Gabriel | Page 7

George Sand
fortifier contre le d��sespoir...
_(Il ��coute.)_
Le prince parle avec v��h��mence... Il vient par ici... Affronterai-je sa col��re?... Oui, pour en pr��server Gabriel... Faites, ? Dieu, qu'elle retombe sur moi seul... L'orage semble se calmer; c'est maintenant Gabriel qui parle avec assurance... Gabriel! ��trange et malheureuse cr��ature, unique sur la terre!... mon ouvrage, c'est-��-dire mon orgueil et mon remords!... mon supplice aussi! O Dieu! vous seul savez quels tourments j'endure depuis deux ans... Vieillard insens��! toi qui n'as jamais senti battre ton coeur que pour la vile chim��re de la fausse gloire, tu n'as pas soup?onn�� ce que je pouvais souffrir, moi! Dieu, vous m'avez donn�� une grande force, je vous remercie de ce que mon ��preuve est finie. Me punirez-vous pour l'avoir accept��e? Non! car �� ma place un autre peut-��tre en e?t odieusement abus��... et j'ai du moins pr��serv�� tant que je l'ai pu l'��tre que je ne pouvais pas sauver.
SC��NE V.
LE PRINCE, GABRIEL, LE PR��CEPTEUR.
GABRIEL, _avec exasp��ration_.
Laissez-moi, j'en ai assez entendu; pas un mot de plus, ou j'attente �� ma vie. Oui, c'est le chatiment que je devrais vous infliger pour ruiner les folles esp��rances de votre haine insatiable et de votre orgueil insens��.
LE PR��CEPTEUR.
Mon cher enfant, au nom du ciel, mod��rez-vous... Songez �� qui vous parlez.
GABRIEL.
Je parle �� celui dont je suis �� jamais l'esclave et la victime! O honte! honte et mal��diction sur le jour o�� je suis n��!
LE PRINCE.
La concupiscence parle-t-elle d��j�� tellement �� vos sens que l'id��e d'une ��ternelle chastet�� vous exasp��re �� ce point?
GABRIEL.
Tais-toi, vieillard! Tes l��vres vont se dess��cher si tu prononces des mots dont tu ne comprends pas le sens auguste et sacr��. Ne m'attribue pas des pens��es qui n'ont jamais souill�� mon ame. Tu m'as bien assez outrag�� en me rendant, au sortir du sein maternel, l'instrument de la haine, le complice de l'imposture et de la fraude. Fautil que je vive sous le poids d'un mensonge ��ternel, d'un vol que les lois puniraient avec la derni��re ignominie!
LE PR��CEPTEUR.
Gabriel! Gabriel! vous parlez �� votre a?eul!...
LE PRINCE.
Laissez-le exprimer sa douleur et donner un libre cours �� son exaltation. C'est un v��ritable acc��s de d��mence dont je n'ai pas �� m'occuper. Je ne vous dis plus qu'un mot, Gabriel: entre le sort brillant d'un prince et l'��ternelle captivit�� du clo?tre, choisissez! Vous ��tes encore libre. Vous pouvez faire triompher mes ennemis, avilir le nom que vous portez, souiller la m��moire de ceux qui vous ont donn�� le jour, d��shonorer mes cheveux blancs... Si telle est votre r��solution, songez que l'infamie et la mis��re retomberont sur vous le premier, et voyez si la satisfaction des plus grossiers instincts peut compenser l'horreur d'une telle chute.
GABRIEL.
Assez, assez, vous dis-je! Les motifs que vous attribuez �� ma douleur sont dignes de votre imagination, mais non de la mienne...
_(Il s'assied et cache sa t��te dans ses mains.)_
LE PR��CEPTEUR, bas au prince.
Monseigneur, il faudrait en effet le laisser �� lui-m��me quelques instants; il ne se conna?t plus.
LE PRINCE, _de m��me_.
Vous avez raison. Venez avec moi, monsieur l'abb��.
LE PR��CEPTEUR, bas.
Votre altesse est fort irrit��e contre moi?
LE PRINCE, _de m��me_.
Au contraire. Vous avez atteint le but mieux que je ne l'aurais fait moi-m��me. Ce caract��re m'offre plus de garantie de discr��tion que je n'eusse os�� l'esp��rer.
LE PR��CEPTEUR, _�� part_.
Coeur de pierre!
_(Ils sortent.)_
SC��NE VI.
GABRIEL, seul.
Le voil�� donc, cet horrible secret que j'avais devin��! Ils ont enfin os�� me le r��v��ler en face! Impudent vieillard! Comment n'es-tu pas rentr�� sous terre, quand tu m'as vu, pour te punir et te confondre, affecter tant d'ignorance et d'��tonnement! Les insens��s! comment pouvaient-ils croire que j'��tais encore la dupe de leur insolent artifice? Admirable ruse, en effet! M'inspirer l'horreur de ma condition, afin de me fouler aux pieds ensuite, et de me dire: Voil�� pourtant ce que vous ��tes... voil�� o�� nous allons vous rel��guer si vous n'acceptez pas la complicit�� de notre crime! Et l'abb��! l'abb�� lui-m��me que je croyais si honn��te et si simple, il le savait! Marc le sait peut-��tre aussi! Combien d'autres peuvent le savoir? Je n'oserai plus lever les yeux, sur personne. Ah! quelquefois encore je voulais en douter. O mon r��ve! mon r��ve de cette nuit, mes ailes!... ma cha?ne!
_(Il pleure am��rement. S'essuyant les yeux.)_
Mais le fourbe s'est pris dans son propre pi��ge, il m'a livr�� enfin le point le plus sensible de sa haine. Je vous punirai, ? imposteurs! je vous ferai partager mes souffrances; je vous ferai conna?tre l'inqui��tude, et l'insomnie, et la peur de la honte... Je suspendrai le chatiment �� un cheveu, et je le ferai planer sur ta t��te blanche, �� vieux Jules! jusqu'�� ton dernier soupir. Tu m'avais soigneusement cach�� l'existence de ce jeune homme! ce sera l�� ma consolation, la r��paration de l'iniquit�� �� laquelle on m'associe! Pauvre parent! pauvre victime, toi aussi! Errant, vagabond, cribl�� de dettes, plong�� dans la d��bauche, disent-ils,
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