instant quelle sorte d'homme il avait ��t�� jadis.
Par une matin��e d'��t�� le petit Jim et moi ��tions debout pr��s de la porte de la forge, quand une voiture priv��e, avec ses quatre chevaux frais, ses cuivres bien brillants, arriva de Brighton avec un si joyeux tintamarre de grelots que le champion accourut, un fer a cheval �� demi courb�� dans ses pinces, pour y jeter un coup d'oeil.
Un gentleman, couvert d'une houppelande blanche de cocher, un Corinthien, comme nous aurions dit en ce temps-l��, conduisait et une demi-douzaine de ses amis, riant, faisant grand bruit, ��taient perch��s derri��re lui. Peut-��tre que les vastes dimensions du forgeron attir��rent son attention, peut-��tre fut-ce simple hasard, mais comme il passait, la lani��re du fouet de vingt pieds que tenait le conducteur siffla et nous l'entend?mes cingler d'un coup sec le tablier de cuir du forgeron.
-- Hol��, ma?tre, cria le forgeron en le suivant du regard, votre place n'est pas sur le si��ge, tant que vous ne saurez pas mieux manier un fouet.
-- Qu'est-ce que c'est? dit le conducteur en tirant sur les r��nes.
-- Je vous invite �� faire attention, ma?tre, ou bien il y aura un oeil de moins sur la route o�� vous conduisez.
-- Ah! c'est comme cela que vous parlez, vous, dit le conducteur en pla?ant le fouet dans la gaine et ?tant ses gants de cheval. Nous allons causer un peu, mon beau gaillard.
Les gentilshommes sportsmen de ce temps-l�� ��taient d'excellents boxeurs pour la plupart, car c'��tait la mode de suivre le cours de Mendoza tout comme quelques ann��es plus tard, il n'y avait pas un homme de la ville qui n'e?t port�� le masque d'escrime avec Jackson.
Avec ce souvenir de leurs exploits, ils ne reculaient jamais devant la chance d'une aventure de grande route et il arrivait bien rarement que le batelier ou le marin eussent lieu de se vanter apr��s qu'un jeune beau ait mis habit bas pour boxer avec lui.
Celui-l�� s'��lan?a du si��ge avec l'empressement d'un homme qui n'a pas de doutes sur l'issue de la querelle et, apr��s avoir accroch�� sa houppelande �� collet �� la barre de dessus, il retourna coquettement les manchettes pliss��es de sa chemise de batiste. -- Je vais vous payer votre conseil, mon homme, dit-il.
Les amis, qui ��taient sur la voiture, savaient, j'en suis certain, qui ��tait ce gros forgeron et se faisaient un plaisir de premier ordre de voir leur camarade donner t��te baiss��e dans le pi��ge.
Ils poussaient des hurlements de satisfaction et lui jetaient �� grands cris des phrases, des conseils.
-- Secouez-lui un peu sa suie, Lord Frederick, criaient-ils. Servez-lui son d��jeuner �� ce Jeannot-tout-cru. Roulez-le dans son tas de cendre. Et d��p��chez-vous, sans quoi vous allez voir son dos.
Encourag�� par ces clameurs, le jeune patricien s'avan?a vers son homme.
Le forgeron ne bougea pas, mais ses l��vres se contract��rent avec une expression farouche pendant que ses gros sourcils s'abaissaient sur ses yeux per?ants et gris.
Il avait lach�� les tenailles et les bras libres ��taient ballants.
-- Faites attention, mon ma?tre, dit-il. Sans cela vous allez vous faire poivrer.
Il y avait dans cette voix un ton d'assurance, il y avait dans cette attitude une fermet�� calme, qui firent deviner le danger au jeune Lord.
Je le vis examiner son antagoniste attentivement et aussit?t ses mains tomb��rent, sa figure s'allongea.
-- Pardieu! s'��cria-t-il, c'est Jack Harrison. -- Lui-m��me, mon ma?tre.
-- Ah! je croyais avoir affaire �� quelque mangeur de lard du comt�� d'Essex. Eh! eh! mon homme, je ne vous ai pas revu depuis le jour o�� vous avez presque tu�� Baruch le noir, ce qui m'a co?t�� cent bonnes livres.
Quels hurlements poussait-on sur la voiture!
-- _Kiss! Kiss!_ Par Dieu! criaient-ils, c'est Jack Harrison l'assommeur. Lord Frederick ��tait sur le point de s'en prendre �� l'ex-champion. Flanquez-lui un coup sur le tablier, Fred, et voyons ce qui arrivera.
Mais le conducteur ��tait d��j�� remont�� sur son si��ge et riait plus fort que tous ses camarades.
-- Nous vous laissons aller pour cette fois, Harrison, dit-il. Sont-ce l�� vos fils?
-- Celui-ci est mon neveu, ma?tre.
-- Voici une guin��e pour lui. Il ne pourra pas dire que je l'aie priv�� de son oncle.
Et ayant mis ainsi les rieurs de son c?t�� par la fa?on gaie de prendre les choses, il fit claquer son fouet et l'on partit �� fond de train pour faire en moins de cinq heures le trajet de Londres, tandis que Harrison, son fer non achev�� �� la main, rentrait chez lui en sifflant.
II -- LE PROMENEUR DE LA FALAISE ROYALE
Tel ��tait donc le champion Harrison.
Il faut maintenant que je dise quelques mots du petit Jim, non seulement parce qu'il fut mon compagnon de jeunesse, mais parce qu'en avan?ant dans la lecture de ce livre, vous vous apercevrez que c'est son histoire encore plus que la mienne et qu'il arriva un temps o�� son nom

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