Histoire de St. Louis, Roi de France | Page 3

Richard de Bury
royaume, rendit au comte sa libert��, et lui fit remise de la moiti�� de sa ran?on, �� condition de laisser seulement pendant dix ans, entre les mains du jeune roi, la citadelle de Douai. Ce bienfait l'attacha si fortement aux int��r��ts de la reine et de son fils, que rien ne put l'en ��carter, et qu'il r��sista constamment �� toutes les sollicitations des seigneurs m��contens.
Cependant le comte de Champagne avait lev�� le premier l'��tendard de la r��volte: il avait fait une ligue avec les comtes de Bretagne et de la Marche. Ils avaient commenc�� par faire fortifier et fournir de munitions de guerre et de bouche les chateaux de Beuvron en Normandie, et de Bellesme dans le Perche, dont le feu roi avait confi�� la garde au comte de Bretagne.
La r��gente, usant de la plus grande diligence, avant que les m��contens fussent en ��tat de se mettre en campagne, assembla promptement une arm��e assez nombreuse pour accabler le comte de Champagne. Elle fut parfaitement second��e par Philippe, comte de Boulogne, oncle du roi; par Robert, comte de Dreux, fr��re du comte de Bretagne; et par Hugues IV, duc de Bourgogne. Elle marcha avec eux, accompagn��e du roi son fils, en Champagne, contre le comte Thibaud. Ce seigneur, surpris de cette diligence, mit les armes bas, et eut recours �� la cl��mence du roi qui lui pardonna, et le re?ut en ses bonnes graces.
C'est sur cette r��conciliation si prompte, et principalement sur les discours perfides d'un auteur anglais[1], qu'il a plu �� quelques-uns de nos ��crivains d'orner, ou plut?t de salir leur histoire de l'��pisode imaginaire des amours du comte de Champagne et de la reine r��gente. Le plaisir de mal parler des grands, et de se faire applaudir par des gens corrompus, dont notre si��cle n'est pas plus exempt que les autres, donne la vogue �� ces sortes de fables; mais celles-l�� ne furent point capables de fl��trir la r��putation d'une reine �� laquelle notre histoire a, dans tous les temps, rendu la justice qu'elle m��ritait. D'ailleurs les historiens anglais, et surtout Matthieu Paris, moine b��n��dictin, croyaient, par ces traits de malignit��, venger leur roi Henri III des avantages que les Fran?ais, sous la conduite de la reine Blanche, avaient remport��s sur lui, lorsqu'ayant pris, comme je le dirai dans la suite, le parti des m��contens, il fut renvoy�� dans son ?le, apr��s avoir vu d��truire son arm��e, et d��pens�� beaucoup d'argent. A la v��rit��, suivant les m��moires de ce temps-l��, il y a lieu de penser que le comte de Champagne avait con?u de l'inclination pour cette princesse; mais on n'y voit rien qui puisse persuader qu'elle y ait jamais r��pondu, et l'on y trouve m��me le contraire. Elle m��prisa le comte, le plus volage et le plus frivole seigneur de son temps, et le laissa se consoler par les vers et les chansons dont il ornait les murs de son chateau de Provins.
[Note 1: Matthieu Paris.]
Le parti r��volt��, ��tant fort affaibli par le retour du comte de Champagne sous l'ob��issance du roi, la r��gente fit marcher aussit?t l'arm��e au-del�� de la Loire, contre les deux autres chefs. Le roi les fit citer deux fois devant le parlement. N'ayant pas ob��i, et ��tant cit��s une troisi��me fois, ils se rendirent �� Vend?me, o�� ��tait le roi. Comme ils n'avaient point d'autre ressource que la mis��ricorde de ce prince pour ��viter le chatiment qu'ils m��ritaient, ils y eurent recours. La bont�� du roi, la n��cessit�� de m��nager les autres seigneurs, parens ou amis des deux comtes, l'esp��rance de r��tablir plus promptement, par les voies de la douceur, la tranquillit�� de l'��tat, engag��rent la r��gente �� faire obtenir du roi, non seulement leur pardon, mais encore des graces et des conditions tr��s-avantageuses par un trait�� que le roi fit avec eux.
D'abord, pour ce qui regardait le comte de la Marche, il fut conclu qu'Alfonse de France, fr��re du roi, ��pouserait Elisabeth, fille de ce comte, dont le fils a?n��, Hugues de la Marche, ��pouserait Elisabeth de France, soeur du roi. Il fut encore convenu que le roi ne pourrait faire la paix avec le roi d'Angleterre, sans y comprendre le comte. Celui-ci, de sa part, c��da ses pr��tentions sur le Bordelais et sur la ville de Lang��s, moyennant une somme d'argent payable en plusieurs ann��es, en d��dommagement du douaire de la reine d'Angleterre, femme du comte, saisi par les Anglais.
A l'��gard du comte de Bretagne, il fut convenu qu'Iolande, sa fille, ��pouserait Jean de France, fr��re du roi; que, jusqu'�� ce que Jean e?t atteint vingt-un ans (il n'en avait alors que huit), le comte de Bretagne aurait la possession d'Angers, de Beaug��, de Beaufort et de la ville du Mans; qu'il donnerait en dot �� sa fille, Bray, Chateauceau, avec les chateaux de Beuvron, de la Perri��re et de Bellesme,
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