Histoire de deux enfants douvrier

Hendrik Conscience
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Histoire de deux enfants
d'ouvrier

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Title: Histoire de deux enfants d'ouvrier
Author: Hendrik Conscience
Release Date: December 7, 2005 [EBook #17248]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DE DEUX ENFANTS D'OUVRIER ***

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OEUVRES COMPLÈTES DE HENRI CONSCIENCE
* * * * *

HISTOIRE DE DEUX ENFANTS D'OUVRIERS
PAR
HENRI CONSCIENCE
NOUVELLE ÉDITION, PARIS, CALMANN LÉVY, ÉDITEUR,
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES, RUE AUBER, 3,
ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15, À LA LIBRAIRIE
NOUVELLE
1879
* * * * *

HISTOIRE DE DEUX ENFANTS D'OUVRIERS

I.
Cette grande maison, avec ses cent fenêtres que l'on voit sur le pont du
Moulin, à Gand, est la fabrique de coton de M. Raemdonck. Quoique le
jour baisse, tout y est encore en pleine activité. La lourde bâtisse
tremble jusque dans ses fondements, sous le mouvement des
mécaniques que fait marcher la vapeur.
C'est d'abord le diable, cette puissante machine dans laquelle le coton
est battu, secoué et foulé jusqu'à ce qu'il soit expurgé de tout corps
étranger. Puis les cordes, les instruments de tension et les lanternes ou
pots tournants qui, tous ensemble, changent la laine végétale en flocons

de neige, la mêlent, la divisent et la préparent, pour être convertie par
les machines à filer en un fil mince comme un cheveu. Puis les
cardeuses, et enfin les métiers des tisserands et les barres des fileurs
avec leurs broches et leurs bobines innombrables. Tout, du haut en bas,
se meut, court et s'agite avec une rapidité fiévreuse. C'est une infinité
d'essieux qui pivotent, de roues qui tournent, d'engrenages qui grincent,
de courroies qui se déroulent, de métiers qui s'agitent et de fuseaux qui
ronflent. Chaque mouvement produit un bruit qui se mêle aux autres
bruits pour former une espèce de roulement de tonnerre, un grondement
énervant si intense et si continu, qu'il absorbe toute la pensée du
visiteur que le hasard amène en ces lieux, et l'étourdit comme le
sifflement des vents déchaînés sur une mer furieuse.
Tandis que le fer et le feu y remplissent tout de leur vie et de leur voix,
l'homme erre comme un muet fantôme parmi les gigantesques
machines que son génie a créées. Il y a là des hommes, des femmes, des
enfants en masse; ils surveillent la marche des rouages, ils rattachent
les fils rompus, ils placent du coton sur les bobines et fournissent sans
cesse des aliments au monstre à cent bras qui semble dévorer la matière
avec une avidité insatiable.
Voyez comme tous, hommes et femmes, vont et viennent entre les
rouages presque sans précaution! comme les enfants passent en
rampant sous les moulins à filer! Et cependant qu'une courroie, une
dent, une de toutes ces choses qui pivotent touche leur blouse... et le fer
impitoyable arrachera leurs membres ou broiera leur corps, et ne le
lâchera que pour le rejeter plus loin comme une masse informe. Ah!
combien d'imprudents ouvriers ont été dévorés par cette force brutale et
aveugle, qui ne fait pas de différence entre le coton et la chair humaine!
Mais un coup de cloche a retenti! Le chauffeur arrête la machine, il ôte
aux mécaniques la respiration et la vie... et au bruit formidable, au
grondement assourdissant, succède le silence de la solitude et du
repos...
C'était par une soirée de l'été de 1832; les ouvriers de la fabrique de M.
Raemdonck, avertis par le son de la cloche, cessèrent leur travail et se
réunirent dans une cour intérieure, pour y attendre, devant le guichet

pratiqué dans l'une des fenêtres du bureau, le payement des salaires de
la semaine qui venait de finir.
Bien qu'entremêlés, ils formaient toutefois quelques groupes. On
pouvait voir que les femmes, les enfants et les hommes étaient portés à
former des groupes séparés; même les tisserands et les fileurs se
trouvaient à des côtés différents de la cour.
Les femmes furent payées d'abord; car, parmi elles, il y avait beaucoup
de mères dont les nourrissons attendaient peut-être depuis des heures
leur nourriture. Pauvres petits, confiés pendant des jours entiers à des
mains étrangères; vivant depuis leur naissance dans la détresse et le
besoin; victimes d'un vice social qui, contre la nature et la volonté de
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