l'éternelle invitation à la tasse, font vaguement rêver à un Horace de Rotterdam.
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--La méchanceté dans l'amour, que cette méchanceté soit physique ou morale, est le signe de la fin des sociétés.
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--Le journal a tué le salon, le public a succédé à la société.
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--Il en est des petites filles jolies trop jeunes, comme de ces journées où il fait beau trop matin.
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--Dernièrement, le fils d'une femme du peuple a quitté la maison de commerce où il était, en disant que c'était ?un état où on ne parlait jamais de vous?.
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J'ai peur de l'avenir d'un siècle où tout le monde voudra avoir une carrière de vanité et de bruit.
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_1er février_.--Quelqu'un nous dit qu'on nous joue à Montparnasse. Une curiosité d'enfant nous fait monter dans un fiacre, nous cahotant dans des rues obscures qui n'en finissent pas. Puis tout à coup le gaz flambant de patisseries, de charcuteries, de marchands de vin, de cafés. Un théatre d'où sortent des hommes en blouse, et des femmes qui remettent à la porte leurs sabots sur leurs chaussons. Dans la salle un public moitié composé d'ouvriers et de portiers retraités de leurs cordons.
Nous avons d'abord vu jouer la CHAMBRE ARDENTE, où, quand la Brinvilliers empoisonne, j'entends des femmes derrière moi lacher: _La garce!_ Un enfant est fort curieux de savoir si on verra Henri IV dans la pièce, et le demande plusieurs fois avec instance à sa mère. Au fond un public na?f sur lequel la pièce historique exerce une fascination. Car c'est incontestable, les costumes du passé, de grands noms vaguement entendus et le lointain d'une ancienne époque, imposent au peuple et le pénètrent d'un respect religieux qu'il n'a pas pour les drames qu'il coudoie, pour les personnages de son temps.
Enfin on nous joue. Tomber du Théatre-Fran?ais à Montparnasse, à ces voix cassées par les petits verres, à ces habits d'écrivain public au dos de vos jeunes premiers, à ces inintelligences du dire... enfin à la caricature de la merveilleuse mise en scène qui a été. C'est curieux... On reste même auteur là, on sent son coeur se porter en avant dans la poitrine, comme pour porter secours à ces mauvais cabots, à leur mémoire qui trébuche, aux estropiements imbéciles de votre style... Le public m'a paru tout prendre assez bien. Il a un peu ri seulement au mot de la mère à sa fille: ?C'est à moi, ?a!? J'aurais mis: ?Tu es à moi, mon trésor? qu'il aurait été ravi,--absolument, disons-le, comme le public des Fran?ais. Il se passera en effet encore bien du temps avant que le mot vrai ne tue le canaille du mot noble.
En sortant de la chose représentée dans ces conditions, j'ai entendu un ouvrier dire: ??a ne fait rien, ?a doit être joliment le chic du grand monde!?
Au fond, nous avons souffert tout le temps, comme un homme qui verrait tutoyer sa ma?tresse, chez un marchand de vin, par des hommes de barrière.
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--Il y a une certaine couleur raisin de Corinthe, qui para?t affectée aux redingotes des vieux acteurs.
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--Apprendre à voir est le plus long apprentissage de tous les arts.
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--Il est de si petits historiens de grandes choses, qu'ils font penser à ces hu?tres qui attestent un déluge.
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--La femme a été constituée par Dieu la garde-malade de l'homme. Son dévouement ne surmonte pas le dégo?t, il l'ignore.
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--Tous les c?tés forts du jeune homme, aujourd'hui tournés vers l'intrigue, la fortune, la carrière, étaient tournés autrefois vers ou contre la femme. Toute vanité, toute ambition, toute intelligence, toute fermeté et résolution d'action et de plan: ?a allait à l'amour.
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--Un homme qui a dans le visage quelques traits de don Quichotte, a quelque chose de sa noblesse d'ame.
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--On n'a pas assez remarqué, combien il arrive souvent que les fils des pères--malheureux--sont les portraits de leurs pères. Leurs mères semblent les avoir con?us, dans la pensée fixe et peureuse de l'image du mari qu'elles trompaient. Ils ressemblent à leur père, comme l'enfant de la peur d'une petite fille ressemblerait à Croquemitaine.
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--Le XIXe siècle est à la fois le siècle de la Vérité et de la Blague. Jamais on n'a plus menti ni plus cherché le vrai.
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--L'assassinat politique est la mise en jeu du plus grand sentiment héro?que des temps modernes. Et quand il réussit, n'est-ce pas très souvent l'économie d'une révolution par le dévouement d'un seul? Et enfin, l'assassin politique, n'est-ce pas un monsieur qui se met à la place du bon Dieu, volant pour signer l'histoire d'un temps, la griffe de la
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