Histoire de la Revolution francaise, III | Page 3

Adolphe Thiers
serv?t de documens aux ��lecteurs. Les d��put��s qui avaient vot�� contre les lois d��sir��es par le parti populaire, et surtout ceux qui avaient absous Lafayette, ��taient particuli��rement d��sign��s. N��anmoins, pour les provinces o�� les discordes de la capitale n'avaient pas encore p��n��tr��, les girondins, m��me les plus odieux aux agitateurs de Paris, ��taient nomm��s �� cause de leurs talens reconnus. Presque tous les membres de l'assembl��e actuelle ��taient r����lus. Beaucoup de constituans, que le d��cret de non-r����lection avait exclus de la premi��re l��gislature, furent appel��s �� faire partie de cette convention. Dans le nombre on distinguait Buzot et P��tion. Parmi les nouveaux membres figuraient naturellement les hommes qui, dans leurs d��partemens, s'��taient signal��s par leur ��nergie et leur exaltation, ou les ��crivains qui, comme Louvet, s'��taient fait conna?tre, par leurs talens, �� la capitale et aux provinces.
A Paris, la faction violente qui avait domin�� depuis le 10 ao?t, se rendit ma?tresse des ��lections et mit en avant tous les hommes de son choix. Robespierre, Danton furent les premiers nomm��s. Les jacobins, le conseil de la commune accueillirent cette nouvelle par des applaudissemens. Apr��s eux furent ��lus Camille Desmoulins, fameux par ses ��crits; David, par ses tableaux; Fabre-d'��glantine, par ses ouvrages comiques et une grande participation aux troubles r��volutionnaires; Legendre, Panis, Sergent, Billaud-Varennes, par leur conduite �� la commune. On y ajouta le procureur-syndic Manuel, Robespierre jeune, fr��re du c��l��bre Maximilien; Collot-d'Herbois, ancien com��dien; le duc d'Orl��ans, qui avait abdiqu�� ses titres, et s'appelait Philippe-��galit��. Enfin, apr��s tous ces noms, on vit para?tre avec ��tonnement le vieux Dusaulx, l'un des ��lecteurs de 1789, qui s'��tait tant oppos�� aux fureurs de la multitude, qui avait tant vers�� de larmes sur ses exc��s, et qui fut r����lu par un dernier souvenir de 89, et comme un ��tre bon et inoffensif pour tous les partis. Il manquait �� cette ��trange r��union le cynique et sanguinaire Marat. Cet homme ��trange avait, par l'audace de ses ��crits, quelque chose de surprenant, m��me pour des gens qui venaient d'��tre t��moins des journ��es de septembre. Le capucin Chabot, qui dominait aux Jacobins par sa verve, et y cherchait les triomphes qui lui ��taient refus��s dans l'assembl��e l��gislative, fut oblig�� de faire l'apologie de Marat; et, comme c'��tait chez les jacobins que toute chose se d��lib��rait d'avance, son ��lection propos��e chez eux fut bient?t consomm��e dans l'assembl��e ��lectorale. Marat, un autre journaliste, Fr��ron et quelques individus obscurs, compl��t��rent cette d��putation fameuse qui, renfermant des commer?ans, un boucher, un com��dien, un graveur, un peintre, un avocat, trois ou quatre ��crivains, un prince d��chu, repr��sentait bien la confusion et la vari��t�� des existences qui s'agitaient dans l'immense capitale de la France.
Les d��put��s arrivaient successivement �� Paris, et �� mesure que leur nombre devenait plus grand, et que les journ��es qui avaient produit une terreur si profonde s'��loignaient, on commen?ait �� se rassurer, et �� se prononcer contre les d��sordres de la capitale. La crainte de l'ennemi ��tait diminu��e par la contenance de Dumouriez dans l'Argonne: la haine des aristocrates se changeait en piti��, depuis l'horrible sacrifice qu'on en avait fait �� Paris et �� Versailles. Ces forfaits, qui avaient trouv�� tant d'approbateurs ��gar��s ou tant de censeurs timides, ces forfaits, devenus plus hideux par le vol qui venait de se joindre au meurtre, excitaient la r��probation g��n��rale. Les girondins indign��s de tant de crimes, et courrouc��s de l'oppression personnelle qu'ils avaient subie pendant un mois entier, devenaient plus fermes et plus ��nergiques. Brillans de talent et de courage aux yeux de la France, invoquant la justice et l'humanit��, ils devaient avoir l'opinion publique pour eux, et d��j�� ils en mena?aient hautement leurs adversaires.
Cependant, si les girondins ��taient ��galement prononc��s contre les exc��s de Paris, ils n'��prouvaient et n'excitaient pas tous ces ressentimens personnels qui enveniment les haines de parti. Brissot par exemple, en ne cessant aux Jacobins de lutter d'��loquence avec Robespierre, lui avait inspir�� une haine profonde. Avec des lumi��res, des talens, Brissot produisait beaucoup d'effet; mais il n'avait ni assez de consid��ration personnelle, ni assez d'habilet�� pour ��tre le chef du parti, et la haine de Robespierre le grandissait en lui imputant ce r?le. Lorsqu'�� la veille de l'insurrection, les girondins ��crivirent une lettre �� Bose, peintre du roi, le bruit d'un trait�� se r��pandit, et on pr��tendit que Brissot, charg�� d'or, allait partir pour Londres. Il n'en ��tait rien; mais Marat, �� qui les bruits les plus insignifians, ou m��me les mieux d��mentis, suffisaient pour ��tablir ses accusations, n'en avait pas moins lanc�� un mandat d'arr��t contre Brissot, lors de l'emprisonnement g��n��ral des pr��tendus conspirateurs du 10 ao?t. Une grande rumeur s'en ��tait suivie, et le mandat d'arr��t ne fut pas ex��cut��. Mais les jacobins n'en disaient pas moins que Brissot ��tait vendu �� Brunswick; Robespierre le r��p��tait et le croyait, tant sa fausse intelligence ��tait port��e ��
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