mariées à des peintres portraitistes.
Là-dessus, la jolie Mme... se trouvant là, disait: ?Moi, je fais un peu la police!?
Et elle racontait, que, tout dernièrement, une femme de la meilleure société, ayant deux enfants, au milieu de la pose, s'était couchée sur un divan, et s'était mise à dire de telles choses, que sortant de derrière un rideau, où elle était cachée, elle lui avait dit: ?Madame, après la conversation que vous venez d'avoir avec mon mari, vous n'avez qu'à mettre votre chapeau, et à vous en aller.
--Bon! répondait la femme du monde à la femme du peintre, vous croyez peut-être que je suis amoureuse de votre mari.
--Non pas de mon mari... mais du vice... Allons, ouste!?
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Samedi 26 mars.--Ce soir, passé la soirée sur la scène de l'Odéon, à voir jouer GERMINIE LACERTEUX, tant?t assis sur la cheminée de la chambre de Mlle de Varandeuil, tant?t sur le lit d'h?pital de Germinie, tout en causant avec Guenon, qui me fait remarquer sur un morceau de papier blanc, collé sur un portant, la désignation des tableaux de la pièce en la dénomination des machinistes, et où les trois tableaux, où Mlle de Varandeuil joue le r?le principal, portent le titre: La vieille.
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Samedi 2 avril.--Le vrai bon théatre, c'est une émotion ou une ga?té procurée n'importe comment. Et ils existent des gens qui, dans leurs feuilletons, font des traités sur le véritable art dramatique,--eux qui admirent à la fois Molière et Scribe, les fabricateurs les plus dissemblables dans la composition d'une pièce.
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Dimanche 3 avril.--Je cause avec M. Blanc, le fils de Mme Bentzon, de la Revue des Deux Mondes, de ses voyages en Afrique, de son voyage en Sibérie et dans le nord de la Chine, qui a duré un an; et sa conversation est des plus intéressantes.
Dans un voyage en Asie, il a fait la découverte et l'achat d'une soixantaine de manuscrits, parmi lesquels, il y a une ?Vie d'Alexandre? non plus écrite cette fois, par ceux que, selon son expression, _il avait derrière lui_, mais par ceux, qu'il avait devant lui, par ses ennemis. Parmi ces manuscrits se trouvent encore trois biographies de Tamerlan, qui tout en faisant, un jour, massacrer cent mille hommes, se fit enterrer aux pieds de son ma?tre de philosophie.
Et le voyageur parle de ces populations de Samarcande, de ces populations calomniées par les Persans, de ces populations lettrées, amoureuses de discussions littéraires, et où il a vu un individu soudainement poser une fiche en terre, portant l'annonce d'une thèse philosophique qu'il allait soutenir, et les passants et les vendeurs du marché, abandonnant leurs choses à vendre, pour se mêler à la discussion. Il parle encore de son séjour, près d'un mois, sur les hauts plateaux, où dans ces altitudes, près desquelles le Mont-Blanc est une plaisanterie, il avait des saignements de nez, comme en ont eu Biot et Gay-Lussac, dans leurs ascensions en ballon.
Puis revenant à ces quatre années, passées en Afrique--où il n'y a pas cependant l'intérêt historique des voyages d'Asie--il dit que le voyage n'a un charme que dans les pays, où le voyageur rencontre la lumière, la chaleur, la ga?té des soleils levants, et que dans le froid, quelque intérêt qu'ait le voyage, il est toujours triste.
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Mercredi 6 avril.--C'est particulier, comme les mots qui ne sont pas de la langue courante, les mots un peu énigmatiques pour les cervelles sans éducation: les gens du peuple les aiment, les affectionnent, les recherchent; et l'amusant, c'est que ces mots, toujours dans leur bouche, sont défigurés, dénaturés, risibles. Il y a en bas une ouvrière extraordinaire dans ce genre, et qui disait tout à l'heure concunivence pour connivence.
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Mercredi 13 avril.--Après d?ner, on cause de l'élection de Loti, et le commandant Brunet, qui est venu s'asseoir à c?té de moi, rendant complètement justice à l'évocateur des climats, qu'est Loti, trouve, comme moi, ses marins un peu conventionnels, et manquant d'un certain nombre de choses, faisant leur caractère, et de l'orgueil de leur profession.
à ce sujet, il me conte cette curieuse anecdote. C'était lors du siège de Sébastopol, et à ce moment, où l'on avait organisé des représentations théatrales, pour tenir un peu en joie les marins de la flotte. Il faisait une de ces admirables nuits d'Orient, décrites par Loti. Et le commandant Brunet se promenait sur le pont, pendant son quart, quand il faisait signe de venir causer avec lui à un ma?tre timonier, faisant son quart de l'autre c?té du bord. Il était un rien en relations avec lui, parce que ce ma?tre timonier était l'impresario des représentations théatrales sur les batiments.
Et les deux hommes causaient dans la belle nuit, et M. Brunet lui parlant amicalement de son sort, l'autre lui disait: ?Moi je me
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