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Journaux intimes
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Title: Journaux intimes
Author: Charles Baudelaire
Release Date: October 19, 2004 [EBook #13792]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Charles Baudelaire
JOURNAUX INTIMES FUSéES - MON COEUR MIS à NU
FUSéES (Première partie des journaux intimes)
Table des matières
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV
I
Quand même Dieu n’existerait pas, la Religion serait encore Sainte et Divine.
Dieu est le seul être qui, pour régner, n’ait même pas besoin d’exister.
Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière.
L’amour, c’est le go?t de la prostitution. Il n’est même pas de plaisir noble qui ne puisse être ramené à la Prostitution.
Dans un spectacle, dans un bal, chacun jouit de tous.
Qu’est-ce que l’art? Prostitution.
Le plaisir d’être dans les foules est une expression mystérieuse de la jouissance de la multiplication du nombre.
Tout est nombre. Le nombre est dans tout. Le nombre est dans l’individu. L’ivresse est un nombre.
Le go?t de la concentration productive doit remplacer, chez un homme m?r, le go?t de la déperdition. -
L’amour peut dériver d’un sentiment généreux: le go?t de la prostitution; mais il est bient?t corrompu par le go?t de la propriété. L’amour veut sortir de soi, se confondre avec sa victime, comme le vainqueur avec le vaincu, et cependant conserver des privilèges de conquérant.
Les voluptés de l’entrepreneur tiennent à la fois de l’ange et du propriétaire. Charité et férocité. Elles sont même indépendantes du sexe, de la beauté et du genre animal.
Les ténèbres vertes dans les soirs humides de la belle saison.
Profondeur immense de la pensée dans les locutions vulgaires, trous creusés par des générations de fourmis.
Anecdote du chasseur, relative à la liaison intime de la férocité et de l’amour.
II
De la féminéité de l’Eglise, comme raison de son omnipuissance. De la couleur violette (amour contenu, mystérieux, voilé, couleur de chanoinesse).
Le prêtre est immense parce qu’il fait croire à une foule de choses étonnantes. Que l’église veuille tout faire et tout être, c’est une loi de l’esprit humain. Les peuples adorent l’autorité. Les prêtres sont les serviteurs et les sectaires de l’imagination. Le tr?ne et l’autel, maxime révolutionnaire.
E. G. ou la SéDUISANTE AVENTURIèRE
Ivresse religieuse des grandes villes. — Panthéisme. Moi, c’est tous; Tous, c’est moi. Tourbillon.
III
Je crois que j’ai déjà écrit dans mes notes que l’amour ressemblait fort à une torture ou à une opération chirurgicale. Mais cette idée peut être développée de la manière la plus amère. Quand même les deux amants seraient très épris et très pleins de désirs réciproques, l’un des deux sera toujours plus calme ou moins possédé que l’autre. Celui-là, ou celle-là, c’est l’opérateur, ou le bourreau; l’autre, c’est le sujet, la victime. Entendez-vous ces soupirs, préludes d’une tragédie de déshonneur, ces gémissements, ces cris, ces rales? Qui ne les a proférés, qui ne les a irrésistiblement extorqués? Et que trouvez-vous de pire dans la question appliquée par de soigneux tortionnaires? Ces yeux de somnambule révulsés, ces membres dont les muscles jaillissent et se roidissent comme sous l’action d’une pile galvanique, l’ivresse, le délire, l’opium, dans leurs plus furieux résultats, ne vous en donneront certes pas d’aussi affreux, d’aussi curieux exemples. Et le visage humain, qu’Ovide croyait fa?onné pour refléter les astres, le voilà qui ne parle plus qu’une expression d’une férocité folle, ou qui se détend dans une espèce de mort. Car, certes, je croirais faire un sacrilège en appliquant le mot: extase à cette sorte de décomposition.
-- épouvantable jeu où il faut que l’un des joueurs perde le gouvernement de soi-même! Une fois il fut demandé devant moi en quoi consistait le plus grand plaisir de l’amour. Quelqu’un répondit naturellement: à recevoir, -- et un autre: à se donner. -- Celui-ci dit: plaisir d’orgueil! -- et celui-là: volupté d’humilité! Tous ces orduriers parlaient comme l’Imitation de Jésus-Christ. -- Enfin il se trouva un impudent utopiste qui affirma que le plus grand plaisir de l’amour était de former des citoyens pour la patrie.
Moi je dis: la volupté unique et suprême de l’amour g?t dans la certitude de faire le mal. -- Et l’homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve toute volupté.
IV
PLANS. PROJETS -- La Comédie à la Silvestre. Barbara et le Mouton. -- Chenavard a créé un type surhumain. -- Mon voeu à Levaillant. -- Préface, mélange de mysticité et d’engouement. Rêve et théorie du Rêve à la Swedenborg.
La pensée
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