai h��ros s'amuse tout seul.
16.
��ternelle sup��riorit�� du Dandy.
Qu'est-ce que le Dandy?
X 17.
Mes opinions sur le th��atre. Ce que j'ai toujours trouv�� de plus beau dans un th��atre, dans mon enfance et encore maintenant, c'est le lustre, - un bel objet lumineux, cristallin, compliqu��, circulaire et sym��trique.
Cependant, je ne nie pas absolument la valeur de la litt��rature dramatique. Seulement, je voudrais que les com��diens fussent mont��s sur des patins tr��s hauts, portassent des masques plus expressifs que le visage humain, et parlassent �� travers des porte-voix; enfin que les r?les de femmes fussent jou��s par des hommes.
Apr��s tout, le lustre m'a toujours paru l'acteur principal, vu �� travers le gros bout ou le petit bout de la lorgnette.
18.
Il faut travailler, sinon par go?t, au moins par d��sespoir, puisque, tout bien v��rifi��, travailler est moins ennuyeux que s'amuser.
XI 19.
Il y a dans tout homme, �� toute heure, deux postulations simultan��es, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation �� Dieu, ou spiritualit��, est un d��sir de monter en grade; celle de Satan, ou animalit��, est une joie de descendre. C'est �� cette derni��re que doivent ��tre rapport��es les amours pour les femmes et les conversations intimes avec les animaux, chiens, chats, etc.
Les joies qui d��rivent de ces deux amours sont adapt��es �� la nature de ces deux amours.
20
Ivresse d'Humanit��. Grand tableau �� faire:
Dans le sens de la charit��.
Dans le sens du libertinage.
Dans le sens litt��raire, ou du Com��dien.
XII 21.
La question (torture) est, comme art de d��couvrir la v��rit��, une niaiserie barbare; c'est l'application d'un moyen mat��riel �� un but spirituel.
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La peine de Mort est le r��sultat d'une id��e mystique, totalement incomprise aujourd'hui. La peine de Mort n'a pas pour but de sauver la soci��t��, mat��riellement du moins. Elle a pour but de sauver (spirituellement) la soci��t�� et le coupable. Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu'il y ait assentiment et joie de la part de la victime. Donner du chloroforme �� un condamn�� �� mort serait une impi��t��, car ce serait lui enlever la conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les chances de gagner le Paradis.
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Quant �� la torture, elle est n��e de la partie infame du coeur de l��homme, assoiff�� de volupt��s. Cruaut�� et volupt��, sensations identiques, comme l��extr��me chaud et l��extr��me froid.
XIII 22.
Ce que je pense du vote et du droit d'��lections. Des droits de l'homme. Ce qu'il y a de vil dans une fonction quelconque.
Un Dandy ne fait rien.
Vous figurez-vous un Dandy parlant au peuple, except�� pour le bafouer?
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Il n'y a de gouvernement raisonnable et assur�� que l'aristocratique.
Monarchie ou r��publique, bas��es sur la d��mocratie, sont ��galement absurdes et faibles.
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Immense naus��e des affiches.
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Il n'existe que trois ��tres respectables:
Le pr��tre, le guerrier, le po��te. Savoir, tuer et cr��er.
Les autres hommes sont taillables et corv��ables, faits pour l'��curie, c'est-��-dire pour exercer ce qu'on appelle des professions.
XIV 23.
Observons que les abolisseurs de la peine de mort doivent ��tre plus ou moins int��ress��s �� l'abolir.
Souvent ce sont des guillotineurs. Cela peut se r��sumer ainsi: ?Je veux pouvoir couper ta t��te; mais tu ne toucheras pas �� la mienne?.
Les abolisseurs d'ames (mat��rialistes) sont n��cessairement des abolisseurs d'enfer; ils y sont �� coup s?r int��ress��s.
Tout au moins ce sont des gens qui ont peur de revivre, - des paresseux.
24.
Madame de Metternich, quoique princesse, a oubli�� de me r��pondre �� propos de ce que j'ai dit d'elle et de Wagner.
Moeurs du 19e si��cle.
XV 25.
Histoire de ma traduction d'Edgar Poe.
Histoire des Fleurs du Mal, humiliation par le malentendu, et mon proc��s.
Histoire de mes rapports avec tous les hommes c��l��bres de ce temps.
Jolis portraits de quelques imb��ciles: Cl��ment de Ris. Castagnary.
Portraits de magistrats,
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