Henri IV | Page 5

William Shakespeare
véritable Oldcastle; c'est sous ce travestissement, et comme associé aux désordres de Henri, que para?t sir John Oldcastle dans une vieille pièce intitulée les fameuses victoires d'Henri V, contenant la bataille d'Agincourt; et toujours est-il certain que les écrivains jésuites avaient pris texte de cette tradition théatrale pour charger de vices la mémoire du sectateur de Wycleff. Quoi qu'il en soit, Shakspeare, à ce qu'il para?trait, s'empara, selon son usage, du personnage déjà en possession du théatre, et lui conserva d'abord son premier nom, ainsi qu'il a conservé ceux de Ned et de Gadshill, autres compagnons de Henri dans la vieille pièce de la bataille d'Agincourt. Mais ensuite, soit par respect pour la mémoire d'une victime du catholicisme, soit par égard pour la famille d'Oldcastle, Elisabeth demanda un changement de nom, et le vieux camarade du prince de Galles prit alors celui de Falstaff, en conservant tous les attributs d'Oldcastle, comme le gros ventre, la gourmandise, etc.]
[Note 8: Is not a buff jerkin a most sweet robe of durance. Il est difficile d'entendre le sens de cette plaisanterie, comme de toutes celles qui portent sur des usages familiers au temps où l'auteur écrivait, mais impossibles à retrouver plus tard. Durance signifie généralement durée, souffrance, et plus spécialement prison: il para?t aussi que le mot durance avait été donné à certaines étoffes; le jeu de mots est clair entre ces deux derniers sens du mot durance; mais il n'est pas aussi aisé de comprendre le r?le que joue dans la plaisanterie du prince le pourpoint de buffle, qui est cependant ce qui choque le plus Falstaff. Le pourpoint de buffle était l'habit des officiers du shérif: est-ce une manière de les désigner et de les rappeler à Falstaff, que ses méfaits exposent sans cesse à leur poursuite? C'était aussi l'habit militaire de la chevalerie. Est-ce une manière de désigner les chevaliers? sir John l'était.]
FALSTAFF.--Quoi, quoi? Mauvais plaisant, fou que tu es! qu'as-tu donc à me pincer, à m'épiloguer de cette manière? que diable ai-je affaire à ton pourpoint de buffle?
HENRI.--Et que diable ai-je affaire, moi, avec ton h?tesse de la taverne?
FALSTAFF.--Eh! mais tu l'as bien fait venir compter avec toi plus et plus d'une fois.
HENRI.--Et t'ai-je jamais fait venir toi, pour payer ta part?
FALSTAFF.--Non: oh! je te rendrai justice: tu as toujours tout payé là.
HENRI.--Là et ailleurs aussi, tant que mes fonds pouvaient s'étendre; et quand ils m'ont manqué, j'ai usé de mon crédit.
FALSTAFF.--Oh! pour cela oui, et si bien usé, que, s'il n'était pas si clair que tu es l'héritier présomptif....--Mais dis-moi donc, je t'en prie, mon cher enfant, verra-t-on encore en Angleterre des gibets sur pied, quand tu seras roi? Et cette grotesque figure, la mère la Loi, avec son frein rouillé, pourra-t-elle toujours jouer de mauvais tours aux gens de coeur? Je t'en prie, quand tu seras roi, ne pends point les voleurs.
HENRI.--Non, ce sera toi.
FALSTAFF.--Moi, oh! bravo. Pardieu je serai un excellent juge.
HENRI.--Et voilà comme tu juges déjà mal; car je veux dire que c'est toi qui auras l'emploi de pendre les voleurs, et que tu deviendras ainsi un merveilleux bourreau.
FALSTAFF.--Fort bien, Hal, fort bien: je puis vous dire qu'en quelque fa?on ce métier-là s'accorderait avec mon humeur tout aussi bien que celui de faire ma cour.
HENRI.--Pour être revêtu de quelque emploi.
FALSTAFF.--Certainement pour être vêtu[9]. Le bourreau a une garde-robe qui n'est pas mince.--Je suis aussi triste qu'un vieux matou, ou qu'un ours emmuselé.
HENRI.--Ou qu'un lion décrépit, ou bien que le luth d'un amant.
FALSTAFF.--Oui, ou le bourdonnement d'une musette du comté de Lincoln.
HENRI.--Pourquoi pas comme un lièvre, ou comme les vapeurs de Moorditch[10]?
FALSTAFF.--Tu as toujours les comparaisons les plus désagréables, et tu es le comparatif en personne le plus maudit... aimable jeune prince!...--Mais, Hal, je t'en prie, ne me tourmente plus davantage de ces folies. Je voudrais de tout mon coeur que nous fussions toi et moi là où l'on achète une provision de bonne renommée. Un vieux lord du conseil m'a diablement bourré l'autre jour dans la rue à votre sujet, mon cher monsieur, mais je n'y ai pas fait attention; et cependant il parlait fort sagement, mais je n'y ai pas pris garde, et pourtant il parlait sagement, et dans la rue encore.
HENRI.--Tu as bien fait: car la sagesse crie dans les rues, et personne n'y prend garde[11].
[Note 9: Le Prince. For obtaining of suits? Fals. Yea, for obtaining of suits.
Jeu de mots sur le mot suits, qui signifie une requête et un vêtement complet.]
[Note 10: The melancholy of moor-ditch. Moor-ditch était un fossé bourbeux qui environnait une partie des murs de Londres, et dont les exhalaisons occasionnaient, à ce qu'il para?t, une maladie appelée the melancholy of moor-ditch.]
[Note 11: Paroles de l'écriture.]
FALSTAFF.--Oh! tu as de damnables applications; en vérité, tu serais capable de corrompre un saint.--Tu m'as fait bien du tort, Hal! Dieu te
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