Gaspard de la nuit | Page 9

Louis Bertrand
grand paillasse des Funambules, qui le regardait avec une expression ind��finissable de malice et de bonhomie.
TH��OPHILE GAUTIER.--Onuphrius.
Au clair de la lune Mon ami Pierrot Pr��te-moi une plume Que j'��crive un mot. Ma chandelle est morte Je n'ai plus de feu; Ouvre-moi la porte Pour l'amour de Dieu.
Chanson populaire.
Le ma?tre de chapelle eut �� peine interrog�� de l'archet la viole bourdonnante, qu'elle lui r��pondit par un gargouillement burlesque de lazzi et de roulades, comme si elle e?t eu au ventre une indigestion de com��die italienne.
* * * * *
C'��tait d'abord la du��gne Barbara qui grondait cet imb��cile de Pierrot d'avoir, le maladroit, laiss�� tomber la bo?te �� perruque de M. Cassandre et r��pandu toute la poudre sur le plancher.
Et M. Cassandre de ramasser piteusement sa perruque, et Arlequin de d��tacher au vi��dase un coup de pied dans le derri��re, et Colombine d'essuyer une larme de fou rire, et Pierrot d'��largir jusqu'aux oreilles une grimace enfarin��e.
Mais bient?t, au clair de lune, Arlequin dont la chandelle ��tait morte suppliait son ami Pierrot de tirer les verrous pour la lui rallumer, si bien que le tra?tre enlevait la jeune fille avec la cassette du vieux.
* * * * *
--?Au diable Job Hans le luthier qui m'a vendu cette corde! s'��cria le ma?tre de chapelle recouchant la poudreuse viole dans son poudreux ��tui.?--La corde s'��tait cass��e.

VIII
L'ALCHIMISTE.
Notre art s'apprent en deux mani��res, c'est �� savoir par enseignement d'un ma?tre, bouche �� bouche, et non autrement, ou par inspiration et r��v��lation divines; ou bien par les livres lesquelz sont moult obscurs et embrouill��z; et pour en iceux trouver accordance et v��rit�� moult convient estre subtil, patient, studieux et vigilant.
_La clef des secrets de philosophie de Pierre Vicot._
Rien encore!--Et vainement ai-je feuillet�� pendant trois jours et trois nuits, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres herm��tiques de Raymond Lulle.
Non, rien, si ce n'est, avec le sifflement de la cornue ��tincelante, les rires moqueurs d'un salamandre qui se fait un jeu de troubler mes m��ditations.
Tant?t il attache un p��tard �� un poil de ma barbe, tant?t il me d��coche de son arbal��te un trait de feu dans mon manteau.
Ou bien fourbit-il son armure, c'est alors la cendre du fourneau qui souffle sur les pages de mon formulaire et sur l'encre de mon ��critoire.
Et la cornue toujours plus ��tincelante siffle le m��me air que le diable, quand saint ��loi lui tenaille le nez dans sa forge.
Mais rien encore!--Et pendant trois autres jours et trois autres nuits je feuilleterai, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres herm��tiques de Raymond Lulle!

IX
D��PART POUR LE SABBAT.
Elle se leva la nuit, et allumant la chandelle prit une bo?te et s'oignit, puis avec quelques paroles elle fut transport��e au sabbat.
JEAN BODIN.--_De la D��monomanie des Sorciers._
Ils ��taient l�� une douzaine qui mangeaient la soupe �� la bi��re, et chacun d'eux avait pour cuiller l'os de l'avant-bras d'un mort.
La chemin��e ��tait rouge de braise, les chandelles champignonnaient dans la fum��e, et les assiettes exhalaient une odeur de fosse au printemps.
Et lorsque Maribas riait ou pleurait, on entendait comme geindre un archet sur les trois cordes d'un violon d��mantibul��.
Cependant le soudard ��tala diaboliquement sur la table, �� la lueur du suif, un grimoire o�� vint s'��battre une mouche grill��e.
Cette mouche bourdonnait encore lorsque, de son ventre ��norme et velu, une araign��e escalada les bords du magique volume.
Mais d��j�� sorciers et sorci��res s'��taient envol��s par la chemin��e �� califourchon, qui sur un balai, qui sur les pincettes, et Maribas sur la queue de la po��le.
Ici finit le premier Livre des Fantaisies De Gaspard De la Nuit
NOTES:
[1] Balcon de pierre.
[2] Instrument de musique.
* * * * *
Ici commence le deuxi��me Livre des Fantaisies De Gaspard De la Nuit
* * * * *
LE VIEUX PARIS
I
LES DEUX JUIFS.
Vieux ��poux Vieux jaloux, Tirez tous Les verrous.
Vieille chanson.
Deux juifs, qui s'��taient arr��t��s sous ma fen��tre, comptaient myst��rieusement au bout de leurs doigts les heures trop lentes de la nuit.
--?Avez-vous de l'argent, Rabbi? demanda le plus jeune au plus vieux.--Cette bourse, r��pondit l'autre, n'est point un grelot.?
* * * * *
Mais alors une troupe de gens se rua avec vacarme des bouges du voisinage; et des cris ��clat��rent sur mes vitraux comme les drag��es d'une sarbacane.
C'��taient des turlupins qui couraient joyeusement vers la place du March��, d'o�� le vent chassait des ��tincelles de paille et une odeur de roussi.
--?Oh��! Oh��! Lanturelu!--Ma r��v��rence �� Madame la lune!--Par ici, la cagoule du diable! Deux juifs dehors pendant le couvre-feu!--Assomme! assomme! aux juifs le jour, aux truands la nuit!
* * * * *
Et les cloches f��l��es carillonnaient l��-haut dans les tours de Saint-Eustache le gothique:--?Dindon, dindon, dormez-donc, dindon!?

A M. Louis Boulanger, peintre.
II
LES GUEUX DE NUIT.
J'endure Froidure Bien dure.
La chanson du pauvre diable.
--?Oh��! rangez-vous qu'on se chauffe!--Il ne te manque plus que d'enfourcher le foyer! Ce dr?le a les jambes comme des pincettes.
--Une heure!--Il bise dru!--Savez-vous, mes chats-huants,
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