Formules pour lesprit | Page 4

Florentin Smarandache

ne le terrasserais-je au sol!
Les gouttes tombent sur l'asphalte
telles des grenades
il pleut à plus
infini.
DE L'ÉTENDARD FLOTTE LA MÉTAPHORE
L'automne peint sans éclat
le cri des fleurs
endormies.
Sur les vieilles collines
rumeur de bétail
aux pis souples
en
ondes-de-raisins.
Semblable à un arc-en-ciel
de l'étendard flotte
la métaphore.
ICÔNE

Les beaux
seins me piquent
comme deux petites cornes d'agneau.

Tes jeunes années
m'étreignent.
Sur les épaules
la chevelure
mouillée dans la nuit
glisse en longs murmures.
Tes lèvres, de verre,

cinglent mes joues,
et ton coeur
dissout mon être
comme les
vagues dispersant
les sables sur le rivage.
Ô si loin
est l'azur de
tes yeux
que la symphonie de l'amour
a seulement une ouverture.
LA BELLE SE LAMENTE TELLE UN POMMIER
"Objet égoïste
le miroir --
toi seule te révèle
solitude!"
(Et la belle se lamente, se lamente
telle un pommier
devant son
miroir
comme en face de sa propre conscience --
et quelque part, au loin,
on entend chuter
les vaines illusions).
VOUS ME SURPRENDREZ MENDIANT UN UNIVERS
Pleurent les heures entre les années,
heures demeurées
blanches
statues
dans la lave sombre
du temps.
L'horizon (rempli-de-honte)
se courbe devant moi,
à travers les bois
le vent
en corde pend.
Là, au bord
de l'espace,
vous me surprendrez mendiant
un
Univers.
LA VIE, LA PAUVRE, PERD SON TEMPS
Les nuages pendent
comme des lustres immondes.
Il pleut si longuement que croissent mousses et lichens
juste sur le
coeur.
La vie, la pauvre,

vois comme elle perd son temps.

L'aquilon
par d'insolents ondoiements
me donne des gifles légères

sur le visage.
Il pleut si longuement que croissent mousses et
lichens
juste sur le coeur,
et la vie, la pauvre,
vois comme elle

perd son temps!
L'INTÉRIEUR MEUBLÉ D'UNE POÉSIE
Poèmes galants
cravate au cou
étalés sur la scène.
Les danseurs
passent bras dessus, bras dessous,
avec quelque mélodie.
Un papillon
sur chaque parole.
Et dans l'intérieur meublé
d'une
poésie
le poète tient encore
entre ses dents
le verbe ultime.
LES PAYSANS DÉFILAIENT ...
Les paysans défilaient
salis par la suie de la nuit
dans le lourd char
grinçant
du Temps,
attelant les boeufs à l'essieu du monde.
Visages ciselés dans la tristesse de pierre
au sommeil étendu entre les
gênes
et les rêves brisés dans la tête,
ils passaient comme de
longues cataractes
qui tombent sans trêve
et ne rencontrent plus la
terre.
Ils passaient dans les sabots souillés
de la pauvreté,
sur les
chemins cariés de boue,
à l'ombre des peupliers qui avaient bu le ciel,

sous la fournaise qui avait signé en noir
sur leurs lèvres rassasiées
de faim.
Ils passaient, leurs pantalons tachés de déprime
et leur blouse pleurée
par la sueur
laissant des glèbes dans la révolte de charrue.
Entre les blessures sacrées,
des vents réunis en conversation

déchaînaient des flûtes emplies de doïnas
Les paysans défilaient
dans le lourd char grinçant
de l'Histoire,

tirant derrière eux l'essieu du monde.
LA FOURNAISE SE RÉVÈLE TOUTE NUE
Les âges de l'eau
mis en cercles
vers l'infini....
L'accordéon
de la
mer
respire exténué.
Sur un coussin d'air

un albatros.

La fournaise se révèle
toute nue.
Dans les parcs en attente
des
bancs.
Torpide sous la coupole céleste
le soleil a gelé.
Et regarde fixement.
La fournaise se révèle --
nue.
SOUS SES AILES L'AIGLE IMPÉRIAL ÉTREINT LA NUE
Dans l'air ludique
une noce évanescente
de hérons.
Le zéphyr nous emporte doucement
sur des cornes acérées.
Un cerf
0. se mourant de jeunesse -- agite son enfance entre les herbes légères.
Sous ses ailes l'aigle impérial
étreint la nue --
plumage déployé.
ATTEINS DE TON FRONT LE CHANT DU ROSSIGNOL
"De son fourreau, poète, tire
ton propos
pour atteindre de ton front

le chant du rossignol!"
Et nous raccommoderons
les heures
entre elles
d'un fil blanc
de
lumière.
DÉBUT
Le vent timide qui souffle léger
le doux tourment du début

assassine mes paroles
avant de les écrire.
Entre les saules barbus,
parmi les chimères ensanglantées
s'accroît
le pouls de l'herbe,
se rassemblent les heures affamées.
Comme l'eau aux sources soupire
de tristesse à la naissance,
comme
les rejets fendent l'écorce
par passion de la croissance,
ce début
pèse lourdement
sur ma tempe:
Il me caresse, il me blesse.

Ai-je surgi au couchant?
AU-DELÀ DU PROPOS
Nous respirons quotidiennement / l'air chargé de vers / remplis
d'épithètes / comme les arbres à fruits, / avec des éclats métalliques /
telle une femme violemment fardée sur les lèvres; / nous franchissons
les marches bondissantes / des mots syncopés, / et les symboles nous
ouvrent / la porte d'un tunnel souterrain. / Vers herbeux, / grandis / dans
le duvet ouaté / d'un songe, / déposés par le fleuve courant / d'un style /
en chaudes alluvions.
Dévorés par la Nature, incendiés par l'Amour, leur montée--descente
dans la réalité nous l'étayons sur les charpentes solides des métaphores.
Caressants comme le souffle léger d'un vent / aussi élevés que le rêve, /
au corps / vert comme la vie, / aux yeux / bleus comme l'espérance / et
noirs comme la tristesse, / à l'écriture / aussi douce que l'amour / et
amère comme la souffrance / que ces Poèmes / portent la belle pensée /
plus pure que la santé!
FORMULES POUR L'ESPRIT
"ETAT-DE-MOI", chronique par Ion Pachia Tatomirescu 3
Avant le propos
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