une jeune fille qui leur apportera des massepains qu'ils viendront manger jusque dans son tablier.
--D'abord, dit Fritz, de ce ton doctoral qui lui ��tait particulier, et que ses parents reprenaient en lui comme un de ses plus graves d��fauts, vous saurez, mademoiselle Marie, que les cygnes ne mangent pas de massepains.
--Je le croyais, dit Marie; mais, comme tu as un an et demi de plus que moi, tu dois en savoir plus que je n'en sais.
Fritz se rengorgea.
--Puis, reprit-il, je crois pouvoir dire que, si parrain Drosselmayer apporte quelque chose, ce sera une forteresse, avec des soldats pour la garder, des canons pour la d��fendre, et des ennemis pour l'attaquer; ce qui fera des combats superbes.
--Je n'aime pas les batailles, dit Marie. S'il apporte une forteresse, comme tu le dis ce sera donc pour toi; seulement, je r��clame les bless��s pour en avoir soin.
--Quelque chose qu'il apporte, dit Fritz, tu sais bien que ce ne sera ni pour toi ni pour moi, attendu que, sous le pr��texte que les cadeaux de parrain Drosselmayer sont de vrais chefs-d'oeuvre, on nous les reprend aussit?t qu'il nous les a donn��s, et qu'on les enferme tout au haut de la grande armoire vitr��e o�� papa seul peut atteindre, et encore en montant sur une chaise, ce qui fait, continua Fritz, que j'aime autant et m��me mieux les joujoux que nous donnent papa et maman, et avec lesquels on nous laisse jouer au moins jusqu'�� ce que nous les ayons mis en morceaux, que ceux que nous apporte le parrain Drosselmayer.
--Et moi aussi, r��pondit Marie; seulement, il ne faut pas r��p��ter ce que tu viens de dire au parrain.
--Pourquoi?
--Parce que cela lui ferait de la peine que nous n'aimassions pas autant ses joujoux que ceux qui nous viennent de papa et de maman; il nous les donne, pensant nous faire grand plaisir, il faut donc lui laisser croire qu'il ne se trompe pas.
--Ah bah! dit Fritz.
--Mademoiselle Marie a raison, monsieur Fritz, dit mademoiselle Trudchen, qui, d'ordinaire, ��tait fort silencieuse et ne prenait la parole que dans les grandes circonstances.
--Voyons, dit vivement Marie pour emp��cher Fritz de r��pondre quelque impertinence �� la pauvre gouvernante, voyons, devinons ce que nous donneront nos parents. Moi, j'ai confi�� �� maman, mais la condition qu'elle ne la gronderait pas, que mademoiselle Ros��, ma poup��e, devenait de plus en plus maladroite, malgr�� les sermons que je lui fais sans cesse, et n'est occup��e qu'�� se laisser tomber sur le nez, accident qui ne s'accomplit jamais sans laisser des traces tr��s d��sagr��ables sur son visage; de sorte qu'il n'y a plus �� penser �� la conduire dans le monde, tant sa figure jure maintenant avec ses robes.
--Moi, dit Fritz, je n'ai pas laiss�� ignorer �� papa qu'un vigoureux cheval alezan ferait tr��s-bien dans mon ��curie; de m��me que je l'ai pri�� d'observer qu'il n'y a pas d'arm��e bien organis��e sans cavalerie l��g��re, et qu'il manque un escadron de hussards pour compl��ter la division que je commande.
A ces mots, mademoiselle Trudchen jugea que le moment convenable ��tait venu de prendre une seconde fois la parole.
--Monsieur Fritz et mademoiselle Marie, dit-elle, vous savez bien que c'est l'enfant J��sus qui donne et b��nit tous ces beaux joujoux qu'on vous apporte. Ne d��signez donc pas d'avance ceux que vous d��sirez, car il sait mieux que vous-m��mes ceux qui peuvent vous ��tre agr��ables.
--Ah! oui, dit Fritz, avec cela que, l'ann��e pass��e, il ne m'a donn�� que de l'infanterie quand, ainsi que je viens de le dire, il m'e?t ��t�� tr��s agr��able d'avoir un escadron de hussards.
--Moi, dit Marie, je n'ai qu'�� le remercier, car je ne demandais qu'une seule poup��e, et j'ai encore eu une jolie colombe blanche avec des pattes et un bec roses.
Sur ces entrefaites, la nuit ��tant arriv��e tout �� fait, de sorte que les enfants parlaient de plus bas en plus bas, et qu'ils se tenaient toujours plus rapproch��s l'un de l'autre, il leur semblait autour d'eux sentir les battements d'ailes de leurs anges gardiens tout joyeux, et entendre dans le lointain une musique douce et m��lodieuse comme celle d'un orgue qui e?t chant��, sous les sombres arceaux d'une cath��drale, la nativit�� de Notre-Seigneur. Au m��me instant, une vive lueur passa sur la muraille, et Fritz et Marie comprirent que c'��tait l'enfant J��sus qui, apr��s avoir d��pos�� leurs joujoux dans le salon, s'envolait sur un nuage d'or vers d'autres enfants qui l'attendaient avec la m��me impatience qu'eux.
Aussit?t une sonnette retentit, la porte s'ouvrit avec fracas, et une telle lumi��re jaillit de l'appartement, que les enfants demeur��rent ��blouis, n'ayant que la force de crier:
--Ah! ah! ah!
Alors le pr��sident et la pr��sidente vinrent sur le seuil de la porte, prirent Fritz et Marie par la main.
--Venez voir, mes petits amis, dirent-ils, ce que l'enfant J��sus vient de vous apporter.
Les enfants entr��rent aussit?t dans le salon,
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