ensuite sous les grands arbres. Alors, seulement, cette noble princesse sentit la fatigue qui l'��crasait. Elle referma la fen��tre et murmura dans la langue italienne qu'elle parlait si bien ces deux vers d'un po?te de son pays:
O jeunesse, printemps de la vie... O printemps, jeunesse de l'ann��e. ...
* * * * *
... Jean serrait le bras de Fernande contre le sien et se perdait avec elle sous la feuill��e.
Comme cette promenade nocturne diff��rait de celle qu'ils avaient faite ensemble quelques jours auparavant!
Ils ne se parlaient pas. L'��motion ressentie ��tait trop grande pour que des paroles la pussent traduire.
Quoi! apr��s tant de d��sesp��rances, ils se voyaient donc r��unis, et pour toujours!
Tout �� coup, une ombre se dressa devant eux.
Jean sortait de son silence au m��me instant, et disait �� Fernande:
--Ch��re, c'est Dieu qui vous a inspir��e!...
--Pardon, monsieur la marquis, r��pliqua respectueusement la voix de l'ombre, ce n'est pas Dieu.
--Aubin! toi, ici? s'��cria Jean, stup��fait de trouver l�� son serviteur.
--Je venais saluer la marquise de Kardigan, ma?tre.
--Tu sais donc...
Fernande serrait d��j�� la main du Breton.
--C'est lui qui m'a inspir��e, ami, dit-elle tout bas...
--Aubin! ah! que Dieu te r��compense. J'allais mourir... Tu nous as sauv��s de la mort... car elle aussi en serait morte!
Aubin palit de joie.
Puis il ajouta avec sa philosophie habituelle:
--Je ne vous cacherai pas, monsieur le marquis, que c'est mon opinion!...
Le fid��le serviteur disparut. Ils restaient seuls, la main dans la main, le coeur rempli de cette ineffable joie que donne le bonheur trouv�� dans l'accomplissement du devoir accompli.
--Fernande, ma ch��re femme, dit Jean, sortant enfin le premier de son silence; Fernande, dans un mois nous serons unis l'un �� l'autre; que de projets nous pourrons r��aliser! Nous ne nous quitterons pas. Ma volont�� est de rester jusqu'au bout attach�� �� mon devoir. J'ai aim�� trois choses humaines par-dessus tout: ma patrie, mon roi et vous. Je me dois �� ceux-ci... La lutte peut ��tre longue: que ne souffrirais-je pas, si nous ��tions s��par��s?
--Jean, j'avais pens�� ce que vous me dites. Non, il ne faut pas nous s��parer.
--Jamais!
--Jamais...
Le bonheur les enveloppait.
Ils suivaient lentement le petit chemin qui menait �� la chaumi��re occup��e par la jeune fille. Il semblait �� M. de Kardigan qu'il devait reconduire sa fianc��e �� sa demeure.
Comme ils passaient devant la petite ��glise, Fernande s'arr��ta:
--Ami, dit-elle, je voudrais y entrer et prier Dieu...
Elle ajouta, serrant doucement la main de celui qui allait devenir son mari:
--Jean, vous ne savez pas tout. J'��tais entr��e dans cette petite ��glise, il y a quelques heures, le coeur bris��. Il me semblait que nous ��tions pour toujours s��par��s l'un de l'autre. Je m'��tais jet��e aux pieds du Sauveur, le suppliant de me sauver, car je n'avais pas la force de vivre sans vous, et je n'avais pas le courage d'��tre lache avec vous! Et il y a des malheureux qui osent dire que Dieu n'entend pas... que Dieu est sourd �� nos pri��res!... Dieu m'a entendue... Madame priait Dieu �� c?t�� de moi!...
Et comme le jeune homme la regardait ��tonn��, elle lui raconta cette rencontre d'o�� ��tait sortie son all��gresse, cette rencontre qui avait fait d'elle une femme heureuse entre toutes les femmes.
Les ��glises de Bretagne, celles du moins des communes jet��es dans le mouvement royaliste, restaient ouvertes toute la nuit. Il fallait que le soldat qui s'appr��tait �� toute heure �� mourir p?t �� toute heure aussi prier Dieu.
Ils y rentr��rent et all��rent s'agenouiller devant cette l��gende de Pie V dont nous avons dit la douce po��sie. Le ciel ne venait-il pas de faire un miracle pour eux comme il avait fait un miracle pour le saint Pape?
Quand ils en sortirent, ils se sentaient bien et compl��tement unis. Il leur semblait que, d��s lors, la destin��e mauvaise ne pouvait plus avoir son influence n��faste sur eux; il leur semblait que, quittes avec l'infortune, les jours heureux allaient luire enfin apr��s les jours tristes.
Et pourtant, quand arriv��s �� la chaumi��re ils durent se s��parer, une vague crainte les prit. Jean partait le lendemain; non que l'appr��hension du danger p?t gagner ces ames fortes, le danger pour eux ��tait devenu le compagnon de chaque jour auquel on ne fait plus attention; mais ��tait-ce un pressentiment?
Fernande tendit son front �� son fianc��.
Il la prit dans ses bras, et la serra longuement sur son coeur:
--Dieu nous garde! murmura-t-il.
Et pendant qu'elle rentrait dans sa pauvre petite maison, il s'��loigna �� grand pas.
* * * * *
Le lecteur sait quelle mission le marquis avait re?ue. Il devait se rendre au chateau de la P��nissi��re, et transmettre aux royalistes qui y seraient rassembl��s les ordres de Madame.
La premi��re intention de Jean-Nu-Pieds avait ��t�� de partir seul; puis il s'��tait r��solu �� emmener Aubin Ploguen.
D��s l'aube, ils sellaient leurs chevaux tous les deux, quand un cavalier parut �� quelques pas:
--Eh bien! cher ami, tu veux donc aller t'amuser sans
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