Jim lindien | Page 9

Gustave Aimard
alerte, toujours en mouvement; on aurait dit un lutin faisant f��te �� la nuit. Plus loin, Adolphe, son feutre pointu sur l��oreille, les jambes crois��es, nonchalamment renvers�� dans son fauteuil, envoyant dans l��air, par bouff��es r��guli��res, les blanches spirales de son cigare; Maggie, na?ve et gracieuse, ses grands yeux noirs et expansifs fix��s sur son cousin avec une attention curieuse, toute empreinte de grace innocente et juv��nile, ressemblant �� la f��e charmante de quelque r��ve oriental.
Vraiment, c����tait un d��licieux int��rieur qui aurait s��duit l��artiste le plus difficile.
Effectivement Adolphe ��tait ravi, surtout quand ses yeux rencontraient les regards de sa gentille cousine.
-- J��aimerais beaucoup voir ce Jim, observa-t-il apr��s un long silence admiratif, je suppose que le surnom de Christian lui a ��t�� donn�� au sujet de sa conversion.
-- C��est plut?t, je crois, parce que sa conduite exemplaire lui a, m��rit�� ce titre. Lorsque mon p��re l��a rencontr�� pour la premi��re fois, il ��tait tr��s m��chant, ivrogne, brutal, querelleur, et il avait tu��, disait-on, plus d��un blanc. Il rodait de pr��f��rence dans les hautes r��gions du Minnesota, o�� les caravanes du commerce ont toujours couru de si grands dangers.
-- Mais, depuis, il est compl��tement chang��?
-- Si compl��tement qu��on peut dire, �� la lettre, que c��est un autre homme. Il est all�� jusqu���� prendre un nom anglais, comme vous voyez. Il y a quelques ann��es, sa passion invincible ��tait l��abus des boissons; pour un flacon de whisky il aurait vendu jusqu��au dernier haillon qu��il avait sur le corps. Depuis sa conversion, en aucune circonstance il ne s��est laiss�� tenter; il est rest�� sobre comme il se l����tait promis.
-- C��est l�� un type remarquable. Par cons��quent, miss Maggie, continua Adolphe en se retournant vers la jeune fille, vous admettrez que je ne me suis pas enti��rement tromp�� dans mon appr��ciation du caract��re indien.
-- Mais pr��cis��ment l��Indien a disparu, le chr��tien seul est rest��.
Cette remarque incisive ��tait la r��futation la plus compl��te qui e?t ��t�� oppos��e au syst��me d��Halleck; venant d��une aussi jolie bouche, elle avait pour lui autant d��autorit�� que si elle eut ��man�� d��un philosophe ou d��un g��n��ral d��arm��e.

Il resta pendant quelques instants silencieux, en admiration devant le bon sens ing��nu de la jeune fille.
-- Mais enfin, vous ne pourrez nier qu��il y ait eu des Sauvages, m��me non chr��tiens, dont le caract��re et la conduite aient ��t�� chevaleresques et nobles, de fa?on �� m��riter des ��loges?
-- Cela est fort possible, mais, sur une grande quantit�� d��Indiens que j��ai vus, il ne s��en est pas rencontr�� un seul r��alisant ces belles qualit��s, -- Ah! mais, voici Jim en personne, qui arrive.
La porte, en effet, venait de s��ouvrir sans bruit, l��artiste aper?ut, s��avan?ant sous le portique, une haute forme brune envelopp��e des pieds �� la t��te par une grande couverture blanche.
Du premier regard, l��artiste reconnut un Indien; la d��marche assur��e et confiante du nouveau venu faisait voir qu��il se sentait dans une maison amie.
En arrivant, sa voix basse et gutturale mais agr��able, fit entendre ce seul mot:
-- Bonsoir.
Chacun lui r��pondit par une salutation semblable, et, sans autre discours, il s��assit sur une marche d��escalier, entre l��oncle John et Maria.
Il accepta volontiers l��offre d��une pipe, et sembla absorb�� par le plaisir d��en faire usage; ensuite, la conversation recommen?a comme si aucune interruption ne fut survenue.
Adolphe Halleck ne pouvait dissimuler l��int��r��t curieux que lui inspirait ce h��ros du d��sert. Sa pr��occupation �� cet ��gard devint si apparente que chacun s��en aper?ut et s��en amusa beaucoup. Il cessa de causer avec Maggie, et se mit �� contempler Jim attentivement.
Ce dernier lui tournait le dos �� moiti��, de fa?on �� n����tre vu que de profil, et du c?t�� gauche. Insoucieux de la chaleur comme du froid, il ��tait ��troitement enroul�� dans sa couverture; dans une attitude raide et fi��re, il exposait �� la clart�� de la lune son visage impassible, mais dont les traits bronz��s refl��taient les rayons argent��s comme l��aurait fait le m��tal luisant d��une statue. Par intervalles; les incandescences intermittentes de sa pipe l����clairaient de lueurs bizarres qui accentuaient ��trangement sa physionomie caract��ristique.
Cet enfant des bois avait un profil m��lang�� des beaut��s de la statuaire antique et des trivialit��s de la race sauvage. L��vres fines et arqu��es; nez romain, droit, d��un galbe pur autant que noble; yeux noirs, fendus en amande, pleins de flammes voil��es; et �� c?t�� de cela, sourcils ��pais; visage carr��, anguleux; front bas et ��troit, fuyant en arri��re. La partie la plus extraordinaire de sa personne ��tait une chevelure exub��rante, noire comme l��aile du corbeau, longue �� recouvrir enti��rement ses ��paules comme une vraie crini��re.
Tout ce qui avait ��t�� dit pr��c��demment sur son compte avait fortement pr��dispos�� Halleck en sa faveur; aussi, le jeune homme, toujours absorb�� par ses romanesques illusions sur les Indiens, tomba, pour ainsi dire, en extase devant cet objet de tous ses r��ves. Il s��oublia ainsi, renvers��
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