le fait se produit fr��quemment, que ces circonstances soient inconnues �� l'accus�� lui-m��me aussi bien qu'au minist��re public. Dans tout fait, quel qu'il soit, il se trouve des points accessoires, dont l'influence latente n'en a pas moins de puissance. Les acteurs du drame la subissent sans l'analyser, sans en avoir m��me conscience...
--D'o�� vous concluez?...
--D'o�� je conclus que, si le coupable est condamn�� pour le fait mat��riel, brutal, la connaissance de la v��rit�� compl��te pourrait le plus souvent modifier le verdict du jury, soit dans le sens de l'aggravation, soit, au contraire, dans le sens de l'acquittement. Encore un mot: en France, le syst��me des circonstances att��nuantes n'est point bas�� sur un autre raisonnement. On a laiss�� �� la conscience des jur��s l'appr��ciation de circonstances dont la mat��rialit�� ne s'impose pas...
Nous ��tions arriv��s �� la cour d'assises.
Maurice redevint grave et silencieux. Je me laissai guider.
Nous ��tions entr��s des premiers: aussi p?mes-nous choisir nos places. Ainsi qu'on le sait, le tribunal ��tant rang�� sur une estrade, au fond de l'h��micycle, l'accus�� se place �� droite, ayant devant lui son avocat; �� gauche, le procureur g��n��ral ou son substitut; plus en avant, les jur��s; devant la cour, l'enceinte r��serv��e aux t��moins. Au milieu de cet espace laiss�� libre, la table charg��e des pi��ces dites �� conviction.
Maurice se fit expliquer ces d��tails avant l'ouverture des d��bats.
--Pla?ons-nous de telle sorte que nous puissions voir et l'accus�� et les t��moins, seuls acteurs dont l'observation nous soit utile. Il est malheureux que les t��moins ne doivent nous appara?tre que de dos. Mais cet emp��chement ne constitue pas une difficult�� aussi importante qu'elle le para?t au premier coup d'oeil. Dans une affaire d'o�� la passion semble devoir ��tre exclue, le seul point �� noter--quant aux t��moins--est leur degr�� d'��ducation et d'intelligence. Nous devons pouvoir jeter un regard sur leur physionomie au moment o�� ils se rendent �� la barre; puis l'examen de leur costume fera le reste.
Nous nous installames donc, �� gauche du tribunal, aupr��s de la tribune des jur��s. De l��, nous pouvions voir en plein le visage de l'accus��.
Apr��s les pr��liminaires d'usage, l'assassin fut introduit. Le mouvement ordinaire, partie de curiosit��, partie d'int��r��t, se manifesta dans l'assistance, compacte et compos��e en majorit�� de dames, dont quelques-unes appartenaient �� ce qu'on est convenu d'appeler la plus haute soci��t��.
Rien de plus insignifiant d'ailleurs que l'accus��: il se pouvait d��finir d'un mot: un beau gar?on. Des cheveux chatains bouclant naturellement, pommad��s et s��par��s par une raie irr��prochable. De grands yeux, trop bien fendus, �� cils longs: regard sans expression particuli��re. Une barbe d'un beau chatain, taill��e en ��ventail, peign��e et fris��e. Le nez droit, un peu fort. La bouche encadr��e par une moustache assez fournie. La l��vre inf��rieure un peu ��paisse. Le teint tr��s clair. En r��sum�� une de ces t��tes comme on en rencontre �� chaque pas. Rien �� signaler au point de vue de l'expression, ni en bien ni en mal. Pour costume, redingote noire, gilet montant, linge tr��s blanc, col rabattu, d��gageant le cou. Bonne tenue, point de fanfaronnade, mais aussi peu de fermet��. Sur tous ses traits, dans tous ses gestes, une sorte d'inqui��tude ��tonn��e. Grande politesse pour les gendarmes. L'avocat s'��tant retourn�� pour lui parler, l'accus�� rougit comme s'il e?t ��t�� surpris de cette condescendance.
Le silence ��tabli, le jury constitu��, le greffier donna lecture de l'acte d'accusation.
ACTE D'ACCUSATION
?Le 23 avril dernier, �� neuf heures du soir, des cris se faisaient entendre dans une chambre garnie de l'h?tel de Bretagne et du P��rigord situ�� rue des Gr��s, n�� 27. Cette chambre, au deuxi��me ��tage, ��tait occup��e par un jeune homme de vingt-six ans, Jules Defodon. En m��me temps que retentissaient les cris, le bruit d'une lutte violente attirait l'attention des voisins. Un instant apr��s, la porte de la chambre s'ouvrait vivement, et Pierre Beaujon s'��lan?ait dans l'escalier, poussant des cris inarticul��s, et se pr��cipitait vers la rue. Le concierge de la maison, M. Tremplier, surpris de ces allures, pr��occup�� des cris entendus, s'opposait �� sa sortie, et, malgr�� ses efforts, le maintenait avec ��nergie. En m��me temps, les voisins p��n��traient dans la chambre d'o�� les bruits ��taient partis. L�� un terrible spectacle frappait leurs regards. Jules Defodon gisait sur le plancher, sur le dos, la face contract��e, la physionomie convuls��e comme s'il e?t, jusque dans la mort, jet�� �� son meurtrier une derni��re et supr��me impr��cation. Un homme de l'art, demeurant dans la maison, fut aussit?t appel��.
?Le corps n'��tait v��tu que d'une chemise de nuit. Il portait au cou des empreintes de doigts fortement serr��s. Le nomm�� Pierre Beaujon, ramen�� dans la chambre, ne put regarder en face le cadavre encore chaud de sa victime. Il s'��vanouit. Le commissaire de police du quartier vint faire les premi��res constatations; puis l'autorit�� judiciaire se livra �� une longue et minutieuse enqu��te qui a r��v��l�� les faits suivants;
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