�� la m��me table et couchant en commun; enfin ils n'avaient sous aucun pr��texte le droit de s'absenter.
La premi��re pr��occupation de la R��publique devait ��tre de trouver un rem��de aux dissensions de la noblesse devenues intol��rables. Le gouvernement promulgua, �� cet effet, une sorte de charte par laquelle il proscrivait les familles nobles les plus irr��ductibles et soumettait les autres aux p��nalit��s les plus rigoureuses. Mais, devant l'inefficacit�� de la loi et l'impossibilit�� de l'appliquer, il fallut chercher un moyen ��nergique pour maintenir l'ordre dans la cit��, et on se r��solut �� investir un magistrat d'une autorit�� redoutable: ce fut la cr��ation du Gonfalonat, destin�� �� devenir par la suite la premi��re charge de la R��publique.
Le Gonfalonier, ��lu par les anciens prieurs, avait droit de justice sur tous les citoyens indistinctement et pouvait exercer ses poursuites de jour et de nuit, �� toute heure et en tout lieu. Au d��but, il vivait avec les prieurs; mais l'importance de sa charge ��tait telle que, peu d'ann��es apr��s son institution, il avait un train luxueux et consid��rable.
A cette ��poque se place l'arbitrage de Florence appel��e par Pistoie �� se prononcer entre les deux partis qui, sous la d��nomination des Blancs et des Noirs, d��chiraient et ensanglantaient la malheureuse ville. Mais Florence, en r��tablissant l'ordre dans Pistoie d��cim��e par la plus effroyable guerre intestine, prit elle-m��me le mal qu'elle venait gu��rir et bient?t les Blancs et les Noirs rempla?aient les Guelfes et les Gibelins et la livraient �� toutes les horreurs des guerres civiles.
Les Blancs, c'est-��-dire les Gibelins, ��tant au pouvoir, les manoeuvres des exil��s guelfes, conspirant sous la conduite du pape Boniface VIII et de leur chef Corso Donati, ouvraient Florence �� Charles de Valois, troisi��me fils de Philippe le Hardi, d��cor�� pour la circonstance des titres de vicaire g��n��ral de l'��glise et de d��fenseur de l'Italie.
Le jour de la Toussaint 1301, Charles faisait son entr��e triomphale dans la ville o�� son premier acte fut naturellement un parjure, car apr��s avoir jur�� de respecter les biens et les propri��t��s, il ouvrait les portes �� Corso Donati et aux Noirs triomphants, et livrait au massacre, au pillage et �� la plus affreuse proscription ceux qui avaient eu foi en ses serments.
C'est vers 1300, au milieu de luttes d��solantes, qu'appara?t pour la premi��re fois le nom de Dante Alighieri, membre de l'art des apothicaires et l'un des prieurs. Par ses ascendants, le Dante ��tait guelfe, car un de ses anc��tres avait figur�� avec honneur �� la sanglante d��faite de Montaperto, comme garde du corps du fameux ?Caroccio?, le palladium de Florence, et cet ��v��nement avait jet�� les Alighieri dans l'exil.
L'��ducation de Dante fut des plus soign��es: Brunetto Latini lui enseigna les lettres latines; adolescent, il ��tudia la philosophie �� Florence; homme fait, la th��ologie �� Paris. Il rentra ensuite dans sa patrie o�� l'attendait la guerre civile.
Dante exer?a les premi��res charges de la R��publique, il fut nomm�� quatorze fois ambassadeur et mena �� bien les n��gociations les plus difficiles; bien qu'il fut guelfe, le Pape n'eut pas �� Florence de plus acharn�� adversaire contre ses demandes d'hommes et d'argent. Son opposition alla m��me si loin que Boniface VIII, irrit��, frappa Florence d'interdit.
Par un de ces retours trop communs dans l'histoire des gouvernements populaires, Dante, alors en ambassade �� Rome, fut accus�� de concussion et condamn�� �� une amende consid��rable, faute du paiement de laquelle ?seraient prononc��es la d��vastation et la confiscation de ses biens, jointes �� l'exil ��ternel?. Comme Dante ne voulut pas reconna?tre le crime dont on l'accusait injustement, il abandonna sa patrie, sa fortune, ses amis, ses emplois; et ses biens furent vendus au profit de l'��tat, tandis qu'on passait la charrue et qu'on semait le sel sur le terrain o�� s'��tait ��lev��e sa maison. Comme si ces mesures iniques ne suffisaient pas encore, on le condamna �� mort par contumace et on le br?la en effigie �� la place m��me o��, deux si��cles plus tard, on devait br?ler Savonarole!
Guelfe de naissance, devenu gibelin par haine, Dante allait errer dix-neuf ans loin de sa patrie. Le d��dain et la soif de la vengeance firent de lui le po��te sublime de la Divine Com��die, celui qui, nouvel Hom��re, devait peupler l'enfer de ses haines et le paradis de ses amours.
Il avait ��crit l'Enfer �� V��rone, il composa le Purgatoire �� Gagagnano et acheva l'oeuvre au chateau de Tolmino dans le Frioul. Il se rendit ensuite �� Ravenne o�� il devait mourir, et c'est dans cette ville qu'il publia son po��me tout entier, dont l'Italie fut r��volutionn��e �� tel point qu'on se demanda si c'��tait un vivant qui avait ��t�� capable de raconter de pareilles choses.
C'est de cette ann��e 1302 qui voyait Charles de Valois et les Noirs ma?tres de Florence, que date l'exil de l'homme destin�� �� flageller si impitoyablement une patrie injuste
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