paquet de fourrures. Il contenait une charmante petite fille blanche, d'environ deux ans, qui souriait dans toute l'heureuse insouciance de son age.
--Min Gieu! que voil��-t-il une jolie petite cr��ature! Que c'e?t ��t�� dommage de la laisser entre les griffes de ces satan��s h��r��tiques! da oui! s'��cria Jean Morbihan.
--Allons, gar?ons, dit Jacques, nous n'avons pas perdu notre matin��e. Chargez-moi doucement ce bless�� sur vos ��paules et regagnons le navire... Quant aux autres, leurs compagnons viendront assur��ment les chercher lorsqu'ils ne nous verront plus.
D��s qu'il eut parl��, deux robustes matelots se saisirent du corps de l'inconnu; ma?tre Jacques prit l'enfant dans ses bras, et l'��quipage de la Catherine retourna rapidement �� ses quartiers.
En y arrivant, le capitaine voulut que son prot��g�� fut d��pos�� dans sa cabine. Celui-ci s'��tait ��vanoui. Apr��s avoir reconnu qu'il ��tait mortellement frapp�� d'une fl��che dont la pointe avait gliss�� sur la colonne vert��brale et travers�� le poumon gauche, Jacques coucha le bless�� dans son lit et lui fit avaler quelques gouttes d'un puissant cordial.
Le moribond ouvrit les yeux.
--O�� est ma fille? balbutia-t-il.
--Rassurez-vous; on a soin d'elle, r��pondit le capitaine.
--Ah! soyez b��ni!... Vous la conduirez en France.. n'est-ce pas?
--Et vous aussi, si vous le d��sirez.
--Moi! dit l'inconnu, en secouant la t��te... non! c'est fini de moi, je le sens. Mais ��coutez: vous ��tes Fran?ais?...
--De Saint-Malo.
--Et moi de Dieppe...
--Comment?...
--Laissez-moi parler. Les moments que j'ai �� vivre sont compt��s... Vous pouvez me rendre un grand service, je puis vous ��tre utile aussi... Ne m'interrompez pas... Et d'abord sachez qu'�� cinq degr��s plus haut, il existe �� l'ouest un d��troit qui borde une grande terre o�� l'on trouve de l'or...
--De l'or! fit Jacques avec d��dain, la gloire me suffit.
L'��tranger continua:
--On m'appelait le capitaine Guillaume Dubreuil. J'ai d��couvert cette ?le... les c?tes voisines... et d'autres pays encore... d��s 1494 [6]... L'honneur de ma d��couverte, les Anglais me l'ont vol��... mais vous me vengerez, n'est-ce pas?... je compte sur vous... A boire! j'ai soif... donnez-moi �� boire, je vous prie.
[Note 6: Voir la Fille des Indiens rouges.]
Jacques approcha de ses l��vres la liqueur qui l'avait d��j�� ranim��.
Le patient avala difficilement une gorg��e. Cette potion sembla lui rendre des forces, car il reprit d'une voix plus assur��e:
--Oui, vous serez mon vengeur! Apr��s avoir d��couvert ce pays et ��pous�� une brave cr��ature qui m'arracha aux mains des Anglais, je m'��tais ��tabli avec elle �� Dieppe, o�� j'attendais qu'il pl?t au roi de m'octroyer la permission de remettre �� la mer. J'attendis plus de dix ans et la permission un vint pas. Ma femme ��tait originaire de cette ?le. Elle regrettait son pays, se mourait de langueur. Je r��solus de la ramener au lieu de sa naissance. Mais j'avais un fils, ag�� de quelques mois seulement. Mon p��re et ma m��re d��sir��rent le conserver pr��s d'eux, �� Dieppe; je le leur laissai. Ma femme et moi nous nous embarquames sur un bateau affr��t�� pour la p��che de la morue, et nous abordames �� l'Ile, o�� Constance, mon ��pouse, avait, par sa famille, des droits souverains sur une tribu d'indig��nes... Elle fut reine et je fus roi... Mais les sauvages appr��hendaient que nous ne les quittassions de nouveau... Ils nous gardaient �� vue... Et jamais, depuis lors, je ne pus entrer en communication avec les navires europ��ens qui venaient, de temps en temps, faire la traite des pelleteries sur nos c?tes...
Le bless�� se tut un moment et, du regard, indiqua la fiole de spiritueux. Ma?tre Jacques lui en versa quelques gouttes dans la bouche.
--J'ach��ve, dit faiblement le malade, rassemblant un reste de vie; j'ach��ve mon r��cit et mes jours aussi... Soyez attentif... Ma femme mourut, en me donnant une fille... Je l'appelai Constance, du nom que sa m��re avait re?u au bapt��me... C'est cette enfant... J'ai voulu m'��chapper avec elle, en apprenant qu'il y avait ici un navire pris dans les glaces... Les insulaires m'ont poursuivi... pendant trois jours... Pr��s de m'atteindre, ils m'ont tu��... Mais elle est sauv��e, elle... N'est-ce pas qu'elle est sauv��e?... Oh!... Mon fils... Si, lui aussi, je le savais sain et sauf! Mais pas de nouvelles, depuis que je l'ai quitt��... Et mes parents ��taient vieux, bien vieux... il doit avoir douze ans maintenant... Un mot... un mot encore... Dieu, pr��tez-moi la force pour finir! On le nomme Olivier... Olivier, entendez-vous?... Veillez sur lui...et sur elle...Vous y veillerez, dites... C'est un mourant qui vous b��nit... Ils portent tous deux le m��me signe de reconnaissance... un...
--Un? r��p��ta ma?tre Jacques, vivement impressionn��! et se penchant vers son interlocuteur.
Mais le malheureux avait rendu l'ame.
Sur le soir de cette m��morable journ��e, le temps se radoucit. Du sud il s'��leva des brises comparativement ti��des. Le lendemain matin, par une de ces brusques r��volutions, si communes sous les hautes latitudes, le thermom��tre ��tait remont�� de plus de vingt degr��s. A midi, il marquait 1�� au-dessus de z��ro. Le ciel
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