moyeu des roues, qu'un peu souffleté par les planches et les morceaux de bois portés par les ouvriers.
Jusqu'au pont, des deux c?tés, les effets militaires séchant aux portes, aux fenêtres, font comme un immense Temple du haillon, et l'on marche, tout le temps, dans le bruit sec des batteries de fusil, que les soldats nettoient.
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_8 septembre_.--De la porte de Point-du-Jour jusqu'à mi-chemin de Saint-Cloud, se disputant l'entrée de Paris, trois et quatre rangées de voitures de toutes sortes, de toutes espèces, de toutes dimensions, voitures citadines et rustiques, au milieu desquelles s'élèvent, comme des maisons, les grandes voitures de foin, tra?nées par des boeufs roux. Et fiacres et charrettes, tour à tour fouettés de coups de soleil et de giboulées de pluie, montrent des mobiliers ruisselants d'eau, les mobiliers misérables de la banlieue de Paris, en haut desquels sont juchées, toutes branlantes, de vieilles femmes tenant sur leurs genoux des cages, où volètent de pauvres oiseaux affolés.
Autour, tombent toujours les grands arbres avec le fr?lement sourd des branchages, tombent toujours les maisons avec le bruit de casse strident des vitres, se brisant sur le pavé.
La Seine emporte, sur ses eaux, le bruit des sonneries de clairons et des batteries de tambours des deux rives, desquelles se détache, ?à et là, le sabot grisatre d'une canonnière, que surmonte son énorme canon.
Les pelouses du parc de Saint-Cloud disparaissent sous les pantalons rouges de la ligne qui s'exerce, et l'on peut se croire au milieu de la guerre, à se voir entouré de ces hommes répandus sous les grands arbres, courant au pas gymnastique, agenouillés sur l'herbe, et faisant _à blanc_ aujourd'hui, le simulacre de la fusillade qu'ils auront à faire demain.
Au petit café, où, il n'y a pas encore trois mois, j'étais assis à c?té de celui qui est mort, je vois passer devant moi, sur des chevaux fourbus, des fant?mes de dragons tout loqueteux, avec des casques bosselés, des tron?ons de carabine, et des poules de la maraude, se débattant dans les filets, attachés à leurs selles.
Je monte au fort en terre, que l'on construit à Montretout. Au milieu de ceps, tout chargés de raisins noirs, j'aper?ois la cravate blanche du vieux Blaisot, du doyen des marchands d'estampes, du descendant du libraire ayant son étalage, pendant le XVIIIe siècle, au bas du grand escalier de Versailles, du dénicheur de go?t, auquel mon frère et moi, avons acheté de si beaux dessins de l'école fran?aise. Il est en train d'inspecter son petit carré de vigne, en regardant de travers le fort qui l'empêchera de batir la maison, où le vieillard qui a passé tant d'heures dans l'air vicié des salles de vente, espérait faire respirer à sa vieillesse l'air vivifiant de la haute colline.
Le fort, il est encore dans la tête de l'officier du génie chargé de le construire. On entend des manoeuvriers gouailleurs dire: ?Le fort, il sera fini dans trois mois!? Quant aux vingt mille ouvriers, qui, dans les journaux, sont censés y travailler, un curieux me dit qu'ils étaient à peine quelques centaines ces jours-ci, et qu'aujourd'hui ils sont en tout mille, et encore les trois quarts sont-ils des soldats de la ligne. Empire, République, c'est toujours la même chose.
... C'est aga?ant tout de même d'entendre à tout, propos: C'est la faute de l'Empereur! et il y a de la générosité à moi d'écrire cela, à moi qui, pour la citation de quatre vers, cités dans le cours de littérature de Sainte-Beuve, couronné par l'Académie, ai été poursuivi en police correctionnelle par le gouvernement impérial,--et ce qui ne s'était jamais vu dans aucun procès de presse, placé entre des gendarmes,--oui, c'est aga?ant. Car si les généraux ont été incapables, si les officiers n'ont pas été à la hauteur des circonstances, si... si..., ce n'est pas la faute de l'Empereur. Un homme n'a pas cette influence sur un peuple, et si le peuple fran?ais n'avait pas été très mal portant, très malade, la médiocrité de l'Empereur n'eut pas empêché la victoire.
Soyons bien persuadés que les souverains ne sont absolument que les représentants de l'état moral de la majorité de la nation qu'ils gouvernent, et qu'ils ne resteraient pas, trois jours, sur leurs tr?nes, s'ils étaient en contradiction avec cet état moral.
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_Samedi 10 septembre_.--Catulle Mendès, en uniforme de volontaire, vient me donner la main chez Péters.
Un gar?on que j'ai connu à l'hydrothérapie d?ne à c?té de moi. Il hèle un monsieur au passage:--?Combien vous reste-t-il de fusils?--Mon Dieu, à peu près 330 000, mais j'ai peur que le gouvernement ne me les reprenne!? Et mon voisin me raconte que l'homme aux fusils, est un génie dans son genre, un voyant, qui a gagné six millions dans des affaires, que personne ne soup?onnait, qu'il achète d'un coup 600 000 fusils de rebut, à 7
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