Journaux intimes | Page 4

Charles Baudelaire
travail, si petit qu��il soit, mais continu.
Si un po��te demandait �� l����tat le droit d��avoir quelques bourgeois dans son ��curie, on serait fort ��tonn��, tandis que si un bourgeois demandait du po��te r?ti, on le trouverait tout naturel.
Ce livre ne pourra pas scandaliser mes femmes, mes filles, ni mes soeurs.
Tant?t il lui demandait la permission de lui baiser la jambe, et il profitait de la circonstance pour baiser cette belle jambe dans telle position qu��elle dessinat son contour sur le soleil couchant.
Minette, minoutte, minouille, mon chat, mon loup, mon petit singe, grand singe, grand serpent, mon petit ane m��lancolique. De pareils caprices de langue, trop r��p��t��s, de trop fr��quentes appellations bestiales t��moignent d��un c?t�� satanique dans l��amour; les satans n��ont-ils pas des formes de b��tes? Le chameau de Cazotte, -- chameau, Diable et femme. Un homme va au tir au pistolet, accompagn�� de sa femme. -- Il ajuste une poup��e, et dit �� sa femme: Je me figure que c��est toi. -- Il ferme les yeux et abat la poup��e. -- Puis il dit en baisant la main de sa compagne: Cher ange, que je te remercie de mon adresse! Quand j��aurai inspir�� le d��go?t et l��horreur universels, j��aurai conquis la solitude. Ce livre n��est pas fait pour mes femmes, mes filles et mes soeurs. -- J��ai peu de ces choses. Il y a des peaux carapaces avec lesquelles le m��pris n��est plus un plaisir. Beaucoup d��amis, beaucoup de gants, -- de peur de la gale. Ceux qui m��ont aim�� ��taient des gens m��pris��s, je dirais m��me m��prisables, si je tenais �� flatter les honn��tes gens. Dieu est un scandale, -- un scandale qui rapporte.
XII
Ne m��prisez la sensibilit�� de personne. La sensibilit�� de chacun, c��est son g��nie. Il n��y a que deux endroits o�� l��on paye pour avoir le droit de d��penser, les latrines publiques et les femmes. Par un concubinage ardent, on peut deviner les jouissances d��un jeune m��nage. Le go?t pr��coce des femmes. Je confondais l��odeur de la fourrure avec l��odeur de la femme. Je me souviens... Enfin, j��aimais ma m��re pour son ��l��gance. J����tais donc un dandy pr��coce. Mes anc��tres, idiots ou maniaques, dans des appartements solennels, tous victimes de terribles passions. Les pays protestants manquent de deux ��l��ments indispensables au bonheur d��un homme bien ��lev��, la galanterie et la d��votion. Le m��lange du grotesque et du tragique est agr��able �� l��esprit comme la discordance aux oreilles blas��es. Ce qu��il y a d��enivrant dans le mauvais go?t, c��est le plaisir aristocratique de d��plaire. L��Allemagne exprime la r��verie par la ligne, comme l��Angleterre par la perspective. Il y a dans l��engendrement de toute pens��e sublime une secousse nerveuse qui se fait sentir dans le cervelet. L��Espagne met dans la religion la f��rocit�� naturelle de l��amour.
STYLE. La note ��ternelle, le style ��ternel et cosmopolite. Chateaubriand, Alph. Rabbe, Edgar Poe.
XIII
SUGGESTIONS Pourquoi les d��mocrates n��aiment pas les chats, il est facile de le deviner. Le chat est beau; il r��v��le des id��es de luxe, de propret��, de volupt��, etc...
Un peu de travail, r��p��t�� trois cent soixante-cinq fois, donne trois cent soixante-cinq fois un peu d��argent, c��est-��-dire une somme ��norme. En m��me temps, la gloire est faite.
De m��me, une foule de petites jouissances composent le bonheur.
Cr��er un poncif, c��est le g��nie. Je dois cr��er un poncif.
Le concetto est un chef-d��oeuvre.
Le ton Alphonse Rabbe. Le ton fille entretenue (Ma toute-belle! Sexe volage!). Le ton ��ternel. Coloriage, cru, dessin profond��ment entaill��. La prima Donna et le gar?on boucher.
Ma m��re est fantastique; il faut la craindre et lui plaire.
L��orgueilleux Hildebrand. C��sarisme de Napol��on III. (Lettre �� Edgar Ney). Pape et Empereur.
XIV
SUGGESTIONS. Se livrer �� Satan, qu��est-ce que c��est?
Quoi de plus absurde que le Progr��s, puisque l��homme, comme cela est prouv�� par le fait journalier, est toujours semblable et ��gal �� l��homme, c��est-��-dire toujours �� l����tat sauvage. Qu��est-ce que les p��rils de la for��t et de la prairie aupr��s des chocs et des conflits quotidiens de la civilisation? Que l��homme enlace sa dupe sur le Boulevard, ou perce sa proie dans des for��ts inconnues, n��est-il pas l��homme ��ternel, c��est-��-dire l��animal de proie le plus parfait? -- On dit que j��ai trente ans; mais si j��ai v��cu trois minutes en une... n��ai-je pas quatre-vingt-dix ans? ... Le travail, n��est-ce pas le sel qui conserve les ames momies? D��but d��un roman, commencer un sujet n��importe o�� et, pour avoir envie de le finir, d��buter par de tr��s belles phrases.
XV
Je crois que le charme infini et myst��rieux qui g?t dans la contemplation d��un navire en mouvement, tient, dans le premier cas, �� la r��gularit�� et �� la sym��trie qui sont un des besoins primordiaux de l��esprit humain, au m��me degr�� que la complication et l��harmonie, -- et, dans le second cas, �� la multiplication et �� la g��n��ration de toutes les courbes et figures imaginaires op��r��es dans l��espace par
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 17
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.