�� pr��sent, de quelque frais minois, avait d��j�� plant�� l�� le trait�� de chimie organique dans lequel il paraissait plong��, et s'inclinait le plus galamment du monde devant la jeune personne.
--Mademoiselle! Vous d��sirez, mademoiselle?
--Monsieur... Je viens... C'est pour mon p��re, monsieur... Il a pris froid... Il ��tait parti d��s le matin pour la chasse, et il est revenu avec une douleur �� l'��paule..., une douleur tr��s vive, qui le tient l��, comme cela, dans le haut du dos, dans tout le bras... Il ne peut se remuer, et il souffre, il crie...
--Rhumatisme aigu, insinua Richefeu.
--Nous l'avons frictionn�� avec de l'alcool camphr��...
--Pas mauvais... oui..., opina l'aspirant apothicaire.
--Mais cela n'a rien fait, monsieur, rien du tout. Alors j'ai couru chez le docteur Morel, notre m��decin... Par malheur, il n'est pas chez lui. Et comme j'allais rentrer, j'ai pens�� que... peut-��tre... vous pourriez me..., me donner quelque chose qui soulagerait mon pauvre papa.
--Certainement, mademoiselle! Rien de plus facile! Je vais vous pr��parer ce que le docteur Morel lui-m��me aurait ordonn��. C'est tout comme si vous l'aviez vu... Une lotion infaillible, un baume souverain!
--Combien je vous remercie!
--Dans une petite demi-heure ce sera pr��t, mademoiselle. Je vous enverrai cette lotion... A moins que vous ne pr��f��riez attendre?
--Oh! non, monsieur! J'ai hate d'��tre de retour. Ne manquez pas surtout, n'est-ce pas, monsieur?
--Oh! n'ayez crainte!... Mademoiselle, j'ai bien l'honneur...
Et Nestor Richefeu, qui avait reconduit la jeune fille jusque sur le trottoir, referma la porte.
Soudain il se frappa le front.
--Imb��cile que je suis! Triple brute!
--Quoi donc? Keski te prend? demanda le deuxi��me ��l��ve, Th��odule Lardenois, qui, retenu dans le laboratoire attenant �� la pharmacie, n'��tait arriv�� qu'au milieu de l'entretien.
--Son adresse? O�� demeure-t-elle, cette petite? Cabrillat! Vite, nom d'un chien, cours apr��s!
--Pas la peine, Cabrillat. Voil�� ce que c'est, mon vieux, tu perds la t��te d��s qu'un cotillon entre ici! r��pliqua Lardenois. Comment, tu ne la connais pas? Et tu avais l'air si �� l'aise avec elle, tu la couvais d'un oeil si...
--Enfin, qui est-ce, cette jeune fille? interrompit Richefeu avec impatience. O�� habite-t-elle?
--C'est la petite Desormeaux, Mlle Adrienne Desormeaux, dont le p��re, un veuf encore vert, malgr�� son rhumatisme, poss��de un grand chantier de bois et une scierie �� l'extr��mit�� du faubourg Saint-��tienne;--ce qui ne l'emp��che pas d'habiter tout pr��s de nous, rue Haute..., cette longue maison basse, pr��c��d��e d'une cour avec grille...
--Ah! comment! C'est l��?
--Oui, c'est l��. Je m'��tonne qu'il faille te l'apprendre. Je croyais bien que...
--Mais toi-m��me, comment es-tu si bien renseign��?
--Belle malice! exclama Lardenois. Mlle Desormeaux passe tous les matins avec sa bonne...; oui, tous les matins!... depuis deux mois au moins, ��poque de sa sortie du couvent, j'imagine..., entre huit et neuf heures, l��, devant la pharmacie, pour se rendre �� la messe. Alors, l'ayant aper?ue, je me suis inform��; j'ai interrog�� la femme de chambre de la patronne, entre autres, cette grande bringue d'Ernestine... Et voil�� tout le myst��re!
--C'est ��tonnant! s'��cria na?vement Richefeu. Je ne l'avais pas encore remarqu��e, moi!
--Il y a commencement �� tout, ma vieille! repartit le jeune Lardenois dans sa profonde sagesse.
--Et... inutile de te demander si... si tu en tiens pour elle?
--Oui, inutile, parce que je ne le sais pas encore bien moi-m��me. Cela viendra peut-��tre! conclut avec la m��me remarquable judiciaire Th��odule Lardenois.
Tout en ��coutant son compagnon et discourant avec lui, Nestor Richefeu s'��tait mis en devoir de confectionner le plus efficace des liniments, l'irr��sistible baume annonc��. Quand la besogne fut termin��e, le goulot du flacon d?ment entour�� de sa coiffe verte, soigneusement ficel��e et cachet��e, le flacon lui-m��me envelopp�� d'un papier blanc comme neige, Nestor, au lieu de le confier au gar?on de peine, �� ce satan�� petit flandrin de Vincent, si pertinemment baptis�� l'Endormi, glissa la bouteille dans sa poche, s'esquiva sans mot dire du laboratoire par la porte ouvrant sur le corridor, et gagna la rue.
--Dis donc, Cabrillat! fit Lardenois, �� qui ce man��ge n'avait pas ��chapp��,--tu n'as pas vu?
--Quoi donc?
--Tu ne te demandes pas o�� est pass�� cet animal de Richefeu?
--Non. Pourquoi?
--Parce que monsieur, le joli coeur, au lieu d'envoyer Vincent chez les Desormeaux, n'a pu r��sister au d��sir d'y aller lui-m��me. Voil��! J'en suis certain: j'ai entendu grincer la porte du couloir.
* * * * *
Situ��e dans le plus riche quartier de Ch��vremont, au coin de la place de la Mairie et de la Grand'Rue, la pharmacie Pichancourt, avec ses deux longues fa?ades garnies, selon la coutume, de gigantesques bocaux rouges et bleus, jaune de chrome et vert d'��meraude, sa double plinthe de marbre noir et sa double enseigne en lettres d'or: _Pichancourt, ex-interne des h?pitaux de Paris_, avait tout �� fait belle apparence. Elle n'aurait pas d��par�� les boulevards de ?la capitale?, on ��tait unanime �� le reconna?tre �� Ch��vremont-en-Bresse, et �� la proclamer m��me le plus ��l��gant et le plus cossu des magasins de la ville.
Sur chacune des deux immenses
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