Germaine | Page 6

Edmond About
rue Bonaparte, aupr��s de l'��cole des Beaux-Arts. Elle trouva la maison ferm��e: n'��tait-ce pas jour de f��te? L'id��e lui vint que le commissionnaire de la rue de Cond�� aurait peut-��tre ouvert sa boutique. Elle remonta le faubourg jusqu'�� la rue de Cond��: porte close. Alors elle ne sut plus o�� s'adresser, car les ��tablissements de ce genre ne sont pas communs au faubourg Saint-Germain. Cependant, comme il ne fallait pas que le duc commen?at l'ann��e par le je?ne, elle entra chez un petit bijoutier du carrefour de l'Od��on, et elle vendit sa bague pour onze francs. Le marchand promit de la garder trois mois �� sa disposition, dans le cas o�� elle voudrait la racheter.
Elle noua l'argent dans un coin de son mouchoir de poche, et marcha sans s'arr��ter jusqu'�� la rue des Lombards. Elle entra chez un droguiste, acheta un flacon d'huile de foie de morue pour Germaine, traversa la halle, choisit une langouste et un perdreau, et revint, crott��e jusqu'aux genoux, �� l'h?tel de Sangli��. Il lui restait quarante centimes.
L'appartement qu'elle occupait alors est une construction l��g��re, ajout��e il y a quelque trente ans aux communs de l'h?tel. Les quatre pi��ces qui le composent sont s��par��es par des cloisons de bois. L'antichambre s'ouvre d'un c?t�� sur le salon, de l'autre sur un long couloir qui m��ne �� la chambre du duc. On passe du salon �� la chambre de la duchesse, et de l�� dans la salle �� manger, qui termine l'enfilade et relie la chambre de la duchesse �� celle de son mari.
Mme de La Tour d'Embleuse trouva dans l'antichambre son unique servante, la vieille S��miramis, qui pleurait silencieusement sur une feuille de papier.
?Qu'est-ce que tu tiens l��? lui dit-elle.
--Madame, c'est tout ce que le boulanger a apport��. Nous n'aurons plus de pain si nous ne donnons pas d'argent.?
La duchesse prit le m��moire; il se montait �� plus de six cents francs: ?Ne pleure pas, dit-elle. Voici un peu de monnaie; va chez le boulanger de la rue du Bac: tu prendras un petit pain viennois pour monsieur, et pour nous du pain �� la livre. Emporte ceci dans ta cuisine, c'est le d��jeuner de monsieur. Germaine est-elle ��veill��e?
--Oui, madame; le m��decin l'a vue �� dix heures. Il est encore dans la chambre de M. le duc.?
S��miramis sortit, et Mme de La Tour d'Embleuse se dirigea vers la chambre de son mari. Comme elle ouvrait la porte, elle entendit la voix du duc, claire, joyeuse et brillante comme une fus��e:
?Cinquante mille francs de rente! disait le vieillard. Je savais bien que la veine me reviendrait!?

II
LA DEMANDE EN MARIAGE
Le docteur Charles Le Bris est un des hommes les plus aim��s de Paris. La grande ville a ses enfants gat��s dans tous les arts; je n'en sais pas un qu'elle choie avec plus de tendresse. Il est n�� dans une m��chante petite ville de Champagne, mais il a fait ses ��tudes au coll��ge Henri IV. Un sien parent, qui exerce la m��decine au pays, l'a destin�� de bonne heure �� la m��decine. Le jeune homme a suivi les cours, fr��quent�� les h?pitaux, concouru pour l'internat, pratiqu�� sous l'oeil des ma?tres, enlev�� tous ses dipl?mes et gagn�� certaines m��dailles qui font l'ornement de son cabinet. Sa seule ambition ��tait de succ��der �� son oncle et de finir les malades que le bonhomme avait commenc��s. Mais lorsqu'on le vit appara?tre, arm�� de ses succ��s et docteur jusqu'aux dents, les officiers de sant�� du lieu, et son oncle qui n'��tait pas autre chose, lui demand��rent pourquoi il ne s'��tait pas fix�� �� Paris. Il joignait au talent des formes si s��duisantes, et son grand paletot lui allait si bien, qu'on devina du premier jour que tous les malades seraient pour lui. Le parent v��n��rable se trouva beaucoup trop jeune pour songer �� la retraite, et la rivalit�� de son neveu lui rendit des jambes qu'il n'avait plus. Bref, le pauvre gar?on fut si mal re?u, et l'on mit tant de batons dans ses roues, que, de d��sespoir, il revint �� Paris. Ses anciens ma?tres l'avaient jug��: on lui fit une client��le. Les grands hommes ont le moyen de n'��tre pas jaloux. Grace �� leur g��n��rosit��, la r��putation du docteur Le Bris s'est faite en cinq ou six ann��es. On l'aime ici comme savant, l�� comme danseur, et partout comme un charmant homme de bien. Il ignore les premiers ��l��ments du charlatanisme, parle fort peu de ses succ��s, et abandonne �� ses malades le soin de dire qu'il les a gu��ris. Son appartement n'est pas un temple. Il loge au quatri��me ��tage, dans un quartier perdu. Est-ce modestie? est-ce coquetterie? On ne sait. Les pauvres gens de son quartier ne se plaignent pas d'un tel voisinage: il les soigne avec tant d'application qu'il oublie quelquefois sa bourse au chevet de leur lit.
M. Le
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