Hokousaï | Page 8

Edmond de Goncourt
des années qui vont suivre, Hokousa? échappe à la grace mignarde, poupine, conventionnelle de ses premières années; il arrive dans des créatures plus amples, plus en vraie chair, à la véritable grace féminine donnée par l'étude d'après la nature.
1799
En 1798 est apparu pour la première fois le nom d'Hokousa? joint à celui de S?ri. Mais ce n'est qu'au jour de l'an 1799 qu'il annonce officiellement son changement de nom, S?ri, changé de nom en Hokousa?. Il a cédé son nom de S?ri à son élève S?ji et, avec le nom d'Hokousa?, il prend le prénom de Tokimasa. Et l'année suivante, en 1800, il signe dans les premiers mois Hokousa? précédemment S?ri et, dans les derniers mois, Hokousa? fou de dessin, en japonais, GWA-KIOJIN HOKOUSA?.
L'année 1799 est une année où le mouton du zodiaque est revenu dans le calendrier japonais et où nombre de sourimonos ont, dans quelque coin de la composition, cet animal. Un de ces sourimonos même représente un Japonais tenant en ses bras un mouton, et c'est peut-être une allusion à ceci. Le Japonais d'autrefois, me disait le docteur Michaut, étonné de voir les Hollandais faire la traversée du Japon sans femmes, s'était persuadé que les moutons qu'ils avaient à bord les rempla?aient, et se l'était si bien persuadé qu'à l'heure présente les Japonaises qui ont commerce avec les étrangers sont appelées par leurs compatriotes moutons.
Des sourimonos curieux d'industries: la marchande de poudre dentifrice en train de fa?onner un bout de bois de camphrier noir pour en faire une brosse à dents; la fabricante de perruques et de nattes; la rouleuse de la soie et sa fabrication à la campagne.
Une série de femmes en buste.
Une série de petites femmes, à la grace tortillarde: une femme qui balaie la neige; une femme qui debout plie une étoffe de sa hauteur avec une retraite du corps du plus joli contournement.
Un sourimono représentant le plus pustuleux de tous les crapauds.
Un grand sourimono d'une facture surprenante: un store à moitié relevé sur une branche en fleur dont une partie se voit obombrée à travers le tissage du store.
1800
Une série de quinze sourimonos: L'ENFANCE DES PERSONNAGES HISTORIQUES.
Une série de sept sourimonos: LES SAGES DES BAMBOUS, de vieux sages représentés par des femmes modernes.
Une série de vingt-quatre sourimonos intitulée: PIéTé FILIALE, parmi lesquels un charmant dessin d'une femme lavant, le haut du corps nu, et dont le torse est tout étoilé des pétales d'un prunier en fleurs secoué par le vent au-dessus de la laveuse.
Une série des douze mois de l'année, représentés par des femmes, où est un gracieux dessin de fillette japonaise frottant un plancher et que regarde paresseusement sa ma?tresse.
Trois musiques représentées par trois musiciennes.
Une série intitulée: HUIT CHAMBRES, qui sont huit figurations de petites femmes dont l'une, le torse nu, fait sa toilette devant un singe sur lequel elle a jeté sa robe; le singe étant cette année le dénominateur de l'année et revenant dans un certain nombre de planches.
Une jolie petite impression représentant un miroitier repassant sur une pierre un miroir de métal, à c?té d'une femme dont le visage est reflété dans le miroir qu'elle tient à la main.
Une série un peu caricaturale de sourimonos, dans le genre des Otsouyé: cette imagerie industrielle d'épinal du Japon se fabriquant à Otsou près de Ki?to.
Parmi les grandes pièces, qui sont en général des bandes ayant une hauteur de 19 centimètres sur une largeur de 51:
Tortues en marche avec leurs petits sur la carapace.
Une enceinte de lutteurs, formée de sacs de sable dans des enveloppes historiées, avec, au milieu, sur une petite table, deux bouteilles de saké destinées à être offertes aux génies du Japon, aux Kami, dans une cérémonie religieuse précédant la lutte.
L'entrée du temple Hatiman Foukagawa.
La récolte du thé dans un jardin.
La visite chez un horticulteur.
Des femmes regardant du pont Yeita?, l'?le Tsoukouda.
Trois femmes dont l'une, à l'occasion du Jour de l'An, écrit sur un paravent une pensée, dont l'autre peint un éventail, dont une troisième illustre une poésie.
Trois femmes en train de plier et de repasser une robe en plumes de paon, avec le fer japonais qui ressemble à une petite bassinoire dans laquelle est un charbon incandescent.
1801
Une série de douze petites pièces en hauteur intitulée: UNE PAIRE DE PARAVENTS.
Une série de petites femmes modernes ayant à leurs pieds des vieillards historiques d'autres siècles.
Quelques planches représentant des femmes faisant jouer des marionnettes sur un petit théatre.
Parmi les pièces séparées, des acteurs et des scènes théatrales, dont l'une représente Da?kokou faisant pleuvoir des pièces d'or sur une femme puisant de l'eau.
Cette année, commencent à para?tre des sourimonos de natures mortes qui vont fournir à Hokousa? de si originales compositions et de si admirables impressions. Ce sont, dans les petites pièces, un canard mort et un bol de porcelaine sur un plateau de laque; une cage où est un oiseau et
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