cuisinière, vous pouvez leur
dire adieu à vos montres!
Le malheureux horloger, comprenant un peu tard qu'il a été filouté,
s'arrache les cheveux de désespoir, jure par tous ses ancêtres que jamais
plus de sa vie, il ne confiera de montres à personne.
Il s'en va de ce pas faire sa déclaration à la police. La police s'est mise à
la recherche de la petite voleuse.
La retrouvera-t-elle? «Chi lo sà!»
La Vengeance du Lièvre
Il était une fois un vieux et une vieille. Le vieux se nommait Gombéiji,
et la vieille Tora. C'étaient de bien braves gens. Ils vivaient dans une
intimité parfaite, et savaient se contenter de peu. Toute leur fortune
consistait en une misérable cabane, couverte de chaume, bâtie sur le
flanc de la montagne, et en un petit champ de melons et d'aubergines,
qu'ils cultivaient avec amour.
Or, à quelques pas de leur demeure, vivait aussi, dans un terrier profond,
un blaireau d'un certain âge. Cet animal malfaisant passait toutes ses
nuits à ravager tant qu'il pouvait le champ de ses voisins. Un jour
Gombéiji, à bout de patience, finit par tendre un piège, dans lequel le
blaireau se laissa prendre. Tout heureux d'avoir enfin capturé la
méchante bête, le bon vieux la porte en sa cabane, lui ficelle solidement
les pattes, et la suspend à un clou du plafond. Puis il dit à sa femme:
--Vieille, fais bien en sorte qu'il ne s'échappe point. Je vais au champ
réparer les dégâts qu'il y a causés la nuit dernière. A mon retour, nous
le mettrons à la marmite. Ce doit être très bon, la viande de blaireau!
Là-dessus, il prend ses instruments, et va au travail, confiant l'animal à
la garde de Tora.
La position du blaireau n'était pas intéressante, et la perspective d'être
mangé le soir ne lui souriait pas du tout. Il réfléchit longtemps au
moyen de sortir d'une situation aussi peu agréable. Les blaireaux ont
bien des ruses dans leur sac! Il choisit celle qui, vu les circonstances
présentes, lui sembla la meilleure.
La bonne vieille est en train de piler du riz:
--Pauvre femme! lui dit-il d'une voix compatissante, je souffre de te
voir travailler de la sorte, à ton âge. Cela doit te fatiguer beaucoup.
Veux-tu me permettre de t'aider? Passe-moi le pilon. Je ferai la besogne
à ta place; pendant ce temps, tu te reposeras.
--Que me chantes-tu là? répond la vieille en le regardant. Ah! oui, je
vois bien ce que tu désires. Tu veux que je te détache. Puis, tu fileras,
sans me dire au revoir. Pas de ça, mon ami! Que dirait mon mari, en
rentrant, s'il ne te trouvait plus là? Non, non, reste où tu es, et
laisse-moi tranquille.
Le blaireau ne se décourage pas de ce premier insuccès:
--Je comprends fort bien tes craintes, reprend-il. Tu crois que je veux
m'échapper... On voit que tu ne me connais guère... Nous autres
blaireaux, nous n'avons qu'une parole... Je suis pris; c'est malheureux
pour moi; mais ce qui est fait, est fait... Je n'ai pas le moins du monde
l'intention de me sauver... Je voulais seulement te rendre un service... Il
te serait si facile de me lier de nouveau, et de me remettre à la même
place, avant le retour de ton mari!... Il n'en aurait rien su du tout... Mais,
puisque tu n'y consens pas, c'est bon. N'en parlons plus... Pile ton riz...
Après tout, peu m'importe!
Tora n'était pas méchante, et ne soupçonnait point le mal chez les
autres. Elle se dit qu'en définitive, cet animal pouvait être sincère, et
que ce serait bien heureux, s'il consentait à piler le riz à sa place. Après
quelques hésitations:
--Me promets-tu de ne pas te sauver, si je te détache? demande-t-elle.
--Foi de blaireau, je te le jure! répond le perfide animal.
La trop confiante femme détache le blaireau et lui passe le pilon. La
bête le saisit et, avant même que la pauvre vieille ait eu le temps de
pousser un cri, il lui en assène sur le crâne un coup d'une telle violence,
qu'elle tombe raide morte sur le plancher de la cuisine.
Le blaireau ne perd pas de temps. Il prend un coutelas, découpe en
morceaux le cadavre encore chaud de sa victime, empile ces morceaux
dans la marmite qui lui était réservée à lui-même, et se met à la faire
bouillir. Puis, il se métamorphose. Car chacun sait que le blaireau
possède l'intéressante faculté de se métamorphoser quand il lui plaît.
Il prend donc l'apparence de la vieille Tora, se revêt de ses habits,
s'assied sur la natte, et tout en attisant le feu, attend le retour du mari.
Gombéiji est bien loin de se douter de ce qui s'est passé pendant son
absence. Il quitte son champ à la tombée de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.