facilement l'impression d��favorable produite sur l'auditoire et le jury par ces explications inconvenantes. Le pr��sident, en quelques paroles bien senties, invite l'accus�� �� se respecter lui-m��me et �� respecter le tribunal.
--Qu'est-ce que vous voulez? reprend Beaujon, vous me demandez la v��rit��, je vous la dis. Vous avez affaire �� des ��tudiants, qui ne valent pas moins que d'autres, qui sont de tr��s honn��tes gar?ons, mais ne sont point des vestales.
D.--Vous cherchez �� jeter sur la victime une d��faveur qui rejaillit sur vous-m��me. Je vous engage �� changer de syst��me. La seule excuse de l'acte commis est, au contraire, dans une passion violente pour une cr��ature qui, �� tous ��gards, en para?t peu digne. Il est d'ailleurs ��tabli par l'instruction que vous et Defodon cachiez avec le plus grand soin vos relations avec cette personne.
R.--Nous nous cachions si peu qu'on nous a vus, �� tous moments, d?nant soit �� trois, soit en partie carr��e.
D.--Pr��tendez-vous que vous n'ignoriez pas les infid��lit��s de la fille Gangrelot?
R.--Le mot est bien grand pour une bien petite chose. La Bestia ��tant de nature infid��le, nul n'a jamais eu la pr��tention de compter sur sa fid��lit��.
D.--Vous persistez dans ce syst��me: et vous oubliez que toutes les circonstances d��mentent cette indiff��rence pr��tendue. Le 15 mars, vous vous ��criez: Si la Bestia me trompait, je lui tordrais le cou...
R.--En effet, je crois me souvenir que je lui ai dit quelque chose comme cela. Mais vous pourrez lui demander �� elle-m��me si jamais elle a consid��r�� ces paroles comme une menace s��rieuse. C'est l�� une de ces plaisanteries dont je ne pr��tends pas affirmer le bon go?t, mais qui s'entendent tous les jours au quartier Latin.
D.--On pourrait admettre cette explication, tout ��trange qu'elle paraisse, si le m��me fait ne s'��tait plusieurs fois renouvel��. N'avez-vous pas eu, quelques jours plus tard, avec cette fille, une discussion des plus violentes? Vous avez voulu frapper celle que vous appelez la Bestia?
R.--J'��tais un peu gris. Elle m'aura dit quelque impertinence, genre d'am��nit��s dont ces dames ne sont pas avares, et, n'ayant pas bien la t��te �� moi, j'ai voulu la corriger un peu vivement...
D.--Je vous le r��p��te, c'��tait ��videmment par jalousie...
R.--Je vous r��p��te �� mon tour que c'est une erreur. Jamais je n'ai de ma vie ��t�� jaloux de cette brave fille, qui ��tait bien libre de faire ce qu'elle voulait. Est-ce que d'ailleurs je pouvais l'entretenir? Elle venait nous trouver quand elle n'avait rien de mieux �� faire...
D.--Ces expressions et ces explications t��moignent d'une telle absence de moralit�� que je vous adjure pour la derni��re fois d'abandonner ce syst��me qui, pour votre dignit�� personnelle, est inacceptable et r��pugnant...
R.--Mon Dieu, monsieur le pr��sident, je n'ai pas la moindre intention de blesser qui ce soit: je ne fais pas l'apologie de nos moeurs. Il y a ��videmment l�� un laisser-aller regrettable, et, comme vous le dites, un manque de dignit��: je suis le premier �� le reconna?tre. Mais, je l'avoue, j'aime mieux cent fois, en disant la v��rit��, m'exposer �� un blame m��rit��, que de donner corps, par des aveux fictifs, �� une accusation monstrueuse et que je repousse de toutes mes forces...
D.--Comment expliquez-vous la pr��sence chez vous d'une carte photographique, portrait de la fille Gangrelot, dont le visage ��tait en partie lac��r�� �� coups de canif?--Greffier, faites passer cette photographie �� messieurs les jur��s...
R.--Si j'avais eu pour la Bestia la passion que vous m'attribuez, croyez-vous donc que je l'aurais ainsi trait��e?...
D.--Justement, la jalousie explique cette violence.
R.--La jalousie... mais, encore une fois, je n'��tais ni assez amoureux, ni assez niais pour ��tre jaloux de cette fille.
D.--En admettant que vous fussiez aussi indiff��rent que vous le dites, il est n��anmoins de la derni��re ��vidence que l'affection de Defodon pour elle ��tait r��elle: il avait ��crit sur une photographie ces mots explicites: �� toi mon coeur! �� toi ma vie!
R.--C'��tait une plaisanterie.
D.--Dans une sc��ne qui a pr��c��d�� le crime de quelques jours, vous avez menac�� Defodon; vous ��tant empar�� d'un couteau, vous vous ��tes ��cri��: Je vais te d��pioter comme un lapin.
R.--S'il est des t��moins qui donnent une importance quelconque �� ce propos, ils sont fous ou de mauvaise foi: ce n'��tait l�� qu'une menace faite en riant et dont, je vous l'affirme, Defodon n'��tait nullement effray��.
D.--Malgr�� ces explications, il ressort de l'enqu��te que vous avez toujours ��t�� d'un caract��re violent.
R.--Je ne suis pas un mouton, mais je ne suis pas un tigre.
D.--Je fais encore une fois appel �� votre franchise: dans la soir��e du 23 avril, une discussion s'est-elle, oui ou non, ��lev��e entre vous et Defodon?...
R.--Non.
D.--Vous persistez �� dire qu'il s'est jet�� sur vous sans provocation, et que c'est seulement en vous d��fendant que vous lui avez donn�� la mort?
R.--Je le jure.
LE PR��SIDENT.--Messieurs les jur��s appr��cieront. Nous allons entendre les t��moins.
IV
L'interrogatoire avait produit sur l'auditoire une p��nible impression; plusieurs fois des murmures s'��taient ��lev��s aux
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