Shunrô, illustre un CONTE
POUR LES ENFANTS de Kiôdén, se rapportant à la légende de
Momotaro où ses dessins, mettant de la vie humaine sous des
figurations d'animaux, ont quelque chose des SCÈNES DE LA VIE
PRIVÉE DES ANIMAUX de Grandville.
Une méchante vieille femme, au visage aigre comme du vinaigre,
surprenant un moineau qui mangeait l'empois préparé pour empeser du
linge, lui coupe la langue, et c'est une envolée comique des moineaux
fuyant à tire-d'aile dans une bousculade de peur.
Mais, à côté de la méchante femme, il y a un bon ménage qui aimait ce
moineau, et le mari et la femme s'en vont criant dans les champs et les
bois: «Qui a vu le moineau à la langue coupée? Cher petit moineau,
qu'es-tu devenu?» Enfin ils trouvèrent le pauvre petit blessé dans la
maison des moineaux où la mère avait déjà pansé la langue de son
enfant et où il était soigné avec amour par ses frères et soeurs. Oh!
l'aimable accueil fait à ces bons vieux: le père leur dansa la Souzoumé
odori, la vraie danse des moineaux et, quand ils partirent, on leur
apporta une boîte dans laquelle ils trouvèrent, à leur rentrée à la maison,
un marteau, un marteau dont chaque coup miraculeux faisait tomber
une pièce d'or.
Or, la méchante voisine avait vu cela par la fenêtre. Elle obtient d'être
invitée par les moineaux, se fait donner par eux une boîte dont sort,
lorsqu'elle soulève le couvercle, une collection de monstres cornus qui
la mettent en pièces.
Par contre, la bonne femme trouve encore la pêche d'où sort Momotaro,
le conquérant du royaume des monstres.
En 1793 Hokousaï illustre Himpoukou riôdô dôtchûki, LA ROUTE DE
LA RICHESSE ET DE LA PAUVRETÉ, un curieux livre dont le texte
est de Kiôdén, et qui est, côte à côte, l'exposition de deux vies comme
aimait à les représenter le peintre Hogarth.
La première planche représente le lavage de l'enfant pauvre par le père,
près du lit de la femme couchée, tandis que la planche, en contre-partie,
nous montre le lavage de l'enfant riche sous les yeux du médecin, de la
sage-femme, des servantes.
Arrive pour le jeune riche et le jeune pauvre, à quinze ans, le guén
boukou, la majorité, l'entrée dans la vie de l'homme, indiquée là-bas par
le rasement du front et qui, chez le riche, est fait par un grand
personnage, chez le pauvre par sa mère.
Et ici commencent vraiment les deux routes: la route du riche dans son
norimon au milieu de ses serviteurs, la route du pauvre où il est tout
seul et mal vêtu sous la pluie; la route du riche dans des paysages
d'arbres à fleurs, tenant sa pensée dans les beautés de la peinture, la
route du pauvre dans des paysages désolés, au milieu des montagnes,
comme cette montagne près de Kiôto où les excavations forment
comme le mot père, près de rochers comme ceux d'Isé, semblables aux
mamelles desséchées de la mère du pauvre, peuplant sa pensée du
souvenir de leurs privations.
Et les allégories continuent. C'est pour le riche la réception dans une
auberge par de charmantes mousmés avec, dans le lointain, des lignes
de paysages formant ainsi que des armoiries des femmes du Yoshiwara,
tandis que le pauvre, qui est entré dans le commerce, passe sur un pont
qui est un soroban (une machine à compter), se trouve sous des temples
aux tours faites de pièces de monnaie, près d'une pagode au toit couvert
d'un livre de caisse, et fait la rude route de sa vie en allumant le bout de
ses ongles, ce qui veut dire en japonais: en supportant d'atroces
souffrances.
Et, à la fin des deux routes, le pauvre devenu riche, monté sur un cheval
traîné par un singe,--la volonté menée par l'intelligence,--rencontre tout
dépenaillé le riche honteux de se trouver sur son chemin, tandis que
disparaissent dans le lointain, sous des haillons de mendiants, deux de
ses familiers au temps de sa richesse.
Et, comme apothéose du pauvre, la dernière planche le montre adossé à
des caisses d'or surmontées de bouteilles de saké.
En 1794 Hokousaï, sous le nom de Tokitarô Kakô, illustre Mousoumé
no Tomo zouna, LE CORDON D'UNE FILLE, petit livre dont le texte
est de Kiorori.
Une histoire assez obscure, où se voit une jeune fille achetant un
journal dont la lecture lui fait quitter la maison qu'elle habite, après
avoir laissé une lettre qui met en larmes l'homme et la femme de la
maison. En route, elle est attaquée par de mauvais samouraïs, et
délivrée par un passant qui lui donne l'hospitalité. Elle serait partie dans
l'idée de venger son père qui aurait été assassiné. Puis, au moment où
elle va tuer l'assassin, elle apprend qu'il est le père de son sauveur,
amoureux d'elle. Et Hokousaï la représente lâchant
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