judicieusement, le sport du Ring a puissamment contribué à développer dans la race britannique ce mépris de la douleur et du danger qui firent une Angleterre forte._
_De la instinctivement la tendance de l'opinion à s'enthousiasmer, à se passionner pour les hommes du Ring, professeurs d'énergie et en quelque sorte contrepoids à ce qu'il y avait d'affadissant et d'énervant dans le luxe des petits-ma?tres, des Corinthiens et des dandys tout occupés de toilettes et de futilités, en une heure aussi grave pour la vie nationale anglaise_
_Qu'à c?té de l'entretien de cet idéal de bravoure et d'endurance, il y e?t comme revers de la médaille la brutalité des moeurs, la démoralisation qu'amène l'intervention de l'argent dans ce qui est humain, Conan Doyle ne le nie certes pas, mais la corruption des meilleures choses ne prouve pas qu'elles n'ont pas été bonnes._
_Si nos pères n'ont pas compris le système anglais, s'ils n'ont voulu y voir que les boucheries que raillait le chansonnier Béranger, les hommes de notre génération ont vu plus équitablement. Ils ont donné à la boxe son droit de cité en France et réparé l'injustice de leurs prédécesseurs._
_Voila pourquoi, en écrivant Jim Harrison boxeur, Conan Doyle a bien mérité aux yeux de tous ceux, amateurs ou professionnels, qui se sont de nos jours passionnés pour la boxe. Jim Harrison boxeur est donc certain de trouver parmi eux de nombreux lecteurs, outre ceux qui sont déjà les fidèles résolus du romancier anglais, toujours assurés de trouver dans son oeuvre un intérêt palpitant et des émotions saines._
_ALBERT SAVINE._
I -- FRIAR'S OAK
Aujourd'hui, 1er janvier de l’année 1851, le dix-neuvième siècle est arrivé à sa moitié, et parmi nous qui avons été jeunes avec lui, un bon nombre ont déjà re?u des avertissements qui nous apprennent qu'il nous a usés.
Nous autres, les vieux, nous rapprochons nos têtes grisonnantes et nous parlons de la grande époque que nous avons connue, mais quand c'est avec nos fils que nous nous entretenons, nous éprouvons de grandes difficultés à nous faire comprendre.
Nous et nos pères qui nous ont précédés, nous avons passé notre vie dans des conditions fort semblables; mais eux, avec leurs chemins de fer, leurs bateaux à vapeur, ils appartiennent à un siècle différent.
Nous pouvons, il est vrai, leur mettre des livres d'histoire entre les mains et ils peuvent y lire nos luttes de vingt-deux ans contre ce grand homme malfaisant. Ils peuvent y voir comment la Liberté s'enfuit de tout le vaste continent, comment Nelson versa son sang, comment le noble Pitt eut le coeur brisé dans ses efforts pour l'empêcher de s'envoler de chez nous pour se réfugier de l'autre c?té de l'Atlantique.
Tout cela, ils peuvent le lire, ainsi que la date de tel traité, de telle bataille, mais je ne sais où ils trouveront des détails sur nous-mêmes, où ils apprendront quelle sorte de gens nous étions, quel genre de vie était le n?tre et sous quel aspect le monde apparaissait à nos yeux, quand nos yeux étaient jeunes, comme le sont aujourd'hui les leurs.
Si je prends la plume pour vous parler de cela, ne croyez pas pourtant que je me propose d’écrire une histoire. Lorsque ces choses se passaient, j'avais atteint à peine les débuts de l'age adulte, et quoique j'aie vu un peu de l'existence d'autrui, je n'ai guère le droit de parler de la mienne.
C'est l'amour d'une femme qui constitue l'histoire d'un homme, et bien des années devaient se passer avant le jour où je regardai dans les yeux celle qui fut la mère de mes enfants.
Il nous semble que cela date d'hier et pourtant ces enfants sont assez grands pour atteindre jusqu'aux prunes du jardin, pendant que nous allons chercher une échelle, et ces routes que nous parcourions en tenant leurs petites mains dans les n?tres, nous sommes heureux d'y repasser, en nous appuyant sur leur bras.
Mais je parlerai uniquement d'un temps où l'amour d'une mère était le seul amour que je connusse.
Si donc vous cherchez quelque chose de plus, vous n'êtes pas de ceux pour qui j'écris.
Mais s'il vous pla?t de pénétrer avec moi dans ce monde oublié, s'il vous pla?t de faire connaissance avec le petit Jim, avec le champion Harrison, si vous voulez frayer avec mon père, qui fut un des fidèles de Nelson, si vous tenez à entrevoir ce célèbre homme de mer lui-même, et Georges qui devint par la suite l’indigne roi d'Angleterre, si par-dessus tout vous désirez voir mon fameux oncle, Sir Charles Tregellis, le roi des petits-ma?tres, et les grands champions, dont les noms sont encore familiers à vos oreilles, alors donnez la main, et... en route.
Mais je dois vous prévenir: si vous vous attendez à trouver sous la plume de votre guide bien des choses attrayantes, vous vous exposez à une désillusion.
Lorsque je jette les yeux sur les étagères qui supportent mes
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