femmes vont sécher les semelles de leurs bottines mouillées, montrant des bas écossais et des pantalons brodés, en se soutenant par la taille avec des gestes de caresse: groupe au milieu fait par la charmante Mme G..., dans une de ces blanches toilettes anglaises, que Gravelot donne, en ses vignettes, à ses héro?nes de romans. Et au dessert, ce sont des jeux de cache-cache de petites filles, et des parties de main-chaude, où il faut deviner le nom de la bouche, qui vous embrasse la main.
Et le murmure de la rivière, et les fanfares lointaines des trompes de chasse se rapprochant, et les poursuites aériennes des femmes, passant brusquement de la lumière dans l'ombre, et de l'ombre dans la lumière, donnent à cette partie de plaisir dans la nuit, avec cette musique de ballade, un rien de fantastique.
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Jeudi 8 ao?t.--Voici la vie de l'aristocratie de cette petite ville. On se réunit, à quatre heures, dans un grand jardin, dont la porte reste ouverte, jusqu'à sept heures. Un joli endroit, au bord de la Seine, où sous de grands arbres ombreux, penchés sur la rivière, et portant, au milieu de leurs feuilles, des cale?ons qui sèchent, l'on voit passer entre les branches, dans l'ensoleillement de l'eau, tant?t une barque remplie de robes claires, tant?t le bonnet de toile cirée et le talon rose d'une femme qui nage.
Là, viennent le Président du Tribunal, des juges, un sous-préfet dégommé, le commandant de gendarmerie, le receveur particulier, un forestier, des avoués, de petits jeunes gens, et tout le monde cancane, potine, parle de l'article du Nouvelliste de l'endroit, ridiculise le commissaire de police... Puis, le soir, dans le petit cercle, où l'on monte par une espèce d'échelle, et qui a pour garniture de cheminée de son salon, des chandeliers représentant Robert Macaire et Bertrand, en galvanoplastie, ce sont les mêmes potins et les mêmes cancans qui remplissent, dans la bouche des mêmes personnes, les heures de la soirée jusqu'à minuit.
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Lundi 12 ao?t.--Visite de l'ancien chateau de Riceys, possédant la plus belle allée de platanes que j'aie jamais vue: une allée de ces arbres à peau de serpent, qui fait ici une ogive verte de 120 pieds au-dessus de votre tête, et cela dans la longueur de trois cathédrales.
M. de Zeddes, le chatelain, après nous avoir promenés dans tout l'immense chateau, où l'architecture Louis XV se greffe sur la Renaissance, et où le jour entre par des fenêtres de tous les siècles, nous fait monter dans les greniers, dans la forêt, équarrie de charpente, qui asseyait autrefois un toit sur une habitation aux murs de six pieds d'épaisseur.
Là, dans ce vieux bois geignant par le vent qui s'élève, j'ai la sensation du gémissement d'une mer désolée! M. de Zeddes me disait qu'en automne, à l'époque des tourmentes équinoxiales, il venait s'asseoir en ces combles, et y restait deux ou trois heures, englouti dans la volupté de ce grand bruit plaintif.
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Lundi 19 ao?t...
Cette grande, cette fluette femme, à la taille un peu carrée, à la gorge toute menue, est très brune, avec de grands yeux noirs, tout doux, et dont le regard est comme une caresse. Autour d'elle, il y a une petite senteur sauvage, perdue dans un go?t d'héliotrope. Aujourd'hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur... Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté.
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Jeudi 22 ao?t.--Un juge de Bar me racontait, ces jours-ci, une perquisition qu'il avait faite à propos d'un vol de bijoux, chez une fille de Pontoise. Un hareng saur était l'unique objet mobilier, qu'il avait trouvé dans la première pièce. Et dans la seconde, il était tombé sur un avoué de la localité, en chemise et en lunettes bleues, qui, ainsi surpris, avait passé tout le temps de la perquisition, assis sur une chaise, le nez dans le mur d'un angle de la pièce.
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Lundi 3 septembre.--à tous mes retours, je ne sais quel ennui, quel découragement me saisit, jusqu'au jour où je suis rentré dans le travail. Aujourd'hui, je promène cette tristesse à l'Exposition, sans que la vue de tous les bibelots rétrospectifs puissent la distraire. Au fond les hommes d'imagination, quand ils ont quitté, un mois, leur domicile, s'attendent, en y rentrant, à y trouver de l'imprévu heureux, et cela n'est jamais.
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--------En travaillant à la préface du livre de Bergerat, je m'aper?ois que tous les terribles paradoxes de Flaubert ne sortent pas de lui: ils sont de Gautier. Flaubert n'a fait qu'adapter à ces dires énormes--prononcés par Théo de la voix la plus douce--n'a
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