Ida et Carmelita | Page 5

Hector Malot
d��ranger ses voisines, lorsqu'il entendit frapper quelques petits coups �� la cloison.
En m��me temps, une voix,--celle de Carmelita,--l'appela.
--Colonel, c'est vous, n'est-ce pas!
On parlait contre la porte qui mettait les deux chambres en communication int��rieure et qui, alors qu'il occupait ces deux chambres, restait toujours ouverte.
--Oui, c'est moi, dit-il.
--Je vous ai bien reconnu aux pr��cautions que vous preniez pour ne pas faire de bruit; ne vous g��nez pas, je vous prie. C'est moi qui suis votre voisine. J'ai le sommeil bon; quand je dors, rien ne me r��veille. Bonsoir.
--Bonsoir.
Comment? il serait expos�� tous les soirs �� des dialogues de ce genre; �� chaque instant dans le jour, il verrait Carmelita! Ah! certes non, et le lendemain il quitterait le Glion.
Le lendemain matin, comme il sortait de sa chambre, il trouva dans le vestibule le prince Mazzazoli qui se promenait en long et en large.
--Auriez-vous deux minutes �� me donner? demanda-t-il en serrant la main du colonel.
--Mais tout ce que vous voudrez.
--Connaissez-vous Champ��ry? j'entends, y ��tes-vous all��?
--Non.
--Et les Diablerets?
--Je n'y suis pas all�� non plus.
--Et le val d'Anniviers?
--Je ne le connais que par les livres.
--Voil�� qui est facheux. J'avais compt�� sur vous pour me tirer d'embarras: les livres, les guides, c'est parfait, mais dans notre situation ce n'est pas suffisant.
--Et que vous importe Champ��ry ou le val d'Anniviers?
--Il faut ��tre franc, n'est-ce pas? D'ailleurs je voudrais ne pas l'��tre, que cela me serait impossible. Je vous demande des renseignements sur Champ��ry et les Diablerets, parce que mon intention est d'aller aux Diablerets, ou �� Champ��ry, ou au val d'Anniviers, enfin dans un pays o�� ma pauvre soeur trouvera les conditions atmosph��riques qui sont ordonn��es; et si je choisis ces pays, c'est parce qu'ils ne sont qu'�� une courte distance du Glion.
--Mais le Glion lui-m��me?
--J'avais choisi le Glion, parce que je le connaissais et que je savais que c'��tait la station par excellence pour ma malheureuse soeur. Mais nous ne pouvons pas rester au Glion. Vous m'avez demand�� d'��tre franc, je veux l'��tre jusqu'au bout. Avec une bonne grace parfaite, avec un ��lan spontan��, vous avez voulu nous c��der vos chambres; mais il est bien ��vident que notre pr��sence vous g��ne.
--Comment pouvez-vous penser?
--Je ne pense pas, je suis certain. Pour des raisons que je n'ai pas �� examiner, vous d��sirez ��tre seul; notre voisinage vous incommode et vous trouble. Alors vous partez. Eh bien, mon cher colonel, cela ne doit pas ��tre. Ce n'est pas �� vous de partir, c'est �� nous de vous c��der la place.
--Permettez....
--Je vous en prie, laissez-moi achever. Nous sommes ici dans des conditions tout �� fait particuli��res. Si vous n'aviez pas habit�� cet h?tel, nous n'aurions pas pu nous y faire recevoir. Nous ne sommes donc ici que par vous, par votre complaisance. Eh bien, mon cher colonel, il serait tout �� fait absurde que vous fussiez victime de votre complaisance. Nous vous g��nons; vous d��sirez la solitude, que vous ne pouvez plus trouver, nous ayant pour voisins. Nous nous en allons: rien n'est plus simple, rien n'est plus juste. Voil�� pourquoi je vous demandais des renseignements sur les h?tels des environs, pensant que vous les connaissiez et ne voulant pas me lancer �� l'aventure avec une malade.
--Jamais je n'accepterai ce d��part.
--Et moi, jamais je n'accepterai le v?tre.
--Mon intention n'��tait pas de rester au Glion.
--Elle n'��tait pas non plus d'en partir aujourd'hui. De cela, je suis bien certain; j'ai interrog�� Horace, qui ne savait rien, et qui assur��ment e?t ��t�� pr��venu si votre d��part avait ��t�� arr��t�� avant notre arriv��e.
Le colonel demeura assez embarrass��. Il ne lui convenait pas en effet de reconna?tre qu'il quittait l'h?tel pour fuir la pr��sence du prince et de Carmelita: c'��tait l�� une grossi��ret�� qui n'��tait pas dans ses habitudes, ou bien c'��tait avouer sa faiblesse pour madame de Lucilli��re, ce qui le blessait dans sa pudeur d'amant malheureux.
--Devant partir un jour ou l'autre, il est bien naturel cependant que je vous c��de tout de suite une chambre qui vous est indispensable, car vous ne pouvez pas rester dans le trou o�� vous avez pass�� la nuit.
--Un jour ou l'autre, je vous le r��p��te, je comprends cela; ce que je ne comprends pas, c'est aujourd'hui. Ainsi, voil�� qui est bien entendu: si vous persistez dans votre intention de partir ce soir, c'est nous qui partons ce matin pour les Diablerets ou pour Champ��ry, peu importe; si au contraire vous restez pour quelques jours, nous restons, nous aussi, tout le temps qui sera n��cessaire pour la sant�� de ma soeur.
D��poss��d�� de la chambre dans laquelle il prenait ses repas, le colonel dut d��jeuner dans la salle �� manger commune.
Au moment o�� il allait entrer dans cette salle, il se rencontra avec le prince, et celui-ci lui proposa de prendre place �� la table qu'il s'��tait fait r��server, au lieu de s'asseoir �� la grande
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