un l��ger tremblement dans la voix; les demoiselles P��che consentent �� me prendre comme apprentie, et je dois ��tre rendue �� B... le 1er mars prochain... Ce soir je parlerai �� ma tante.... Merci encore, Xavier!
Elle se retourna pour lui serrer la main, mais il s'��tait d��j�� enfonc�� dans l'ombre du couloir, et elle l'entendit s'��loigner du c?t�� du jardin.
Lorsque toute la famille fut r��unie pour le souper, et que Gaspard eut allum�� la lampe, Gertrude alla s'asseoir pr��s de madame de Maupri�� et d��plia silencieusement sa lettre. Au bruit du papier froiss��, la veuve posa son tricot et dit �� sa ni��ce en lui dardant un regard froid:
--Qu'y a-t-il, Gertrude, et que me veux-tu?
--Ma tante, commen?a la jeune fille d'une voix ��mue mais ferme, vous m'avez accueillie chez vous, et depuis cinq ans vous avez ��t�� pour moi une parente d��vou��e; je vous ai impos�� de lourds sacrifices et je vous en serai toujours reconnaissante....
La veuve fron?a les sourcils, piqua une aiguille dans ses cheveux et s'��cria d'une voix br��ve:
--?a, o�� veux-tu en venir?
--A vous annoncer, ma tante, que je ne veux pas abuser plus longtemps de votre hospitalit��: j'ai trouv�� �� B... une position convenable, et je viens vous demander la permission de l'accepter.
En m��me temps elle remit sa lettre �� madame de Maupri��. En entendant ces derni��res paroles, Gaspard avait relev�� brusquement la t��te; Honorine et Reine se regardaient et cherchaient tout bas qu'elle pouvait ��tre cette position myst��rieuse qui allait permettre �� leur cousine de se produire �� la ville.
?Cette chance-l�� ne m'arrivera jamais!? songeait Reine d��pit��e.--Xavier, les poings serr��s sur les tempes, les l��vres froides, regardait la lettre, sa m��re et Gertrude. Un silence profond remplissait la salle.
La veuve ajusta ses lunettes et lut lentement, puis, rejetant le papier avec d��dain:
--Ainsi, dit-elle, tu veux te faire modiste!...
Modiste!... A ce mot, Honorine ��baucha un sourire de piti�� et Reine poussa un soupir de soulagement; quant �� Gaspard, il se remit �� frotter son fusil et �� siffler d'un air narquois.
--Oui, r��pondit Gertrude, je veux gagner ma vie honn��tement, et n'��tre �� charge �� personne.
Madame de Maupri�� se mordit les l��vres.
--Tu as dix-neuf ans �� peine, continua-t-elle, et je suis responsable de tes actes.... Est-il convenable que je te laisse aller �� dix lieues d'ici, dans une boutique o�� tu seras en compagnie de filles de rien, et expos��e �� tous les dangers d'une situation pareille?
--Les demoiselles P��che sont d'honn��tes filles; j'habiterai chez elles, et d'ailleurs je saurai me prot��ger moi-m��me.
--Et te payera-t-on suffisamment pour te faire vivre?
--On me donnera, pour commencer, le logement et la table, r��pondit Gertrude en rougissant; jusqu'�� ce que je gagne davantage, je vous prierai de m'envoyer une partie de la rente de six cents francs qui me vient de ma m��re.
--Et si nous refusons?... Car tu oublies que Gaspard est ton tuteur.
--Alors, r��pliqua-t-elle d'un ton ferme, je m'adresserai �� mon oncle Renaudin, qui est mon subrog��-tuteur et qui me fera ��manciper.
Gaspard se mit �� rire bruyamment.
--Eh! s'��cria-t-il, laissez-la donc aller, ma m��re!... Le village n'est pas fait pour de pareilles duchesses. Il leur faut la ville pour ��taler leurs graces et faire l'admiration des marjolets qui flanent le dimanche sur les promenades!... Toutes ces mijaur��es-l�� s'imaginent qu'�� la ville on trouve encore des rois qui ��pousent des berg��res, et voici Reine qui grille d'envie, elle aussi, de tr?ner derri��re un comptoir!
Reine se redressa comme une gu��pe en col��re et lan?a �� son fr��re un regard furibond.
--Reine est trop bien n��e pour songer �� devenir une fille de boutique, dit la veuve; elle n'oubliera jamais qu'elle est une Maupri��....
A ces mots Gertrude sentit le rouge lui monter au front. Elle fit quelques pas vers sa tante; ses yeux ��tincelaient et ses narines fr��missaient.
--Madame, s'��cria-t-elle d'une voix vibrante, c'est vous qui oubliez ��trangement l'histoire de notre famille.... Vous parlez des Maupri��! Lorsque mes anc��tres vinrent en Argonne, ils ��taient pauvres et ne crurent pas d��roger en soufflant le verre.... J'entends agir comme eux et ne pense pas d��choir!...
Il y eut de nouveau un grand silence dans la salle. Gaspard regardait sa cousine d'un air ��baubi, et lorsqu'on se mit �� table, Xavier serra fortement la main de Gertrude. Le souper fut maussade; Gertrude ne mangeait pas, Xavier ��tait pensif et les autres ne disaient mot.
Lorsqu'on eut fini, madame de Maupri�� retint l��g��rement par le bras sa ni��ce qui se disposait �� se retirer.
--Quand comptez-vous nous quitter? lui demanda-t-elle.
--Je dois ��tre au magasin le 1er mars, r��pondit la jeune fille, et je voudrais partir au moins la veille.
--Nous avons encore quatre jours jusqu'�� la fin du mois, reprit froidement la veuve, je pense que vous les emploierez �� r��fl��chir.... Bonsoir, ma ni��ce.
Elle s'appr��tait �� lui tendre machinalement son front comme chaque soir, mais Gertrude se borna �� la saluer et sortit sans ajouter une
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