Han dIslande | Page 2

Victor Hugo
ou trois c?t��s et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil �� onze ans, Auguste Lafontaine �� treize, Shakespeare �� seize, ��chelle ��trange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections litt��raires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.
C'est parce que, selon nous, ce livre, oeuvre na?ve avant tout, repr��sente avec quelque fid��lit�� l'age qui l'a produit que nous le redonnons au public en 1833 tel qu'il a ��t�� fait en 1821.
D'ailleurs, puisque l'auteur, si peu de place qu'il tienne en litt��rature, a subi la loi commune �� tout ��crivain grand ou petit, de voir rehausser ses premiers ouvrages aux d��pens des derniers et d'entendre d��clarer qu'il ��tait fort loin d'avoir tenu le peu que ses commencements promettaient, sans opposer �� une critique peut-��tre judicieuse et fond��e des objections qui seraient suspectes dans sa bouche, il croit devoir r��imprimer purement et simplement ses premiers ouvrages tels qu'il les a ��crits, afin de mettre les lecteurs �� m��me de d��cider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des pas en arri��re qui s��parent _Han d'Islande_ de _Notre-Dame de Paris_.
Paris, mai 1833.

PREMI��RE ��DITION
L'auteur de cet ouvrage, depuis le jour o�� il en a ��crit la premi��re page, jusqu'au jour o�� il a pu tracer le bienheureux mot FIN au bas de la derni��re, a ��t�� le jouet de la plus ridicule illusion. S'��tant imagin�� qu'une composition en quatre volumes valait la peine d'��tre m��dit��e, il a perdu son temps �� chercher une id��e fondamentale, �� la d��velopper bien ou mal dans un plan bon ou mauvais, �� disposer des sc��nes, �� combiner des effets, �� ��tudier des moeurs de son mieux; en un mot, il a pris son ouvrage au s��rieux.
Ce n'est que tout �� l'heure, au moment o��, selon l'usage des auteurs de terminer par o�� le lecteur commence, il allait ��laborer une longue pr��face, qui f?t comme le bouclier de son oeuvre, et cont?nt, avec l'expos�� des principes moraux et litt��raires sur lesquels repose sa conception, un pr��cis plus ou moins rapide des divers ��v��nements historiques qu'elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu'elle parcourt; ce n'est que tout �� l'heure, disons-nous, qu'il s'est aper?u de sa m��prise, qu'il a reconnu toute l'insignifiance et toute la frivolit�� du genre �� propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu'il a senti combien il s'��tait, pour ainsi dire, mystifi�� lui-m��me, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu'�� un certain point, ��tre une production litt��raire, et que ces quatre volumes formaient un livre.
Il se r��sout donc sagement, apr��s avoir fait amende honorable, �� ne rien dire dans cette esp��ce de pr��face, que monsieur l'��diteur aura soin en cons��quence d'imprimer en gros caract��res. Il n'informera pas m��me le lecteur de son nom ou de ses pr��noms, ni s'il est jeune ou vieux, mari�� ou c��libataire, ni s'il a fait des ��l��gies ou des fables, des odes ou des satires, ni s'il veut faire des trag��dies, des drames ou des com��dies, ni s'il jouit du patriciat litt��raire dans quelque acad��mie, ni s'il a une tribune dans un journal quelconque; toutes choses, cependant, fort int��ressantes �� savoir. Il se bornera seulement �� faire remarquer que la partie pittoresque de son roman a ��t�� l'objet d'un soin particulier; qu'on y rencontre fr��quemment des K, des Y, des H et des W, quoiqu'il n'ait jamais employ�� ces caract��res romantiques qu'avec une extr��me sobri��t��, t��moin le nom historique de Guldenlew, que plusieurs chroniqueurs ��crivent _Guldenlo?we_, ce qu'il n'a pas os�� se permettre; qu'on y trouve ��galement de nombreuses diphtongues vari��es avec beaucoup de go?t et d'��l��gance; et qu'enfin tous les chapitres sont pr��c��d��s d'��pigraphes ��tranges et myst��rieuses, qui ajoutent singuli��rement �� l'int��r��t et donnent plus de physionomie �� chaque partie de la composition.
Janvier 1823.

DEUXI��ME ��DITION
On a affirm�� �� l'auteur de cet ouvrage qu'il ��tait absolument n��cessaire de consacrer sp��cialement quelques lignes d'avertissement, de pr��face ou d'introduction �� cette seconde ��dition. Il a eu beau repr��senter que les quatre ou cinq malencontreuses pages vides qui escortaient la premi��re ��dition, et dont le libraire s'est obstin�� �� d��parer celle-ci, lui avaient d��j�� attir�� les anath��mes de l'un de nos ��crivains les plus honorables et les plus distingu��s [Footnote: M. C. Nodier. Quotidienne du 12 mars.], lequel l'avait accus�� de prendre _le ton aigre-doux_ de l'illustre Jedediah Cleishbotham, ma?tre d'��cole et sacristain de la paroisse de Gandercleugh; il a eu beau all��guer que ce brillant et judicieux critique, de s��v��re pour la faute, deviendrait sans doute impitoyable pour la r��cidive; et pr��senter, en un mot, une foule d'autres raisons non moins bonnes pour se dispenser d'y tomber, il para?t qu'on lui en a oppos�� de meilleures, puisque le voici maintenant ��crivant une seconde pr��face, apr��s s'��tre tant
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